Chromosome 3
The brood
Frank Carveth éduque seul sa fille Candice depuis que sa femme Nola, psychologiquement instable, a été placée dans l'institut du docteur Raglan. Ce dernier a mis au point une nouvelle forme de thérapie qu'il utilise sur ses patients. Quand Frank découvre des marques de violence sur le dos de sa fille, qui a droit de voir Nola le week-end, il se rue chez Raglan pour demander des explications. Ce dernier n'étant pas très causant, Frank le menace de ne plus amener Candice voir sa femme, qu'il tient pour responsable des coups. Le temps de gérer la situation, Frank emmène Candice vivre chez sa grand-mère. Peu de temps après, celle-ci est assassinée par un curieux intrus de petite taille...
L'AVIS :
Après "Frissons" (1975) et "Rage" (1977), David Cronenberg poursuit son travail sur la thématique du corps et de ses mutations avec l'impressionnant "Chromosome 3", titre français un peu ridicule il faut bien le reconnaître. Le réalisateur canadien livre ici une oeuvre majeure de sa filmographie, véritablement malaisante, et à l'aspect horrifique on ne peut plus efficace. Réalisé en 1979, "Chromosome 3" est un must de ce qu'on a appelé le Body Horror, et les images chocs du film hanteront longtemps votre mémoire, que ce soit les espèces de gnomes monstrueux dont l'origine vous fera froid dans le dos, les scènes de meurtres dont celle, très perturbante, d'une enseignante en pleine classe et qui est entourée de jeunes enfants, la séquence dans le grenier avec la présence de toute cette "couvée" (le titre original The Brood) et bien sûr la scène avec l'effrayante Samantha Eggar qui fait une révélation on ne peut plus tétanisante et écœurante à son mari, je laisse la surprise à ceux qui n'ont pas vu le film.
Inventif et perturbant, le scénario écrit par Cronenberg lui-même nous dépeint la nouvelle thérapie mis en place par le docteur Raglan, très bien interprété par un Olivier Reed assez froid et méthodique mais qui réveillera les faiblesses et les peurs de son personnage lors du final. Une thérapie d'un nouveau genre et qui permet au réalisateur de jouer sur son thème de prédilection, à savoir la chair, le corps et ses mutations comme déjà dit. Cette thérapie, unique en son genre, permet au docteur Raglan de matérialiser les troubles mentaux de ses patients. Le milieu médical a toujours intéressé Cronenberg et il en fait à nouveau une brillante démonstration ici.
Le film débute comme un drame familial, avec le héros, Frank Carveth, joué par Art Hindle, qui est en instance de divorce à cause des troubles mentaux de sa femme Nola. Mari aimant, il a placé cette dernière dans l'institut du docteur Raglan pour tenter de la guérir. Il élève sa petite fille Candice, interprétée par une excellente Cindy Hinds, dont elle seule à le droit de rendre visite à sa mère durant le traitement. Une mère qui s'est montrée violente envers sa fille et qui est soignée pour comprendre d'où vient cette violence. La découverte de nombreux bleus et griffures sur le dos de Candice alerte Frank, qui comprend que sa femme s'en est encore prise à elle au sein même de la clinique de Raglan. Débute alors une spirale infernale pour le père et sa fille, qui ne cessera de tendre vers la monstruosité et le sordide.
La mise en scène de Cronenberg est parfaitement maîtrisée, jouant admirablement bien avec la tension, se montrant nerveuse quand il le faut. Le casting s'en sort admirablement bien et la musique d'Howard Shore accompagne parfaitement les images, créant ce malaise insidieux qui ne cesse d'augmenter chez le spectateur. Difficile de parler de "Chromosome 3" sans en dévoiler les mécaniques et les troublantes révélations. Le film a, en tout cas, conservé sa puissance évocatrice et il demeure toujours aussi efficace revu de nos jours, contrairement à l'oeuvre suivante de Cronenberg, Scanners, qui, pour ma part, supporte beaucoup plus mal le poids des années. Grand film d'horreur corporel, "Chromosome 3" reste à redécouvrir et s'avère un fleuron 70's du genre !