Jorge

GRAU

Jorge Grau Sola, Jordi Grau

GRAU Jorge

Réalisateur, scénariste

Naissance

27 octobre 1930

Barcelogne, Catalogne - Espagne

Biographie

Né GRAU SOLA, le jeune Jorge étudie au "Centro esperimental film school"à Rome en Italie. Lui, le petit Espagnol va tout d’abord exercer ses talents comme scénariste à la radio avant d’entamer une carrière cinématographique.
Il va œuvrer durant sa carrière dans un grand nombre de genres différents et retiendra notre attention pour deux principaux films d’horreur de très grande qualité. Bien avant Romero, Jorge va faire preuve d’une grande audace dans ses œuvres et dénoncer sans relâche…

Dès la fin des années 50, Jorge va être consultant et assistant réalisateur sur des films d’aventures, historiques, flirtant avec le fantasy : "Les derniers jours de Pompeï" en 1959 ou encore "Goliath contre les géants" et "Le colosse de Rhodes "en 1961. Durant ces deux années il va aussi réaliser pas mal de petits documentaires régionaux sur son pays.
En 1967, il touche au film musical en réalisant "Tuset Street" sur la révolution de la culture Pop à Barcelone, avec Patrick Bauchau notamment ("phenomena"). Il ponctue à nouveau cette année avec une romance "Una historia de amor", et "Acteon".
En 1970 et 71 il va revenir aux courts-métrages, sportifs cette fois-ci, intitulés "Imagenes del deporte" et déclinés en plusieurs épisodes.

Enfin arrive l’année 73 avec "peine de mort" mais surtout son tout premier film de genre : "cérémonie sanglante", sa propre version de la Comtesse Bathory. Il est important de souligner que l’Espagne à ce moment là était sous le régime Franquiste, et que le fascisme ambiant imposait évidemment des règles à respecter en matière d’art.
Mais Jorge n’est pas homme à se laisser dicter des lois autoritaires et son film regorge, malgré la censure, de scènes forcément très sanglantes.
Un an plus tard, il va aller encore plus loin en réalisant son second film d’horreur, "le massacre des morts-vivants". Sur bien des points en matières de discours et dénonciations, l’homme est en avance sur ce que d’autres cinéastes feront plus tard. Jorge montre du doigt les dérives écologiques et les méthodes fascistes de la Police en place à travers son film. Il impose surtout un style qui n’est pas sans rappeler celui des italiens des années 70, Lucio Fulci en tête.
"Le massacre des morts-vivants" est glauque, complètement dénué d’humour, et sans être outrageusement gore, nous propose un nombre conséquent d’électrochocs. Pour l’anecdote, il pensera à son père agonisant pour les sons rauques des morts-vivants.
Le film, présenté au Festival de Sitges obtiendra de nombreux Prix : celui de la meilleure actrice pour Cristina Galbo, et celui des effets-spéciaux pour Luciano Byrd et Antonio Balandin, ce dernier ayant notamment travaillé comme assistant sur "dune" ou encore "conan le barbare". Jorge Grau ne sera pas oublié puisqu’il se verra décerner le prix du meilleur réalisateur par un Jury composé de critiques internationaux. Dès l’année suivant et la fin du régime Franquiste, il récupérera également son vrai prénom, Jordi, qui lui avait été "confisqué" par les lois en vigueur d’alors.

Il terminera les années 70 avec "Blood and passion" ("La trastienda"), un nouveau court-métrage et une incursion dans la comédie avec "El secreto inconfesable de un chico bien".
Pour les années 80 et 90 il s’essaie au film de guerre avec "Leyenda del tambor" en 82, puis le thriller un an plus tard avec "Coto de caza", avant de revenir à la comédie en 1987 et 1994 avec "Tiempo mejores" sa dernière réalisation. On a pu l’apercevoir la derniere fois sur un écran comme acteur en 2002 dans "El florido pensil" de son compatriote Juan José Porto.

Pour définir Jorge Grau, on pourrait lui attribuer le talent visuel de Lucio Fulci et intellectuel de George Romero. Il est également un formidable "coloriste", témoin la peinture qu’il exerce à ses heures perdues et qui fût l’une de ses premières amours (sur le tournage de "les derniers jours de Pompeï" il était consultant sur la "colorisation" justement…) : Il est aussi, en marge de ses scenarii de films un grand dramaturge. Un vrai regret ? qu’il n’ait pas poursuivi dans le film de genre. Qu’on se le dise : "le massacre des morts-vivants" est un très grand film de zombies.

Christophe JAKUBOWICZ
Le 26 mai 2007

Lionel Colnard