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SMASH CUT | SMASH CUT | 2009
Affiche originale
SMASH CUT | SMASH CUT | 2009
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Smash cut

Smash cut

Réalisateur de mauvais nanars, Able Whitman vient encore d’essuyer un cuisant échec avec son dernier film "Terror Toy". Alors qu’il va se consoler dans les bras de sa muse Gigi, une strip-teaseuse, Able a un accident de voiture avec cette dernière, qui n’en réchappe pas. Il décide de ne rien dire à la police et utilise le vrai cadavre de son amie pour en faire un effet spécial. Les producteurs n’en reviennent pas du réalisme saisissant des effets spéciaux et félicitent Able. Notre réalisateur va alors sombrer dans une folie meurtrière afin d’utiliser le sang, les membres, les organes de ses victimes pour son nouveau film, "Terror Toy 2". Dans le même temps, la journaliste April Carson engage Isaac Beaumonde, un détective privé, pour tenter de retrouver sa sœur disparue, qui n’est autre que Gigi. Leur enquête va les mener à Able Whitman. Isaac élabore un plan : April doit devenir la nouvelle actrice star d’Able afin d’infiltrer le tournage et d’en apprendre plus sur le réalisateur, qui multiplie les morts violentes dans son entourage…

SMASH CUT | SMASH CUT | 2009

Le canadien Lee Demarbre voue une profonde admiration à Herschell Gordon Lewis et à ses productions indépendantes fauchées mais sympathiques. Une admiration sans borne au point de vouloir lui rendre hommage à travers un film. Ce sera donc Smash Cut, qu’il réalisera en une vingtaine de jours en 2009, avec un budget lui aussi pas bien élevé. L’élève veut marcher sur les traces du maître, de celui qu’on surnomme encore "The godfather of gore". Smash Cut s’ouvre d’ailleurs sur une citation de Lewis assez percutante : "Je vois le cinéma comme une industrie et je plains celui qui le voit comme une forme d’art". C’est assez direct, sans fioriture, et évoque bien l’état d’esprit qui règne dans le monde du cinéma : il faut qu’un film rapporte de l’argent, c’est le principal ! Le réalisateur de "Blood Feast" et de "2000 Maniacs" entre autres, viendra ensuite nous avertir personnellement que le film qu’on va visionner entre dans la catégorie des films les plus étranges du cinéma et qu’il ne faudra pas se plaindre à la fin de la projection puisqu’on a été prévenus ! Ca promet pour la suite !

Pour réaliser son film, Lee Demarbre a réuni un casting hautement sympathique, et qui correspond bien à l’esprit qu’il a voulu insuffler au sein de Smash Cut. Voyez donc : dans le rôle d’Able Whitman, on trouve le génial David Hess, célèbre pour avoir incarné le Krug de "La dernière maison sur la gauche" version Wes Craven. Dans le rôle du producteur, c’est l’étrange Michael Berryman, découvert lui aussi chez Craven dans "La colline a des yeux". Pour interpréter lors d’une courte scène le patron de la journaliste April Carson, c’est Herschell Gordon Lewis lui-même qui s’y colle. Dans le rôle (très court là aussi) d’un révérend venant réprimander les clients d’une boîte de strip-tease alors qu’il se fait faire des petites gâteries dans sa luxueuse voiture, c’est l’acteur Ray Sager qui est choisi, un habitué des films de Lewis qu’on a déjà vu dans "Gruesome Twosome", "Blast-off Girls", "The wizard of Gore" ou "The Gore Gore Girls" par exemple. Bref, des trognes bien connues des fans de films à petits budgets, et qu’on retrouve avec plaisir, même si, hormis David Hess, la plupart ont des rôles anecdotiques. Il manque évidemment à l’appel le second personnage principal du film, à savoir April Carson, interprétée par la jolie Sasha Grey. Pour qui ne connaîtrait pas la demoiselle, sachez qu’à 22 ans, elle a déjà à son actif plus de 180 films pornographiques, qu’elle a reçu 9 récompenses pour ses prestations assez "endiablées" dans cette catégorie de films et que Steven Soderbergh l’a choisie pour être le rôle principal de son "Girlfriend Experience" en 2009. Dans Smash Cut, elle s’en tire (sans jeu de mot foireux…) plutôt bien même si son personnage ne lui donne pas vraiment les moyens de montrer l’étendue de ses talents d’actrice traditionnelle. Sûr que la gente masculine aimerait bien la voir débarquer chez elle dans sa tenue d’infirmière pour quelques soins à domicile…

