All the creatures were stirring

All the creatures were stirring

Jenna et Max se rencontrent pour un rendez-vous galant la veille de Noël car a priori aucun des deux n'avait rien de mieux à faire. Ils se rendent donc en ville voir « All the creatures were stirring » dans un petit théâtre où les employés et les clients sont assez étranges, comme la caissière qui fait aussi office d’ouvreuse et semble sans cesse dérangée dès qu’on lui demande quelque chose ou bien encore le spectateur qui fixe Jenna de manière un peu trop insistante tout en changeant fréquemment de place. Tout cela serait encore supportable si en plus Max ne prenait pas un peu trop souvent des appels téléphoniques provenant soi-disant de son travail et si toutes les histoires jouées sur scène par trois acteurs n’étaient pas encore plus bizarres que ce qui se déroule dans cette salle ! Ainsi, tout comme Max et Jenna, nous assisterons à cette représentation théâtrale dont chaque segment est dévoilé par une présentatrice silencieuse exhibant des panneaux d’annonce tandis que nous, téléspectateurs, voyons la même chose mais sous la forme de courts-métrages horrifiques...

ALL THE CREATURES WERE STIRRING | ALL THE CREATURES WERE STIRRING | 2018

L'AVIS :

Vous l’aurez donc compris au vu de ce synopsis assez exhaustif, l’histoire qui nous est présentée dès le début servira de fil directeur à ce métrage omnibus et on alternera donc, entre chaque changement de sketch, à des scènes de théâtre ou à des courts-métrages censés représenter ce que les acteurs jouent sans décor mais juste à l’aide d’accessoires. Et l’on en saura donc un peu plus sur Jenna et Max, mais aussi sur la caissière mutique et le spectateur importun, notamment lors de l’entracte et du final…

Pour le moment, concentrons-nous d’abord sur « The stockings were hungs » (« Les chaussettes ont été suspendues »), le premier conte qui met en images, la veille de Noël, une petite fête de bureau entre employés lors de laquelle on échange des cadeaux choisis au hasard. Non seulement tous ces collègues désireraient presque tous être ailleurs, mais en plus les choses se gâtent quand l'un des cadeaux tue l'un d'entre eux et qu'ils reçoivent un appel téléphonique masqué leur intimant fortement de continuer à participer en ouvrant les présents ou sinon, celui qui les observe et les a enfermés va les tuer un par un…

Ce court ressemblant un peu à "The Belko experiment" à la sauce "Saw" prend donc la forme d’un huis clos sympathique où les tensions et jalousies entre collègues vont finir par prendre le dessus dès lors que leur vie sera en jeu, ce qui est d’autant plus jouissif que certains cadeaux sont piégés ou que d’autres sont des armes ! « L’enfer c’est les autres » disait Sartre et il n’avait pas tort, le bougre ! Seul le twist final un peu convenu viendra un peu gâcher l’ambiance générale, mais ce fut un début prometteur !

On enchaîne, après un court passage anodin mais obligé par la case « fil rouge », avec « Dash away all » (« Filez tous »), un autre récit racontant les mésaventures d'un homme effectuant ses achats de Noël de dernière minute, un peu comme dans le court « Christmas » de l’anthologie "Holidays". Eric (c’est son prénom) verrouille sans y prêter attention sa voiture, sauf que ses clés, son manteau et son téléphone sont à l’intérieur ! Forcément, le magasin dans lequel il a effectué ses courses est fermé mais il y a une fourgonnette étrange qui se trouve sur le parking. Eric va donc demander de l'aide au conducteur, dans l’espoir d’obtenir de l’aide. A-t-il bien fait ?

C’est pour moi le meilleur segment du film car la prudence de notre malheureux protagoniste est légitime mais crée des tensions. Eric soupçonne que quelque chose ne va pas avec cette camionnette, et nous aussi, nous le savons bien, mais l’action se déroule quand même sous nos yeux de manière satisfaisante car nous ne serons pas au bout de nos surprises ! Sans trop en dévoiler, le script est ici vraiment bien soigné et la révélation finale faisant froid dans le dos en laissera plus d’un sur son séant !

Suivra « All through the house » (« Dans toute la maison ») dans lequel Chet déteste Noël et veut fuir les repas de famille ainsi que les voisins trop envahissants. Il restera sur son canapé à visionner sa télévision diffusant un film intitulé « Chet's Soul » (sorte d’adaptation de « A Christmas Carol », un conte de Charles Dickens, dans lequel, à l'époque victorienne, comme chaque année à Noël, une famille présente un petit spectacle) et appellera sa copine Linda qui est actuellement avec ses parents. Chet, après ingestion de cocaïne, sera alors hanté par des visions et apparitions qui tenteront de lui faire changer de comportement, sinon il pourrait ne pas survivre à la nuit…

Non seulement, en plus d’être assez déplaisant physiquement, le protagoniste principal de ce court est insupportable au possible, tout comme son voisin jouant trop mal ! Qui plus est, c’est vraiment mal fichu et donne l'impression que les scénaristes étaient peut-être un peu trop ambitieux pour pas grand-chose, car finalement ce n’est vraiment pas terrible, hormis les spectres au look assez effrayant mais peu visibles à l’écran !

