Nue pour l assassin
Nude per l'assassino / Strip Nude for your killer
Un médecin pratique en secret un avortement sur un top model travaillant dans l'agence Albatros. L'opération se déroule mal et la jeune fille meurt d'une crise cardiaque. Avec l'aide d'un ami, le médecin camoufle le décès en le faisant passer pour une mort naturelle. Peu de temps après, il est sauvagement assassiné. Puis c'est au tour des personnes travaillant dans l'agence, aussi bien les photographes que les mannequins, de subir les assauts du dangereux psychopathe, habillé en motard et adepte du couteau…
En 1975, Dario Argento lance sur les écrans son chef d'œuvre "Les Frissons de l'Angoisse", archétype du giallo, genre cinématographique puisant ses sources dans la littérature policière italienne et dont la première incartade sur pellicule date de 1963, avec "La fille qui en savait trop" de Mario Bava, qui sera suivie l'année suivante par une autre œuvre phare du réalisateur qui lui donna ses premières lettres de noblesse avec le classique "Six Femmes pour l'Assassin". L'intrigue de "Six femmes" se déroulait déjà dans le monde de la mode. Un univers en effet propice au giallo puisqu'on y trouve de jolies jeunes filles, souvent peu farouches, qui n'attendent plus que de recevoir les coups mortels qui les feront passer de vie à trépas. Andréa Bianchi ne s'y est pas trompé et a choisi de placer son histoire dans une agence de mode, pouvant ainsi accentuer le côté érotique de celle-ci.
Le film de Bianchi porte bien son titre, aussi bien italien qu'américain, soit respectivement "Nude per l'Assassino" et "Strip Nude for your Killer". Parce que de la nudité, il y en a et pas qu'un peu. Malheureusement, on en arrive au final à se demander si ce n'était pas la principale préoccupation du réalisateur de l'excellent et nanardesque "Le Manoir de la Terreur". En effet, on prendra plaisir à voir la plastique superbe des différentes actrices parsemant le film, comme l'ultra sexy Femi Benussi qui nous gratifie d'une scène dans un sauna très "hot" et bien sûr la merveilleuse Edwige Fenech, qui se pare d'une coupe "garçonne" qui va lui à ravir et n'hésite pas à nous dévoiler son anatomie. L'élément érotique étant souvent présent dans les gialli, on ne fera pas la fine bouche devant le nombre de scènes où les actrices sont totalement dénudées. Mais bon, on est également censé être dans un polar, où la présence d'un mystérieux tueur doit faire naître le suspense et maintenir l'attention du spectateur en éveil, ce dernier se demandant qui se cache derrière le casque du motard psychopathe. Et là, ben Andréa Bianchi a oublié cette notion de suspense, de tension, au profit de l'érotisme. Un savant mélange des deux aurait pu donner un grand giallo, mais la disproportion entre l'érotisme et le suspense est telle que c'est finalement l'ennui qui vient s'installer en cours de route.
Pourtant, le film démarrait fort bien, avec la séquence très glauque nous présentant l'élément déclencheur de la folie meurtrière du tueur, à savoir cet avortement raté et déguisé en mort naturelle. Dans notre esprit, plusieurs hypothèses viennent à émerger quant à l'identité du tueur, habillé en motard, casque sur la tête, (ne conduisant par contre jamais de moto mais une voiture !!!), look déjà connu et qui trouvera son apogée en 1981 dans "Les Yeux de la Terreur" de Ken Hughes. Serait-ce le petit ami de la victime ? Un membre de sa famille ? Une camarade mannequin désirant venger sa mort ? La directrice de l'agence ? Un photographe amoureux d'elle ? Bref, les pseudos coupables ne manquent pas et il est encore une fois fort dommage qu'Andréa Bianchi n'ait pas solidifié son histoire en jouant d'avantage sur le suspense et la peur.