Hormis Sasha Grey, la principale attraction du film est donc la composition de David Hess. Avec quelques rides et quelques kilos en plus, l’acteur n’en reste pas moins reconnaissable et se donne sans compter pour incarner le réalisateur Able Whitman. Assailli par les critiques négatives, aussi bien de la presse que des spectateurs, notre malheureux n’a plus le cœur à l’ouvrage jusqu’à ce qu’un accident de voiture lui ouvre les yeux sur la triste réalité : les spectateurs et les critiques ont raison ! Les effets spéciaux et le sang confectionné pour ses films ont l’air bien trop faux pour être crédibles. Ca tombe bien, sa copine Gigi vient de passer de vie à trépas dans l’accident et elle, ce n’est pas une vulgaire poupée gonflable maquillée en trois minutes avec du latex et de la confiture. Le résultat ne se fait pas attendre et Able comprend, comme le héros du film d’Herschell Gordon Lewis "Color me Blood Red" en 65, que le vrai sang, c’est ce qui se fait encore de mieux en matière de réalisme ! La folie s’installe progressivement dans le personnage et David Hess nous livre une prestation tantôt hystérique et hallucinée (le passage sur "Hamlet", les meurtres), tantôt à mourir de rire vu les grimaces qu’il fait à l’écran. Car la présence de l’humour dans Smash Cut est totalement voulue par le réalisateur, qui emmène bien souvent son film vers l’univers de la parodie. Comment ne pas penser au film "Fondu au noir" de Vernon Zimmerman quand David Hess s’habille comme Clint Eastwood dans les westerns de Sergio Leone ou comme le capitaine Achab pour commettre ses meurtres ? Smash Cut est donc un film comico-gore mesdames messieurs, presque théâtral dans le comportement et les expressions de ses personnages, sachez-le avant d’enclencher le film si vous vous attendiez à un long-métrage horrifique sérieux.

Lee Demarbre s’est à nouveau associé à son pote Ian Driscoll pour réaliser Smash Cut. Les deux compères, respectivement réalisateur et scénariste, travaillent ensemble depuis 1999. Après un court-métrage, ils décident de passer au long avec "Jesus Christ Vampire Hunter" en 2001. En 2007, ils livrent un "The Dead Sleep Easy" dont vous pouvez voir l’affiche sur la devanture du cinéma qui diffuse le "Terror Toy" d’Able Whitman au début du film. Lee Demarbre nous a aussi envoyé du Canada en 2009 le film "Summer s Blood" avec la jolie Ashley Greene. Bref, que des films de genre, ce qui prouve qu’on a affaire à de vrais fans qui ont envie de réaliser leur rêve en passant derrière la caméra. Bien sûr, Lee Demarbre n’est pas James Cameron, et surtout, il n’a pas le budget qui va avec. Pour Smash Cut, ce n’est pas bien grave puisque le film se veut un hommage aux films fauchés. On a donc droit à quelques effets spéciaux qui font assez bricolés, comme ces intestins qu’Able presse dans ses mains pour en extraire le précieux liquide rouge. Idem pour les têtes coupées, membres sectionnés et autres petites joyeusetés gore qui sonnent très années 70 ! La séquence où des yeux sont crevés puis extraits de leurs cavités renvoie au classique "The Gore Gore Girls" de…Herschell Gordon Lewis, c’est bien, y’en a qui suivent ! On est à des années lumières d’un film comme "Guinea Pig 2 : flower of flesh and blood" niveau réalisme. Dans Smash Cut, on nage en plein Grand-Guignol artisanal et reconnaissons qu’ici, ça fonctionne plutôt bien. Si on sait à quoi s’attendre et si on est réceptif à ce genre d’effet. Pas sûr que les fanas que Tom Savini ou d’images de synthèse s’y retrouvent…

Malheureusement, tout n’est pas tout rose dans Smash Cut. Les séquences mettant en scène Isaac Beaumonde, le détective privée, semblent sortir d’un dessin-animé de "Tex Avery" mais le résultat n’est pas percutant et a pour effet de ralentir le rythme du film, qui avait pourtant très bien commencé. J’ai eu un peu de mal à accrocher à ce personnage et je n’ai pas trouvé très intéressant ses apparitions et ses scènes, faisant que l’ennui commençait à pointer son nez. Heureusement, David Hess a tôt fait de remettre les pendules à l’heure. Un défaut de rythme donc, avec des séquences dont on ne comprend pas bien l’utilité si ce n’est celle de meubler le film et de nous présenter des personnages farfelus (le militaire traumatisé après son retour de guerre dans la boîte à strip-tease qui s’amuse à faire cramer des petits soldats sur le comptoir…). Un petit raccourcissement de dix / quinze minutes environ et le film gagnerait en efficacité.

Avec son casting composé de "cool guys", David Hess en tête, avec sa jolie actrice(Miss Grey, pour un rendez-vous, c’est quand vous voulez…) qui se prend lors d’une séquence une bonne grosse giclée de…(pfff, bande de pervers) sang sur le visage, avec ses effets gore artisanaux, avec sa bonne humeur communicative, et avec aussi ses défauts, Smash Cut plaira avant tout au public auquel il est destiné : celui des amateurs de films d’horreur kitsch, qui verront dans le long-métrage de Lee Demarbre un véritable hommage à ce grand monsieur qu’est Herschell Gordon Lewis. Si vous êtes totalement réfractaire à "Blood Feast" (dont on entend la partition musicale lors d’une séquence) ou à la filmographie de ce réalisateur culte, vous pouvez passez votre chemin, Smash Cut n’est pas pour vous ! Les autres, vous pouvez y aller, c’est franchement très sympa ! Pas indispensable mais très sympa !

SMASH CUT | SMASH CUT | 2009
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Note
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Stéphane Erbisti