Necronomicon

Necronomicon

En quête d’inspiration pour écrire de nouvelles histoires, Howard Philip Lovecraft pénètre dans les sous-sols interdits dune grande bibliothèque afin d’y lire quelques pages du célèbre Necronomicon, un grimoire maléfique confectionné sur de la peau humaine. De cette petite lecture à l’abri des regards indiscrets, trois histoires vont naître dans l’esprit de l’écrivain.

NECRONOMICON | NECRONOMICON | 1994

Trois segments, trois réalisateurs d’horizons différents et une inspiration commune : les écrits de Howard Philip Lovecraft. Voilà donc comment est né ce film à sketches fantastiques intitulé "Necronomicon", un projet auquel ont participé l’américain Brian Yuzna ("society", "la fiancée de Re-Animator", "le retour des morts-vivants 3", "le dentiste"…), le japonais Shu Kaneko ("death note", "Azumi 2" ou encore la nouvelle saga des Gamera) et le français Christophe Gans ("le pacte des loups", "silent hill", "la belle et la bête"…).

Comme de nombreux films à sketches ("darkside", "creepshow", "body bags", "3 extrêmes" ou plus récemment encore "the theatre bizarre" et "little deaths" pour ne citer qu’eux), ce "necronomicon" demeure assez hétérogène, des segments se démarquant bien plus aisément que d’autres.
Ce sont ainsi quatre segments (dont l’un fait bien plus office de fil conducteur, ce dernier liant les différentes histoires qui nous sont contées) qui nous sont dévoilés dans cette petite production et qui s’inspirent, avec plus ou moins de libertés, de l’œuvre de l’écrivain H.P. Lovecraft dont nous pouvons retrouver une citation dans la très belle édition dvd de chez Metropolitan que voici :

« Même si elles n’ont aucun rapport entre elles, toutes mes histoires se rattachent à une vieille tradition, une légende fondamentale selon laquelle ce monde aurait été peuplé autrefois par des êtres d’une autre race ; adeptes de la magie noire, ils ont perdu leur emprise sur cet univers et ont été bannis mais ils continuent à vivre « sur le seuil », prêts à reprendre possession de la Terre ».

Et en effet, en parfait père d’une mythologie composée de monstres et divinités imaginés de toutes pièces, H.P. Lovecraft nous a mis face à des créatures cauchemardesques dont certaines nous reviennent dans ce "necronomicon".

THE DROWNED (Christophe Gans)
Edward de La Poer se rend à une vieille demeure ancestrale perchée sur une falaise dont il vient d’hériter. Sur place, il va apprendre que son oncle a réussi, grâce au Necronomicon, à ramener à la vie sa défunte femme et son fils. Lui-même endeuillé suite au décès de sa fiancée dans un accident de voiture, Edward va tenter de la ramener d’entre les morts en utilisant la méthode de son oncle.

Inspiré de la nouvelle « the rats in the wall », ce premier segment n’est pas, comme le dira Christophe Gans, une adaptation d’une nouvelle de H.P. Lovecraft mais une variation de son univers.
Histoire au look très gothique, très sombre et très british, "the drowned" a un style très « Hammer » et se plait à donner l’impression d’avoir été tourné dans les années 60.
Parfois lente dans sa narration et pourtant si intéressante dans son approche (un romantisme macabre au rendu visuel bluffant et aux rebondissements bienvenus), l’histoire qui nous est contée ici nous plonge d’emblée dans l’univers de H.P. Lovecraft avec ses monstres et ses divinités (on ne peut s’empêcher de penser notamment à "Dagon") représentés ici par des effets spéciaux certes parfois quelque peu datés mais rappelant avec plaisir les années 70-80!

THE COLD (Shu Kaneko)
Alors qu’il enquête sur une vague de meurtres perpétrés depuis plus de vingt ans dans un même quartier, un journaliste fait la rencontre d’une certaine Amy Osterdam. Ce dernier va apprendre que la mère de la jeune femme entretenait une relation avec un certain docteur Madden, un savant ayant mis au point un procédé pour prolonger sa vie. Pour se faire, ce dernier prélevait chez ses malheureuses victimes de la moelle épinière, indispensable au bon déroulement des opérations dont il avait l’effroyable secret.

Voilà certainement l’histoire la plus classique (pour ne pas dire la plus accessible) de ce "necronomicon". N’y voyez pas là pour autant une connotation péjorative de ma part, ce segment central demeurant de bonne facture, bien que plus neutre dans sa narration.
Tiré de la nouvelle « cool air », "the cold" possède ce « petit quelque chose » qui, malgré la simplicité et la linéarité du scénario, fait que l’on adhère assez facilement à cette histoire de savant fou qui nous est contée et qui nous gratifie d’un final assez peu prévisible, le public étant alors encore en train de penser à cette séquence d’effets spéciaux trashs, crades et colorés à la "street trash" à laquelle il vient d’assister quelques minutes auparavant.

WHISPERS (Brian Yuzna)
Alors qu’ils poursuivaient un malfrat, deux policiers, Paul et Sarah, sont victimes d’un accident de voiture. Quand Sarah revient à elle, Paul a disparu. Lancée à sa recherche, cette dernière va faire la rencontre d’un couple de squatters des plus étranges qui vont la donner en pâture à des monstres se nourrissant de sang frais mais aussi de l’âme de leurs proies.

Tiré de la nouvelle « the whisperer in darkness », voilà certainement le segment le plus décalé de "necronomicon". On l’aurait aisément deviné, il s’agit bien-entendu de l’histoire mise en scène par le philippin Brian Yuzna! Gore, drôle, trash, malsain… Autant d’adjectifs pour qualifier cet objet filmique nous rappelant entre autres les débordements dingues de "society" qui s’achevait sur une orgie trash et dégueulasse (Brian Yuzna nous remonte ne jamais avoir de descriptifs au sujet des monstres qui peuplent l’univers de H.P. Lovecraft : qu’importe, il va ici les créer à sa sauce!).
D’abord inquiétant (ce couple d’habitants des bas-fonds de Los Angeles que rencontre Sarah n’inspire en rien la confiance), "whispers" nous plonge progressivement dans un monde cauchemardesque où notre malheureuse Sarah est en proie à la folie et à la peur (qui a parlé de "l’antre de la folie" ?), tétanisée par ce monde souterrain (qui nous rendrait vite claustrophobe) où vit une race d’extra-terrestres des plus hostiles et des plus ragoutantes.
Bien que certains effets spéciaux s’avèrent plutôt moches (les monstres ailés par exemple), ne boudons pas cette nouvelle folie visuelle de Brian Yuzna qui vient clôturer ici cette série de trois segments plutôt convaincants dans leur ensemble.

Sacrilège il serait de ne pas parler rapidement, avant de clore cette chronique, de la participation de Jeffrey Combs (notre savant fou de "Re-Animator") dans la peau de H.P. Lovecraft dans ce quatrième segment intitulé "the Library" (qui n’est autre qu’une histoire liant les trois segments entre eux comme dit plus haut). Car il s’agit bien là de l’unique intérêt de ce quatrième segment de "necronomicon" qui vient achever le film de bien pâle façon avec des effets spéciaux ridicules et une histoire sans grand intérêt. Quel dommage!

NECRONOMICON | NECRONOMICON | 1994
NECRONOMICON | NECRONOMICON | 1994
NECRONOMICON | NECRONOMICON | 1994
Note
4
Average: 3.4 (1 vote)
David Maurice