Couverture française
GROS - LE | LE GROS | 2013
Date de parution (France)
Pages

150

Couleur ?
Non
Langue

Français

Gros - le

Le gros

François est un adolescent de quinze ans vivant dans le Nord de la France et complexé par ses cent-trois kilos. Son quotidien, c’est : moqueries de ses pairs, une mère alcoolique, une grande sœur incroyablement belle mais hyper vexante à son égard et surtout, les coups d’un beau-père violent. Alors, « le gros », tel que tout le monde le surnomme, mange, afin d’oublier sa morne vie, il avale tout ce qui passe à portée de sa bouche, afin de combler ce trou béant à l’intérieur de son être. Mais est-ce que sa boulimie sera un jour rassasiée ?

L'AVIS :

Rédacteur en chef de Médusa Fanzine, animateur radio (sur Médusa Fanzine, comme c’est étonnant !), Didier Lefèvre est aussi chanteur pour le groupe de punk rock « Dead Rats », dont il signe la majorité des textes. Cinéphile infatigable et amateur inconditionnel de cinéma Bis, il ne répugne d’ailleurs pas à prêter sa plume à des publications sympathisantes (dont « Darkness Fanzine », « Vidéotopsie », « Le Charognard », « Relik(s) », etc.) et franchit le pas, fin 2013, avec la sortie de son premier roman, Le Gros. Au vu de son passif, on aurait pu s’attendre de la part de l’ami Didier à une histoire d’horreur pure, mais que nenni ! Le Gros s’apparenterait plutôt à une chronique sociale sombre, un miroir qui tel l’émission « Striptease » en son temps, serait le reflet de ce qu’il y a de plus sordide et peu flatteur au nord de la France, donc pas très loin de chez nous, ce qui avouons-le, fait encore plus froid dans le dos !

François, tout comme Didier Lefèvre avec les films de genre, est un boulimique. Mais lui, c’est de nourriture dont il se repait la panse, afin de fuir une vie de misère peu enviable. Comme le protagoniste principal du récent « En finir avec Eddy Bellegueule » de Edouard Louis, roman noir paru en 2014 qui dépeint le quotidien d’un jeune homme habitant en Picardie et qui, à cause de ses manières efféminées, subit violences et humiliations de la part des gens de son village et de sa propre famille, François est rejeté par tout son entourage, excepté par un certain Didier (pur hasard ?), l’épicier du coin. En cela, les deux romans se rejoignent mais ils s’éloignent en revanche sur deux aspects. Le premier est la fin : dans l’un, les ultimes instants sont nihilistes au possible, dans l’autre une porte de sortie semble être entrouverte pour notre personnage principal. Mais, on ne vous dira pas, afin de ménager le suspense, quelle conclusion finit telle ou telle œuvre. Le deuxième point qui diffère, c’est le style. Si pour Edouard Louis, la démarche est sociologique et autobiographique, car il dénonce la violence par l’écriture, la plume de Didier Lefèvre est, quant à elle, très tranchante avec des expressions bien à lui (cf. par exemple « Ses joues sont plus rouges qu’un homard au sortir d’un bain-marie… »), mais surtout, et ça c’est pour notre plus grand plaisir, très visuelle, voire cinématographique. D’ailleurs, l’auteur a confié à ce sujet que Le Gros était en fait le synopsis d’un épisode d’une série française à la "Twin Peaks" qui n’a jamais vu le jour. Dans le but de ne pas dévoiler quels films sont mentionnés dans l’œuvre de Didier Lefèvre afin que les lecteurs en aient la primeur, sachez que toutes les citations sont nécessaires et nous font naviguer dans un cauchemar trop réaliste pour être vrai, mais pourtant bien là et pas si éloigné de nous comme de vous !

Ainsi, entre légendes urbaines et échappées cinéphiliques, l’auteur nous plonge magistralement dans l’intimité d’un adolescent mal dans sa peau et ostracisé jusqu’à la suffocation. En résumé, c’est un livre que je vous conseille d’acheter pour une plongée en enfer sur Terre et vivement le prochain roman intitulé « Méchant ordinaire » que j’achèterai les yeux fermés ! Mais amis déprimés, passez votre chemin, car c’est le suicide assuré !

Note
4
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Vincent Duménil