Furiosa : une saga Mad Max
Furiosa: a Mad Max saga
Dans un monde en déclin, la jeune Furiosa est arrachée à la Terre Verte et capturée par une horde de motards dirigée par le redoutable Dementus. Alors qu’elle tente de survivre à la Désolation, à Immortan Joe et de retrouver le chemin de chez elle, Furiosa n’a qu’une seule obsession : la vengeance.
L'AVIS :
En 2015, "Mad Max : Fury Road" m'avait mis totalement K.O., en balançant à l'écran 2 heures de pure folie régressive telle que l'on en voyait plus depuis un moment au cinéma. La démesure totale du film de George Miller, tant dans ses images, ses scènes d'action, son ambiance sonore et visuelle, ses personnages improbables et son scénario minimaliste, m'avaient marqué, et j'étais même plutôt impatient de découvrir les futurs films, rapidement évoqués, de la saga. Il aura finalement fallu attendre près de 10 ans pour voir débarquer le premier de ces films : Furiosa.
Autant le dire tout de suite : Furiosa n'est pas Fury Road 2. Pas seulement parce qu'il s'agit d'une préquel, centrée sur l'histoire du personnage interprété à l'époque par Charlize Theron, mais surtout parce que les films n'ont finalement pas grand chose de commun. Loin du film d'action décomplexé et sans temps mort qu'était Fury Road, Furiosa a de son côté l'ambition de développer une histoire, de mettre en place des enjeux, de développer un peu l'univers de la saga. Il ne parviendra malheureusement jamais à assumer ses ambitions, et ne sera même bon que lorsqu'il lorgnera vers le film précédent.
Découpé en chapitres, le film développe plusieurs épisodes de la vie de Furiosa davantage que son histoire. Un choix assez particulier, qui a le mérite de donner un certain rythme mais qui peine à donner de la consistance au personnage, d'autant que ces événements n'ont parfois aucun lien entre eux. Tout juste voit-on Furiosa grandir seule dans ce monde d'hommes, prendre peu à peu une place importante dans la Citadelle. Pour le reste, on n'apprendra finalement pas grand chose de plus que ce que George Miller avait déjà esquissé dans Fury Road au détour de 2 ou 3 dialogues. Ramené sur 2h30 de métrage, l'addition est donc plutôt légère de ce côté là.
Il faut dire également que, même si j'apprécie beaucoup l'actrice, notamment pour ses rôles dans "The Witch" ou "Last night in Soho", j'ai trouvé qu'Anya Taylor-Joy n'était absolument pas faite pour ce rôle, et n'arrive à aucun moment à la cheville de Charlize Theron pour interpréter Furiosa. Très clairement, je n'ai jamais pu m'impliquer dans sa quête de vengeance, et je n'ai jamais pu trouver crédibles ses capacités.
Mais le personnage de Furiosa n'est pas le seul à manquer de substance : globalement, les personnages sont beaucoup moins intéressants que dans le film précédent, surtout quand ils sont campés par de nouveaux acteurs (Lachy Hulme n'a clairement pas le magnétisme de feu Hugh Keays-Byrne pour donner vie à Immortan Joe), et l'univers même perd en tangibilité. Les différentes villes sont à peine esquissées, les décors moins réussis, même le désert est moins présent. Il faut dire aussi que le numérique est beaucoup plus utilisé qu'en 2015... et beaucoup plus visible.
Dans ce naufrage artistique, je ne sauverais finalement que celui sur lequel j'avais le plus de doutes : Chris Hemsworth. Le "Thor" du MCU va livrer une performance formidable, aussi drôle qu'inquiétante, en en faisant des tonnes dans le rôle de ce chef de guerre incapable d'asseoir son pouvoir autrement que par la force. Le personnage s'intègre parfaitement dans l'univers de Mad Max, et renvoie directement à cet aspect "too much" que j'avais apprécié dans Fury Road, notamment avec son improbable char de motos, ou ses nombreux surnoms.
Furiosa : une saga Mad Max semble en fait tenter de s'affranchir de Fury Road. Pourquoi pas, après tout. Néanmoins, quitte à se concentrer sur un univers, une histoire et des personnages, l'idéal aurait sans doute été de développer cet univers, cette histoire et ces personnages, plutôt que de ne livrer que quelques anecdotes finalement assez creuses et bourrées d'ellipses. Dommage également que, malgré cette volonté de s'en éloigner, les meilleurs séquences soient celles évoquant justement Fury Road, lorsque la réalisation redevient enfin nerveuse (on suit d'ailleurs les rares séquences d'action d'assez loin, sans y être aussi impliqué que dans Fury Road), que la musique accompagne de nouveau les images (le film est étrangement vide au niveau sonore, alors que c'est un des points majeurs de la saga), ou lors de l'attaque du convoi par des autogires. Bref, ce cinquième volet est finalement une coquille assez vide et lisse, apparemment rattrapée par les standards hollywoodiens, devant laquelle on ne s'ennuiera pas, mais dont on ne retiendra sans doute pas grand chose dans quelques semaines.