Notre programme est alors interrompu par un entracte (« Intermission ») durant lequel il ne se passe rien de notable qu’on ne sache déjà : Max est toujours au téléphone avec on ne sait qui et pour on ne sait quelle raison, Jenna est toujours observé par le spectateur étrange et la caissière/ouvreuse est toujours aussi avenante, mais on en apprendra tout de même un peu plus sur cette dernière…

Puis le spectacle reprend avec « Arose such a clatter » (« Tel un frémissement ») où Guy regarde des photos sexys en conduisant et percute malencontreusement un cerf qui ne meurt pas sur le coup : il va donc l’achever avec une pierre ! Quelque chose semble toutefois l'observer des bois environnants mais il regagne son foyer où Suzy (la fille des photos) lui a fait une surprise pour Noël. Peu de temps après son arrivée, ça toque à la porte…

Sans trop en dire, voilà un segment que l’association « Pour une Ethique dans le Traitement des Animaux » adorerait ! Vous l’aurez compris, même si on note ici la présence de la sulfureuse Megan Duffy (déjà vue dans "Monsterland"), tout est ici hyper prévisible : de ce qui toque à la porte et envahit la maison de Guy à ce qui va lui arriver à lui et à sa compagne. Dommage car même si c’est bien fait, quel est l’intérêt ? Meubler ?

« In a twinkling » (« En un clin d’œil »), la dernière histoire que nous visionnons commence avec Steve, semblant être dans une cabane reculée dans les bois et qui regarde la pleine lune avec un sac rempli de chaînes. Puis, sa petite amie Gabby l’appelle mais il lui dit qu'il doit passer ses vacances de Noël seul. Toutefois, celle-ci débarquera tout de même malgré son injonction de ne pas le faire avec leurs amis Mary, Michael et Jill afin de passer le réveillon ensemble. Mais qu’est-ce que Steve avait l’intention de faire ? Cette visite impromptue ne va-t-elle pas faire échouer ses plans initiaux ?

Ce court sait très bien mener sa barque car le secret caché par Steve se sentant finalement pris en otage par ses invités non désirés était loin d’être celui auquel on pouvait penser originellement, disons que les scénaristes ont semé de faux indices et nous ont bien eus ! Après, tous les acteurs n’étaient pas forcément impliqués de la même façon et la fin pourra en surprendre plus d’un, mais en même temps, c’est bien réalisé et surtout différent de ce que l’on voit d’habitude tout en cadrant bien avec l’esprit de Noël. Alors que demande le peuple ?

Je sais, une fin digne de ce nom ! Malheureusement, après ce dernier segment honorable, le film revient sur le fil directeur qui se finit comme un film de Claude Chabrol : en queue de poisson ! Jamais on ne connaîtra vraiment les intentions de Max vis-à-vis de Jenna même si c’est fortement suggéré et surtout, le plan final concernant le spectateur voyeur un peu trop intrusif est certes inattendu, mais ô combien ridicule et vient clore All the creatures were stirring (« Toutes les créatures remuaient ») de la plus triste des façons : inintéressante au possible alors que certains courts étaient satisfaisants, quel gâchis !

All the creatures were stirring est donc un énième petit film américain d’anthologie horrifique se déroulant à Noël dans un théâtre où se jouent des scènes donnant lieu à des segments d’épouvante. Si certains courts émergent par leur originalité ou leur twist (notamment « Dash away all » ou « In a twinkling »), d’autres, en revanche, sont insignifiants et, pour certains, rappelleront d’autres métrages d’horreur connus donc présenteront un intérêt limité. Mais ce qui vient avant tout entacher l’ensemble, c’est l’histoire liant le tout, autrement dit le fil directeur, trop léger à notre goût car sa fin semble véritablement bâclée, sans compter qu’il sera difficile pour certains de faire le rapport entre ce que Jenna et Max voient sur scène et ce que l’on visionne à l’écran nous autres, spectateurs ! Ainsi, en dépit d’une réalisation décente, d’effets spéciaux honnêtes et d’acteurs plus que corrects, le long-métrage s’avère très moyen et ne sortira pas du lot, dommage !

ALL THE CREATURES WERE STIRRING | ALL THE CREATURES WERE STIRRING | 2018
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Note
2
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Vincent Duménil