Couverture française
ÇA | IT | 1986
Couverture alternative
ÇA | IT | 1986
Auteur
Date de parution (France)
Pages

1437

Langue

Anglais

Ça

IT

Enfants, dans leur petite ville de Derry, Ben, Eddie, Richie et la petite bande du « Club des ratés », comme ils se désignaient, ont été confrontés à l’horreur absolue : Ça, cette chose épouvantable, tapie dans les égouts et capable de déchiqueter vif un garçonnet de six ans…
Vingt-sept ans plus tard, l’appel de l’un d’entre eux les réunit sur les lieux de leur enfance. Car l’horreur, de nouveau, se déchaîne, comme si elle devait de façon cyclique et régulière frapper la petite cité.

AVIS :

Publié en 1986 aux Etats-Unis, Ça est sans doute, avec "Shining" et "Le Fléau", l'oeuvre la plus célèbre de Stephen King, en partie grâce à son adaptation pourtant moyenne réalisée par Tommy Lee Wallace. Sur plus de 1000 pages, l'auteur nous fait alterner entre deux époques et revisite les thèmes qui lui sont chers (l'enfance, le passage à l'âge adulte, l'importance de l'imagination, le parallèle entre monstres fantastiques et monstres bien réels...) pour un roman que l'on dévore toujours d'une seule traite après plusieurs lectures.

L'histoire est donc celle d'un groupe d'enfants marginaux (Bill le bègue, Ben l'obèse, Richie le binoclard hyperactif, Eddie le fragile asthmatique, Beverly la fille pauvre et frappée par son père, Stan le juif et Mike le noir) confrontés à Ça, entité mystérieuse s'attaquant aux enfants et pouvant prendre la forme de leurs pires cauchemars. A travers Ça, King évoque ainsi une bonne partie du bestiaire fantastique, du loup-garou à la momie en passant par les fantômes ou la sorcière d'Hansel et Gretel, tout en popularisant la figure du clown maléfique, forme privilégiée du monstre.

Mais il décrit également des horreurs bien plus tangibles, avec le groupe de petits caïds d'Henry Bowers, la violence parentale et conjugale autour du personnage de Beverly (mais aussi autour d'Eddie à travers le syndrome de Munchhaüsen par procuration de sa mère), le racisme, l'homophobie... Les vrais monstres côtoient donc les monstres imaginaires, dans un récit conjuguant à merveille violence et angoisse.

Car Ça ne fait pas dans la dentelle quand il s'agit de massacrer des enfants : membres arrachés, décapitations, gamins dévorés par des créatures innommables, les descriptions des meurtres sont autant de moments mémorables, qui viennent parfois ponctuer des séquences au suspense remarquable. On pense ainsi aux visites dans la maison abandonnée du 29 Neibolt Street ou, évidemment, les deux descentes dans les égouts pour affronter Ça.

Si le roman de King est aussi efficace, c'est également grâce à son talent pour évoquer l'enfance, à travers ce groupe de gamin terriblement attachants et crédibles, avec leurs croyances, leur innocence, leur naïveté. Toute la partie se déroulant dans les années 80 n'est d'ailleurs que le miroir de cette enfance perdue, que les personnages adultes vont tenter de retrouver. On appréciera également la précision des détails fournis par King dans la description de la ville de Derry, autant dans en 1958 qu'en 1985.

Au-delà du roman d'épouvante, toujours aussi prenant et efficace, Ça est ainsi une chronique de l'Amérique de ces deux époques, ainsi qu'une célébration de l'imaginaire et de l'amitié. Un chef d'oeuvre, qui transcende une construction purement binaire (l'enfance et l'âge adulte, les années 50 et les années 80, le Bien et le Mal, les monstres réels et les monstres imaginaires...) pour nous passionner pendant plus de 1000 pages.

Note
5
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Steeve Raoult