Il se rattrape néanmoins sur le graphisme des meurtres, qui, sans être d'une violence inouïe non plus, voit couler le liquide rouge assez fréquemment. En fait, c'est plus le résultat des meurtres qui est violent que l'agression elle-même, où Bianchi se contente de nous montrer le tueur frapper ses victimes à coups de couteau. Par contre, les visions des corps mutilés sont assez efficaces, notamment le dernier meurtre où la caméra s'attarde sur les plaies d'un couple qui vient d'être assassiné. Pénis tranché, sein amputé, Bianchi ne fait pas dans la dentelle.
Niveau casting, on trouve comme cité plus haut l'adorable Edwige Fenech, qui a déjà vu sa vie menacée par des tueurs gantés dans de nombreux gialli comme "L'ile de l'épouvante", "The Strange Vice of Mrs. Wardh", "All the Colors of the Dark" ou "The Case of the Bloody Iris" par exemple. Dans le film critiqué ici, elle y est savoureuse comme à son habitude. Pour l'accompagner, c'est l'acteur Nino Castelnuovo qui s'y colle. On pourra être assez jaloux de Nino parce qu'il se tape quand même Femi Benussi et Edwige Fenech dans le même film ! Pour l'anecdote, la séquence où Edwige s'accroupie pour l'honorer d'une fellation qu'on devine, vu sa mine épanouie, a été rejouée plus de dix fois. Lors de la dernière prise, le pantalon de Nino a lâché et Edwige s'est retrouvée avec le sexe de Nino sur le visage ! On imagine la gêne de l'acteur et la surprise d'Edwige qui n'en demandait sûrement pas tant…
Pour ceux à qui le nom de Nino Castelnuovo ne dit rien, sachez qu'il interprétait le méchant qui donnait une sauvage punition à coup de fouet à Franco Nero dans le film de Lucio Fulci "Le Temps du Massacre". Castelnuovo est surtout connu pour avoir joué dans "Les Parapluie de Cherbourg" de Jacques Demy en 1964 ou pour son rôle dans le feuilleton télévisé italien "Les Fiancés", énorme succès avec plus de 18 millions de spectateurs. Dans "Nue pour l'Assassin", Nino incarne le photographe officiel de l'agence de mannequin, beau gosse charmeur et dragueur, qui fait tomber dans son lit toutes les filles. Ses quelques accès de colère pourraient également en faire un suspect potentiel. Le spectateur n'oubliera en tout cas pas Nino après avoir vu la scène finale du film, où, pour ne pas risquer de faire tomber Edwige enceinte, alors que cette dernière vient de lui dire qu'elle prend la pilule, il lui propose tout simplement de "passer par la porte arrière" si vous voyez de quoi je veux parler… Sacré Nino et sacré Andréa Bianchi, il fallait quand même oser la faire celle là !
Comme on le voit, le film n'est pas exempt d'humour mais celui-ci se révèle vite assez lourd, notamment avec l'utilisation de l'acteur Franco Diogene, qui nous gratifie d'une scène risible au possible, où il tente d'abuser d'un top model alors qu'il est impuissant. Après le départ de la jeune femme, il se console avec une poupée gonflable et on se dit que le film aurait gagné à couper au montage ce genre de séquences qui n'apportent rien et fait baisser le rythme du film qui n'est déjà pas très élevé.
Bref, petite déception en ce qui me concerne pour ce "Nue pour l'Assassin". Je pensais que l'élément érotique et horrifique était mieux réparti et surtout, qu'il y aurait un bon suspense et une bonne montée en tension jusqu'à la révélation finale. Il y a de bonnes choses dans le film, mais tout ne fonctionne pas et on n'est pas happé par l'intrigue, entrecoupée de scènes inutiles qui ne provoquent que la montée de l'ennui. Un giallo classique donc, qui ne laissera pas de souvenirs impérissables aux amateurs du genre, qui se laisse gentiment regarder sans provoquer d'émotions fortes, si ce n'est en dessous de la ceinture…
* Disponible en dvd chez http://www.neopublishing.com