Walking Dead - The
The Walking Dead
Lee Everett est escorté en voiture par un shériff local vers une prison près d'Atlanta, quand le véhicule heurte un zombie. Après l'accident, Lee réussit à échapper au shériff revenu d'entre les morts, et rencontre la jeune Clementine, une enfant dont les parents étaient partis au moment de l'invasion. Décidant de s'en occuper, Lee fait alors la connaissance d'autres survivants, parmi lesquels Kenny, Lilly et leurs familles.
Il fallait s’y attendre : après le comic (par ailleurs inégal) et son adaptation en série télévisée (tout aussi inégale), The Walking Dead débarque en avril 2012 en jeu vidéo. Il sort d’une façon un peu particulière, sous la forme de cinq chapitres téléchargeables espacés de plusieurs semaines. Le tout dernier est ainsi sorti en novembre. Autre particularité du jeu : il ne s’agit pas d’un titre d’action à la Dead Island ou Dead Rising, mais d’un jeu d’aventures horrifiques, plus proche d’un point-and-click très simplifié agrémenté de QTE. En fait, on est pratiquement devant un récit interactif, où on ne fait finalement pas grand chose d’autre que résoudre de petites énigmes et discuter avec nos compagnons d’infortune.
Et étonnamment, la formule fonctionne, d’autant qu’elle est cohérente avec le rythme des autres supports de TWD. Elle permet ainsi de se concentrer sur les relations entre les personnages, ce qui sera le véritable fil conducteur du jeu. Nous incarnons donc Lee Everett, emprisonné pour une raison qui nous est encore inconnue au début de l’aventure. Après une première rencontre avec des zombies en sortant d’Atlanta, nous rencontrons la jeune Clementine, dont les parents sont absents. Ensemble, le duo va croiser d’autres survivants, vivre de nouvelles épreuves et apprendre à se faire mutuellement confiance.
L’histoire se déroule donc en marge de celle racontée par le comic et la série. Si on rencontrera quelques têtes bien connues, on les oubliera très vite au profit des rencontres que l’on fera et du groupe que l’on constituera, et dont il faudra vite gérer les membres. Car chacun recherche son intérêt personnel, et se souviendra du moindre de nos choix, de la moindre de nos paroles lorsqu’un conflit éclatera. Et si vous pensez vous en sortir en restant plutôt neutre, vous en serez pour votre argent : il n’y a pas de demi-mesure quand il s’agit de décider du sort d’un de vos camarades mordus, surtout s’il s’agit d’un membre de la famille d’un des autres survivants.
Notez d’ailleurs que vous n’aurez qu’un temps réduit pour prendre votre décision, ce qui ajoute au stress et vous oblige parfois à faire des choix que vous regrettez instantanément. Le fait que le jeu ne soit qu’en anglais renforce d’ailleurs involontairement ce stress pour le pauvre francophone devant lire et comprendre rapidement jusqu’à quatre possibilités de réponse ! Ces choix seront parfois déchirants, puisqu’on se prend à s’attacher aux personnages, surtout à partir du chapitre 2, et on se surprendra à agir sous le coup de l’émotion plutôt que de la réflexion. De plus, à chaque fin d’épisode, un récapitulatif nous permet de voir les choix effectués par le reste de la communauté des joueurs, vous permettant notamment de voir à quel point la colère peut influencer la majorité des personnes !
Les chapitres seront d’ailleurs plutôt inégaux. Après un premier épisode (A new day) principalement destiné à nous présenter les différents personnages, le suivant (Starved for help) sera sans doute le plus réussi des cinq, proposant un scénario plus abouti que le simple développement fuite-abri-fuite, offrant quelques clins d’oeil au genre horrifique (j’ai notamment pensé à Massacre à la tronçonneuse), et laissant un peu plus de libertés au joueur. Le troisième (Long road ahead) reviendra à une formule plus classique, principalement orienté autour d’un trajet en train, mais proposera des situations déchirantes. Le quatrième (Around every corner) nous placera au beau milieu d’une grande ville dont un quartier est contrôlé par un groupe n’ayant pas grand chose à envier à celui du Gouverneur dans le comic. Enfin, l’épisode No time left, plus court et moins abouti scénaristiquement que les précédents, nous réservera un magnifique final.
Cette adaptation de The Walking Dead constitue donc pour le moment la déclinaison la plus intéressante de l’univers créé par Robert Kirkman. Si le système de jeu, simplifié à l’extrême, pourra ennuyer les joueurs avides de challenge, ces cinq chapitres ont pour principal intérêt la gestion des relations entre les survivants et la réactivité lors de situations explosives. Ce qui amène des situations véritablement stressantes et déchirantes, l’attachement aux personnages rendant certaines décisions et certains destins particulièrement compliqués. Une belle et étonnante réussite donc, dont le potentiel de jouabilité, forcément présent au regard de l’influence de nos choix, reste sans doute limité par l’aspect dirigiste de l’aventure.