Elves
Elves
1984, Joe Dante surprend tout son petit monde avec "Gremlins", et sera frappé du même sort que celui de "L'exorciste" ou des "Dents de la mer" : devoir subir des dizaines d'avatars et d'ersatz, en grande partie ratés. Deux dérivés de ce film culte marqueront à leur tour le monde de la série B : "Critters", tétralogie assez décevante sauvée de justesse par sa sympathie et un excellent deuxième volet, puis "Ghoulies", modeste série Z nous balançant les petits monstres les plus moches des années 80, qui sera également suivi de trois suites.
Si "Critters" se rapproche davantage de "Gremlins", de nombreux avatars préfère reprendre la médiocrité d'un bon vieux "Ghoulies" : "Troll", petit film Fantasy amusant et sa suite abominable, "Munchies" dont l'affiche VHS (un machin aux dents pointues matant les dessous d'une robe) résume assez bien l'idée générale, et "Elves", le moins connu de tous, mais forcement pas le pire.
Car difficile de faire pire qu'un "Ghoulies" voir que "Troll 2", mémorable machin filmique où des gnomes à tête de gnouf transforment les humains en plantes pour mieux les bouffer (c'est bien connu, "manger bio"). "Elves" reprend donc la hauteur du budget d'un "Ghoulies" (donc pas grand-chose), se fout carrément du scénar et de son monstre, et atteint pourtant une certaine sympathie. Magie du nanar sans doute…
Dès la découverte de la VHS, on connaît clairement les intentions du monstre : "Je m'appelle Elves, je viens pour détruire le monde", c'est sympa ça mais un peu excessif sur les bords, car finalement, le méchant Elfe n'est pas prêt de détruire notre planète bleue vu sa dégaine et ses manies. Donc, après les créatures chinoises, les démons de l'enfer, les extra-terrestres, et ben voila les elfes, enfin UN elfe. Car malheureusement, il n'y en a qu'un seul ici, étant donné l'étroitesse du budget, il vaut mieux s'abstenir d'aller trop loin, n'est-ce pas ?
Tout comme dans "Gremlins", le film se déroule pendant les sempiternelles fêtes de noël. Pas d'attaque directe à la fête cependant, seule l'héroïne semble vouer une douce haine à ce célèbre moment de l'année. La jeune et jolie Kirstie sera donc l'héroïne du film, travaillant comme serveuse dans un centre commercial entièrement consacré aux fêtes de fin d'années. Elle se lie d'amitié avec Mike, un ex-flic devenu SDF, cherchant désespérément un travail. Mais la famille de la jeune fille n'a rien de vraiment rose : la mère est une mégère sadique et implacable, le frère de Kirstie est un véritable petit monstre, et le grand père est un être autoritaire, continuant à emmerder son monde dans son fauteuil roulant.
Avec l'aide de ses deux copines, Kirstie fait un tour dans les bois pour pratiquer un étrange rituel magique, histoire de s'éclater un peu comme des bêtes. Pas de bol, Kirstie se coupe avec des éclats de verres et répand accidentellement quelques gouttes de sang sur le sol. Le surnaturel est dans l'air, une main en plastique sort de la terre, enfin, l'elfe diabolique a ressuscité !
Au fur et à mesure du film, on comprendra évidemment la nature du petit monstre, soulevant quelques secrets assez scabreux dans la petite famille de Kirstie. Et l'une des premières nouvelles à prendre en compte sera que le sanguinaire elfe ne veut pas dévorer la jeune fille, mais s'accoupler avec elle !! Pourquoi ? Parce que Madame est vierge, et il serait idiot de gâcher la suite. Les attaques du monstre pourront commencer lorsque la petite blondasse décide de passer une nuit dans le centre commercial, en compagnie de ses amies surexcités, qui ne pense qu'à la seule chose que peut penser une ado dans un tel genre de film : forniquer tout simplement.
Si la réalisation est parfaitement médiocre, on sera étonné par quelques élans de méchancetés hallucinants dans la première partie du film : la mère de Kirstie s'empresse de noyer le chat de celle-ci dans les toilettes pour libérer un peu ses pulsions malsaines, et dans une scène savoureuse, un père noël grossier va se sniffer un peu de coke dans sa loge, avant de se faire purement et simplement ruiner l'entrejambe à coups de couteau par ce petit malin d'elfe. Coté gore, cela suffira amplement malheureusement, puisqu'on assistera seulement par la suite à une vilaine électrocution dans une baignoire. Le film n'est pas PG-13 pour rien et c'est bien dommage. Quand à ceux qui se demanderont d'où vient ce cadavre ensanglanté en photo un peu plus haut, il n'est que le résultat d'un violent et timide gunfight.
Et le monstre alors ? Et bien pour être direct, il est le seul et unique élément involontairement drôle du film. Il sera très difficile de ne pas pouffer de rire lors d'une apparition de l'affreux jojo, encore plus mal animé qu'un Ghoulies. Car le problème ne vient pas du look, assez moche quand même, mais de l'animation du monstre, inexistante, qui se contente d'avoir la bouche constamment ouverte. Pour les facéties, pas grand-chose non plus : monsieur est un gros goulu qui bouffe le cadavre du chat et une grenouille (voire éventuellement la main d'un cadavre !) et s'habille en père noël le temps de quelques secondes. Jamais sérieux ces monstres…
Pas vraiment drôle dans sa médiocrité, "Elves" est un film assez fade, qui manque énormément de folie. Au rayon sourire, seule la réplique "- Il se passe quelque chose de grave ? – Ton grand père est un nazi" fait quelque peu mouche, et rayon idées, le plan final surprise fonctionne assez bien. "Elves" reste pourtant un cas particulier : ni trop nul pour rentrer dans les rangs des pires nanars, ni trop "différents" pour attirer un temps soit peu, pas vraiment recommandable non plus, il restera un petit produit Z inoffensif, sans prétention ni grand ambition.