Couverture française
PESTILENCE | PESTILENCE | 2013
Couverture alternative
PESTILENCE | PESTILENCE | 2013
Auteur
Editeur
Date de parution (France)
Pages

150

Couleur ?
Non
Langue

Français

Pestilence

Pestilence

Au Moyen-âge, la peste fait des ravages. Le petit village de Saint Ragondard n’est pas épargné et le baron De la Grabeuille se retrouve vite impuissant face à la prolifération du fléau, ne trouvant refuge que dans son château. Jusqu’au jour où Tancrède Barbet, médecin spécialisé dans le combat contre la pestilence, fait son apparition. Tentant d’aider les villageois et les malades à l’aide de ses connaissances, il va découvrir que Saint Ragondard est victime d’une souche inconnue de peste. Son enquête va le mener à découvrir le terrible secret de cette épidémie…

L'AVIS :

Après l’ultra-gore « Necroporno », Trash éditions poursuit sur sa lancée avec « Pestilence », second volume de leur collection déjà culte. Le nom de l’auteur a déjà de quoi intriguer : Degüellus. Avec un nom pareil, on se doute qu’on ne va pas lire un roman de la bibliothèque rose. Une petite recherche sur le net nous informe rapidement que Degüellus est évidemment un pseudonyme et que sous ce nom « trash » se cache un certain Julien Heylbroeck, qui n’est autre que l’un des créateurs du label «Trash éditions » ! Est-ce à dire que parce que le monsieur a crée ce label, il mérite de voir un de ses textes édité quand d’autres prétendants attendent devant la porte ? C’est quoi ce copinage pas très objectif ? Après lecture du livre, à la couverture magnifique, on comprend aisément pourquoi le roman de Julien a été choisi et édité dans la première salve de parution. Parce que laissez-moi vous dire une chose : « Pestilence », c’est juste une petite bombe qu’il faut impérativement se procurer et dévorer !

Les récits se déroulant au Moyen-âge, j’adore. Avec « Pestilence », j’ai été plus que servi. La retranscription de la vie du petit village de Saint Ragondard et de ses environs, frappé par le terrifiant fléau de la peste, est une merveille de précision et chaque page nous immerge un peu plus dans cette époque, nous faisant ressentir les odeurs pestilentielles, nous faisant marcher dans la boue avec les personnages, nous faisant côtoyer les injustices et la violence de ces temps obscurs, où la religion avait pouvoir de vie et de mort. Un travail minutieux qui porte pleinement ses fruits puisqu’on a réellement l’impression d’être au coté du docteur Barbet.

Ce personnage est de plus extrêmement bien développé. Dans les romans de petite taille (150 pages), les auteurs n’ont pas souvent le temps de ciseler leurs héros, préférant aller à l’essentiel. Dans « Pestilence », le travail sur les personnages n’est absolument pas mis de côté, ce qui les rend attachants, intéressants, et c’est d’autant plus vrai avec Tancrède Barbet, dont le traitement très humain le rend des plus empathiques pour le lecteur. L’auteur aime ce personnage, on le sent durant la lecture. Il lui fait faire des choix difficiles, évoque le thème de l’euthanasie avec justesse et on ressent une réelle compassion pour Barbet quand ce dernier soulage les malades en leur faisant une saignée, ce qui provoque certes leur mort, mais dans un confort qu’il n’aurait pas eu en mourant de la peste.

Car les effets de l’épidémie sur les infectés ne sont guère reluisants ou plaisants : pustules, bubons gorgés de pus qui éclatent, vomissement et autres joyeusetés putrides sont au programme et encore une fois, la précision chirurgicale des descriptions nous place au cœur du récit et nous met mal à l’aise. Beaucoup moins gore que « Necroporno », « Pestilence » parvient tout de même à créer une sensation de nausée chez le lecteur, de par ses nombreux détails peu ragoutants.

Si cette aventure prend son temps durant les quatre-vingts dix premières pages, mais sans jamais nous ennuyer, bien au contraire, nous faisant rencontrer divers personnages, à l’image du baron ou de l’odieux prêtre Turbot, sympathisant de l’Inquisition et qui n’hésites pas à faire brûler homme, femme et enfant au nom du Divin, Julien Heylbroeck fait ensuite bifurquer cette aventure dans une intrigue quasi policière, avec un sens du rythme magistral. L’enquête que va mener Barbet pour savoir d’où provient cette épidémie qui ne ressemble pas à celle qu’il a déjà rencontré fait prendre au récit une dynamique virevoltante qui ne cesse d’accélérer et on ne peut se résigner à arrêter sa lecture en cours de route, voulant absolument connaître le fin mot de l’histoire. La révélation du mystère est absolument horrible et parachève de faire de « Pestilence » un classique instantané.

Beaucoup moins gore que « Necroporno », beaucoup moins axé sur le sexe (même si ce dernier n’est pas absent), le roman de Julien Heylbroeck n’en est pas moins passionnant sur le fond et sur la forme. L’auteur possède un indéniable talent de « raconteur » et on a les yeux rivés à ses phrases et à son histoire. L’écriture est de plus alerte, travaillée, recherchée, tout en restant agréable. Une superbe découverte pour ma part. « Pestilence » risque d’en surprendre plus d’un et ceux qui ne laissent pas de chance à la « littérature populaire gore » se doivent de le lire car il se classe très largement au dessus du panier. Allez Julien, tu nous écris une autre histoire avec Tancrède Barbet ?

SITE DE L'EDITEUR : http://trasheditions.wix.com/trasheditions

Note
5
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Stéphane Erbisti