Last winter - the
Last winter - the
KIC Corporation, une compagnie pétrolière américaine est chargée d'exploiter le nord de l'Alaska. Sur place, deux camps semblent s'opposer : celui des écolos contre celui des âpres au gain quoi qu'il advienne. Le consultant environnemental du projet ayant diagnostiqué la fonte du permafrost pense, en effet, que le chantier prévoyant la construction d'une route allant plus au nord doit être annulé à cause de l'affaiblissement de la glace. Le représentant de la compagnie pétrolière, un dénommé Pollack, quant à lui, exige du précédent un rapport falsifié et rassurant sur les conditions de la région. Dès lors, des choses étranges commencent à se passer : un jeune technicien est retrouvé mort, nu et gelé près de l'ancien test d'exploitation effectué des années auparavant et certains membres commencent à souffrir d'hallucinations. Au moment où l'équipe, après moult tergiversations, décide de partir, il est déjà trop tard : un accident emprisonne le groupe dans cet avant-poste éloigné de tout. Que se passe-t-il vraiment et surtout, vont-ils survivre à cet enfer blanc ?
The last winter est un film qui commence un peu comme "The thing" de John Carpenter, car on est perdu dans l'immensité des plaines arctiques avec une menace invisible, impalpable, comme tapie dans l'ombre des glaciers. L'atmosphère de froideur, la vacuité infinie, l'isolation extrême et la paranoïa en résultant sont alors très bien rendues. Mais ce qui le différencie par la suite de son illustre prédécesseur c'est avant tout son côté pro écolo cher au réalisateur/acteur Larry Fessenden et tellement ancré dans notre époque car enjeu de taille. Ainsi, tout comme Colin Eggleston dans "Long week end" en 1978, le cinéaste américain répète, avec son plus récent long-métrage, ses inquiétudes quant aux conséquences profondes de notre rapport à la nature comme il l'avait déjà fait dans "Wendigo" en 2001. Une fois le message social assimilé, la question est de savoir ce qui se trame sur le camp. Il y a manifestement quelque chose sous la glace. Déjà, dès le début on voit les vestiges de l'ancien test d'exploitation effectué des années auparavant qui, telle une boîte de Pandore, sommeille dans le désert arctique, en attendant d'être ouverte. Puis, vient la mort inexpliquée du benjamin de l'équipe de forage, retrouvé nu et gelé, dehors en pleine nuit. Ensuite, certains membres ont des visions qui les poussent à agir de manière irrationnelle. Enfin, tous les protagonistes se retrouvent coincés sur le campement. Quelque chose en veut à ces gens, mais quoi ? Mère Nature désirant prendre sa revanche sur l'homme la maltraitant depuis des siècles ? Des fantômes vengeurs ? Une entité extraterrestre belliqueuse venant d'être réveillée subitement ? Où bien, comme le pense un des membres du camp, une crise de paranoïa aiguë causée par l'émission de gaz venant de la fonte du permafrost ? On ne sait pas trop et… finalement on s'en moque un peu car l'atmosphère, la musique et les images magnifiques du néant absolu sont juste trop captivantes.
De plus, le réalisateur sait y faire en termes d'ambiance et ce, de manière graduelle mais toujours naturelle. Malgré son rythme lent, le film met néanmoins une pression permanente et quasi étouffante sur le spectateur. Nonobstant la beauté des paysages arctiques avec ses abîmes blancs infinis baignés par le soleil couchant, le ciel semble s'obscurcir car même si l'espace est à perte de vue, les personnages sont seuls face à leurs propres angoisses, leurs hallucinations et l'inconnu. Ce "huis-clos dans la neige" réussit alors la gageure de nous asphyxier totalement ce qui est très fort, avouons-le.
Ajoutons à cela un scénario intelligent qui oppose deux thèses liées à l'exploitation des richesses de notre planète (les écologistes contre les ultra capitalistes) et qui fait réfléchir puis des acteurs toujours dans le ton (Ron Perlman et James LeGros en tête) et vous obtenez une petite pépite dans le Landerneau du film de genre.
Et puis, comme je le dis souvent dans mes critiques, la fin vient tout plomber. Ce qui est grandement dommageable car c'est toujours ce dont on se rappelle le plus au final. On a le droit à une apparition fantomatique sortie dont on ne sait où et censée - c'est selon l'interprétation de tout un chacun – représenter le fruit de l'imagination des hommes devenus fous ou bien symbolisant la colère de la nature ? Mais pourquoi autant d'effet spéciaux utilisés alors qu'auparavant quasi aucun FX n'avait pointé le bout de son nez ? Non seulement cette fin ne cadre pas du tout avec l'ambiance du film, mais elle semble carrément avoir été faite dans l'urgence. Ca sent le bâclage à pleins naseaux, ça ma bonne dame ! Plus que ça encore, ce qui est surprenant, c'est aussi l'utilisation de thèmes jetés ça et là au long du métrage et dont on entend plus jamais parler par la suite. Quid des dessins d'enfants ? Quid également de la boîte de l'ancien test de forage qui, tel le monolithe noir de "2001, l'odyssée de l'espace", s'érige vers le ciel tout en étant inviolée ? Honnêtement, j'étais un peu déçu car le long-métrage de Larry Fessenden, jusqu'aux deux tiers est vraiment agréable à suivre. Gâchis, quand tu nous tiens…
Ainsi, par rapport à ce que l'on en attendait, le film a beaucoup d'ambition et tient la corde sur la durée, si l'on excepte une fin exécrable car sabotée. Alors, même s'il ne peut délivrer toutes ses promesses, il vaut tellement mieux que tous ces remakes pseudo horrifiques qui sont de plus en plus nombreux chaque année sur nos écrans, que ce serait dommage de s'en passer. De bons acteurs qui savent s'effacer au profit de magnifiques paysages, une tension constante et progressive, un soupçon de mystère et surtout la paranoïa qui se dégage de certaines scènes tellement bien rendue qu'elle vous oppresse. Bref, ce long-métrage, par le message qu'il véhicule, est alors à voir car c'est un petit budget tellement à part, que même sa fin ratée ne saurait vous ôter le plaisir de retrouver une ambiance proche de "The thing", référence ultime en matière d'horreur.