Affiche française
ELMER LE REMUE MENINGES | BRAIN DAMAGE | 1987
Affiche originale
ELMER LE REMUE MENINGES | BRAIN DAMAGE | 1987
Un film de
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oui

Elmer le remue meninges

Brain damage

Vie paisible mais morne pour Brian, partagé entre son grand frère et sa petite amie, jusqu'au jour où il rencontre une mystérieuse créature nommée Elmer. Ayant échappé de justesse à un couple de vieillards séniles, Elmer cherche un nouveau propriétaire et Brian est la personne qui lui faut absolument, quelqu'un de simple, jeune, influençable, malléable à souhait. D'abord effrayé, Brian se laisse tenter par la gentillesse d'Elmer, et accepte que celui-ci lui injecte une curieuse drogue directement dans le cerveau. En plein trip, Brian ne se rend pas compte que Elmer profite de l'occasion pour dévorer quelques cerveaux bien frais, sa nourriture et source de vie…

ELMER LE REMUE MENINGES | BRAIN DAMAGE | 1987

Connu avant tout pour sa trilogie "Frère de sang" alias "Basket Case", Frank Henenlotter est ce genre de personne carburant au trash puissance max, largement influencé par Herschell Gordon Lewis, Russ Meyer ou John Waters.

Son secret ? Tourner dans les rues les plus trash qui existent, à savoir les quartiers chauds de New York, souvent utilisés par Ferrara, Scorsese ou William Lustig. Des quartiers décrépis qui ne semblent "vivre" que la nuit, un véritable amoncellement de junkies, prostituées, cinéma X, motels bidon, maquereaux, clochards, racailles… Un enfer noir, où Henenlotter a grandi…

Les films cultes de Henenlotter semblent fonctionner principalement sur la notion de duo, voire continuellement : le savant fou et sa créature dégénérée ("Frankenhooker"), Bélial et son frère ("Frère de sang"), et maintenant le jeune Brian et son disciple (mais aussi sa souffrance, sa tare) Elmer.

Chaque personnage principal est en connection directe avec la créature et se sacrifie littéralement pour le nourrir ou le faire vivre : des médecins et infirmières se font déchirer la gueule, des catins se font exploser, des passants se font grignoter la cervelle… "Elmer le remue-méninges" reste pourtant le plus différent des trois, puisqu'il hésite entre l'humour dévastateur de "Frankenhooker" et le sérieux cradingue de "Frère de sang". Dans les deux cas, Henenlotter pousse toujours les limites à son comble.

Elmer aurait pu être arraché à un simple cartoon si son look repoussant ne prenait pas une aussi grande importance : bavard et poli, entre étron serpentin, lombric à tête de choux-fleur, et monstre phallique sournois, il a de quoi largement se joindre à la faune mutante de Henenlotter, et se placer juste à coté du machin difforme mais si touchant qu'est Bélial, et la fofolle ressuscitée Elizabeth.

Selon l'un des protagonistes, Elmer est une créature ancestrale qui aurait traversé presque toutes les époques de la civilisation humaine, passant de mains en mains. Mais pourquoi donc ? Eh bien pour cette drogue bleutée qu'il envoie fissa dans le cerveau de son propriétaire, le plongeant dans un trip mémorable. Mais pour convaincre Elmer de rester auprès de son maître, rien ne vaut de bons repas à partir de cerveaux juteux, qu'il croque à pleines dents. Car sous ses airs inoffensifs, Elmer dévoile une mâchoire gigantesque et gourmande, criblée de canines aussi tranchantes que du rasoir. Ce qui donne des défonçages de crânes monstrueusement gores, et joyeusement crades. Contrairement à ce que l'on peut croire, Elmer n'est pas qu'un adepte de cerveaux, il aime également prendre de bons bains ! Ah si !

Henenlotter aime aussi montrer l'impensable : souvenez-vous du viol commis par l'affreux Bélial, et bien ici c'est une fellation tournant mal qui provoque le dégoût. Une scène glauquissime, où une jolie péripatéticienne s'apprête à tailler une plumette au gentil Brian, ne se rendant pas compte que son compère mutant a pris la place de son membre. En résulte un moment incroyable aux limites de la pornographie (il faut vraiment voir la scène pour le croire), tourné de plus dans une décor pas vraiment rose bonbon.

Si Elmer prête à sourire (il danse et chante dans le lavabo en plus !), la situation de Brian n'aura rien à envier aux descentes aux enfers post-"Requiem for a Dream". Parabole ultime sur la dépendance et la drogue, "Elmer le remue méninges" se montre très souvent inquiétant et dur lorsqu'il décrit le calvaire de Brian, refusant l'aide de sa petite amie et de son frère (lui réservant d'ailleurs une très vilaine surprise), se renfermant sur lui-même, et débutant une infâme période de désintoxication dans un motel insalubre, alors que Elmer attend impatiemment qu'on "l'utilise". Une long et éprouvant chemin de croix débouchant sur un final grand guignolesque et énervé, excessif et explosif. Le plan final résumera assez bien sur ce point l'expression "ouverture d'esprit".

Henenlotter s'essaye même à des expérimentations visuelles originales comme ces trips hallucinogènes très surprenants (un cimetière de voiture coloré où a été tourné par ailleurs "Street Trash", une chambre inondée d'eau bleue, des ébats morbides, une scène d'automutilation atroce…) et une mémorable séquence dans le métro usant d'une idée farfelue (carrément brillante), consistant à faire apparaître Elmer en "flash" jusqu'à ce terrible baiser mortel, cruel même. Regardez d'ailleurs bien la scène, car les héros de "Frères de sang" y font un petit caméo.
Pas vraiment fun, en grande partie déroutant et irritant, "Elmer le remue méninges" est encore un de ces classiques du mauvais goût pur jus, jamais parfait certes, mais à découvrir si le cœur (l'estomac ?) vous en dit.

ELMER LE REMUE MENINGES | BRAIN DAMAGE | 1987
ELMER LE REMUE MENINGES | BRAIN DAMAGE | 1987
ELMER LE REMUE MENINGES | BRAIN DAMAGE | 1987
Note
4
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Jérémie Marchetti