Affiche française
Untot - undead unleashed | Untot - undead unleashed | 2009
Affiche originale
Untot - undead unleashed | Untot - undead unleashed | 2009
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Untot - undead unleashed

Untot - undead unleashed

Une bande de potes tentent de survivre à une apocalypse infestée de zombies...

Untot - undead unleashed | Untot - undead unleashed | 2009

L'AVIS :

On se demande bien souvent quel serait aujourd'hui le film le plus gore de l'histoire du cinéma, aussi populaire qu'underground. Par "gore", entendons la quantité de sang et de viande exposée à l'écran. Aussi naïve et innocente soit l'interrogation, de nombreux titres viennent alors se bousculer dans notre boîte crânienne : "Braindead", "Premutos", "Tokyo Gore Police", "Bone Sickness", "Necronos", "Das Komabrutale Duell", "AGP: Bouquet of guts and gore", "Poultrygeist: the night of the chicken dead", certains titres de chez Necrostorm... et tant d'autres.

Un sondage que j'aime particulièrement explorer en tant qu'amateur infatigable de bidoche sanguinolente et auquel il est difficile de tirer une conclusion objective tant l'examen visuel peut s'avérer complexe. Et inutile par ailleurs, puisque la qualité se distingue de la quantité. Quoi que...

Qu'est-ce qui rend un splatter qualitatif lorsqu'il est dépourvu de la moindre maîtrise en matière de technicité cinématographique ?

Si le japon nous divertit par sa folie, et si l'Amérique nous surprend par son inventivité, l'Allemagne jouera principalement sur la générosité. Et c'est en effet depuis la trilogie "Violent Shit" et les films d'Olaf Ittenbach que le splatter-movie repoussera les limites du mauvais goût grand-guignolesque en privilégiant la quantité astronomique de faux sang à l'habileté de la mise en scène, ou de l'écriture. Les dignes héritiers de Gordon Lewis, ne seraient-ce pas finalement les splatters allemands ?

Ces fameuses pellicules détestées de tous en raison de leur amateurisme et de leur médiocrité trouvent, contre toute attente, une poignée de disciples (principalement masculins, puisque les demoiselles ont l'air apparemment trop délicates pour apprécier des films d'attardés finis qui se visionnent en reversant de la Kronenbourg tiède sur le canap' du salon tout en libérant quelques pets et grognements en tout genre). Faisant fièrement partie de ce cercle restreint, nombreux sont les merdouilles juteuses à avoir croisé ma rétine. C'est simple : chaque achat de splatter allemand donne l'impression d'insérer un morceau de barbaque dégoulinante entre ses DVDs. Pas étonnant que certaines collections ressemblent plus à des abattoirs qu'à des dvdthèques... Mais quel est le morceau germanique le plus garni ? Les cinéphiles carnivores seront à peu près d'accord sur le fait que "Das Komabrutale Duell", "Necronos" ou "A Fucking Cruel Nightmare" se situent au-dessus de la pyramide. Sauf qu'à la pointe de celle-ci se trouve probablement "Untot: Undead Unleashed". Un film si méconnu qui, pourtant, excelle dans l'art de la couillonade grand-guignolesque et de la violence jubilatoire. Ça charcle à tout va, ça éclabousse dans tous les sens, ça grogne, ça hurle, tabasse, ça tranche, ça transperce, ça broie, ça écrase, ça bouffe, ça coule, ça coule encore, et encore, et encore, jusqu'à l'overdose. Que dire de plus...

Les défauts ? Quels défauts ? Haaa, ces défauts-là... On s'en fou, non ?

Jeu d'acteur épouvantable ? Lieux mal éclairés ? Cadrage aléatoire ? Crédibilité inexistante ? On ne peut que qu'affirmer l'évidence : nous sommes en présence d'un film entre potes métalleux faisant les cons dans la forêt, passant leur temps à repeindre les arbres, l'herbe et les murs, et on se régale autant qu'eux. Et oui, certains se paluchent le poireau sur du soi-disant "Elevated Horror" pour se la péter auprès de leurs camarades de fac de socio, et d'autres gratte le sillon inter-fessier devant des films pour QI à deux chiffres histoire de préserver la beauferie si chère aux rigolards du dernier rang. Que voulez-vous...

Car là où le métrage vaut le coup d'oeil, c'est bien évidemment dans l'absurde quantité démesurée de mises à mort grandiloquentes qui non seulement ferait exploser le record de body count, mais qui pulvériserait aussi le record de faux sang déversé dans un film. Les gros plans sur les scènes de déchiquetage sont si nombreux qu'on ne peut que savourer pleinement ces innombrables effusions de colorant rouge mélangé au yaourt à la fraise et au chewing-gum (pour un effet plus pâteux).

À peine lancé qu'au bout de 5 minutes de balade en forêt, l'hémoglobine coule à flot et les zombies au gros bide rempli de liquide envahissent l'écran. Personnages dégénérés, insistance sur les effets gore, amputations et éventrations par dizaine, têtes explosées, anatomie exposée, entrailles réduites en bouillie, armes en tout genre, rythme effréné, idées farfelues (mention spéciale au bar de zombies), bref, si "Das Komabrutale Duell" m'avait légèrement déçu car trop sur-vendu, celui-ci fût une surprise inattendue. Et que dire de cette musique mélancolique-épique qui entraîne ces zombies dans une danse macabre en laquelle le rougeoyant et le verdoyant s'enlacent sur nos écrans ?

En plus d'être au sommet de ce que le splatter allemand amateur peut proposer, "Untot: Undead Unleashed" dégage une étrange poésie qui nous donne systématiquement envie de le chérire. Comme s'il marquait le point d'aboutissement du hardgore indépendant au crépuscule d'un cinéma de fabrique qui peine à refaire surface. Alors oui, le cinéma extrême underground a pris la relève depuis longtemps, les caméras sont de meilleure qualité et il y a un effort d'investissement de la part des cinéastes amateurs à présent, mais difficile de trouver de nos jours des pellicules potaches aussi touchantes que ce cirque récréatif de jeunesse sanguine.

Si des splatters tels que "Catcall", "Der Henker", "Spasm", "Fetus", "Nocta" ou "The Butcher Shitter" viennent nous resservir du gore du terroir artisanal comme nous l'aimons, force est de constater qu'il sera difficile d'aller au-delà de ce que "Untot: Undead Unleashed" a su proposer, c'est à dire le chant du cygne du splatter allemand dont l'amateurisme bête et méchant se voit sublimé par la consistance créative de Martin Erling qui a dû faire rougir tous les bouchers locaux de sa région.

Untot - undead unleashed | Untot - undead unleashed | 2009
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Bande-annonce
Note
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Nicolas Beaudeux