Angel heart
Angel heart
Harold Angel est un détective privé plutôt raté de Brooklyn, athée et très personnel. Un jour, il reçoit un coup de fil d'un avoué de justice (c'est comme un avocat, mais la note est plus salée)... Cet avoué travaille pour Louis Cypher qui souhaite confier une mission à Angel, qu'il prétend avoir découvert parce que son nom commence par un A, et qu'il était en tête de liste des pages jaunes.
La vie d'Harold Angel va basculer lorsqu'il reçoit ce coup de fil. Effectivement, étant habitué aux histoires banales de divorces, Angel va alors être irrémédiablement attiré par la proposition de Louis Cypher, un "étranger" dont il pense que le nom est un calembour à trois sous. Cette proposition consiste à retrouver un certain Johnny Favorite, un homme devenu amnésique et perdu dans la nature qui aurait des dettes envers Louis Cypher. Ce dernier se gardant par ailleurs bien de préciser à Angel quel genre de dettes. Ce qui aura pour effet d'intéresser le détective, curieux de nature. Cette péripétie va conduire notre héros vers la Louisianne, terre du Vaudou...
Mickey Rourke, alors à cette époque acteur pour midinettes, nous interprète ici un personnage plutôt névrosé, et même peureux. De ce fait on ressent un doute quant au choix de son métier de détective privé, qu'il ne semble pas assumer au premier abord. Mais par moments on ressent une réelle personnalité, l'envers du décor en quelque sorte, et plus on avance dans le film, plus cela devient flagrant. On appréciera particulièrement son ironie et ses répliques dignes d'un fidèle adepte des emballages de Carambars ou de l'émission de Laurent Ruquier. Il en vient même par moments à être sadique, pour le plaisir.
Robert De Niro est tout simplement splendide. Son personnage sombre et mystérieux semble bien sûr de lui et de ses désiratas. Il surenchérit à chaque fois qu'Angel lui étale une personnalité qui ne lui convient pas. Il souhaite voir Angel fidèle à une image qu'il a parfaitement en tête et ne cesse de le pousser à continuer, appréciant de le voir dévoiler une "autre" personnalité. Mais aussi de le voir flipper, il y prend un réel plaisir.
Alan Parker filme ici de manière plutôt traditionnelle. Cependant il affectionne plus particulièrement les plans serrés, bien évidemment pour renforcer l'aspect angoissant et claustrophobe du métrage. Ce qui contraste curieusement avec les merveilleux décors extérieurs naturels de la Louisiane, cette fois-ci cadrés en plan large, comme pour aérer l'histoire afin que le spectateur ne se sente pas trop lassé et fasse quelque pauses pour reposer sa cervelle. Les plans larges sus-cités servent une photographie exemplaire, contrastée comme il a été précisé, oscillant entre teintes chaudes et froides. On appréciera également d'autres coupures représentées par les cauchemars d'Angel, qu'on imagine alors sombrer dans la folie.
Le scénario étant subtil, il faudra beaucoup de perspicacité pour deviner la fin du film à première vue, et là aussi, Alan Parker se régale et ça se voit. Il joue avec le spectateur, le faisant presque vivre la folie destructrice d'Angel.
Trevor Jones, curieusement pas si connu que ça, optera ici pour une musique de film policier pure et dure. J'entends par là un blues typique et apaisant. Ce qui permet de gommer partiellement l'aspect fantastique pur du film et certainement porter "Angel Heart" envers un public plus large.
En résumé, "Angel Heart" nous transporte non seulement hors du temps, mais dans un autre univers. Le seul moment où l'on atterrit étant à la fin du film, que je me garderai de vous dévoiler ici. Ce métrage me fait penser au jeu Maupiti Island, en extrêmement plus glauque et fait quoiqu'il en soit référence aussi bien dans le monde du Polar que celui du Fantastique. C'est ce que l'on appelle un film de box office, une perle pour beaucoup de monde.
* Le film est basé sur un roman, qui, pour une fois, est de moindre qualité que le long métrage.