Classic horror story - a
Classic horror story - a
Devant se rendre dans une clinique pour se faire avorter, Elisa utilise un service de co-voiturage. Elle se retrouve dans le camping-car de Fabrizio, un fan de cinéma, et en compagnie d'un jeune couple d'amoureux, Mark et Sofia, et d'un médecin en instance de divorce, Riccardo. En voulant éviter la carcasse d'un animal mort sur la route, le conducteur fait une manœuvre désespérée et plante le véhicule contre un arbre. Lorsque les membres du groupe se réveillent suite au choc, ils découvrent que le camping-car a été déplacé. Les cinq compagnons de route sont au beau milieu de nulle part, la seule habitation semblant être une sorte de petite église située au sein de ce décor bucolique. La décoration de l'intérieur de cette curieuse maison provoque une certaine montée de stress parmi le petit groupe...
L'AVIS :
Le titre de ce film porte bien son nom : "A Classic Horror Story". Les deux réalisateurs italiens, Roberto De Feo et Paolo Strippoli, ne nous mentent pas sur la marchandise. En voulant faire un petit condensé de ce qu'ils aiment dans le cinéma d'horreur, ils nous offrent un véritable catalogue d'influences et de clins d'oeil, certes, mais très bien mis en scène et qui fonctionnent à plein régime. Tous les clichés sont présents, que ce soit dans la caractérisation des personnages, la mise en place des événements, la montée progressive du suspense et de la tension. Le film joue dans la cour du Folk Horror, sous-genre du cinéma d'horreur que j'apprécie particulièrement, avec ses citadins devenant la proie de groupes aux rites ruraux d'un autre temps. Le succès récent de l'excellent "Midsommar" d'Ari Aster a remis au goût du jour le Folk Horror, popularisé en son temps par des titres tels "Le Grand Inquisiteur", "La Nuit des Maléfices" et "The Wicker Man". Plus récemment, des films comme "Kill List", "Hagazussa - A Gothic Folk Tale", "The Ritual", "Le Bon Apôtre" ou "The VVitch" ont également proposé une nouvelle vitrine pour le Folk Horror, qui ne compte pas tant de titres que ça dans son catalogue. On pourra donc y ajouter A Classic Horror Story.
Parmi le casting, on trouve la jolie Matilda Lutz, qui poursuit tranquillement son petit bout de chemin dans le genre, après "Rings", "Revenge" ou la mini-série française "Ils étaient Dix". L'actrice née à Milan interprète ici Elisa, une jeune femme enceinte qui doit se résoudre à aller se faire avorter, opération plébiscitée par sa mère. Pour l'amener à la clinique, elle choisit l'option du co-voiturage, très en vogue ces derniers temps. Le véhicule est un camping-car, conduit par Fabrizio (Francesco Russo) qui semble fan de cinéma d'horreur. Les autres passagers sont au nombre de trois : le couple Mark (Will Merrick) et Sofia (Yuliia Sobol) ainsi que Riccardo (Peppino Mazzotta), un médecin à la vie sentimentale compliquée. Le trajet se déroule sans encombre, le petit groupe apprenant à se connaître. Les acteurs jouent bien, certaines répliques nous font sourire et l'ambiance est détendue. Bien sûr, on se doute qu'un événement va venir briser cette apparente harmonie. Ce sera bel et bien le cas avec une carcasse d'animal mort que le véhicule va devoir éviter. Manque de bol, Fabrizio a du céder sa place au volant à un Mark un peu aviné et c'est l'accident. Jusque là, pas grand chose d'original à se mettre sous la dent mais la mise en scène est soignée et le divertissement est au rendez-vous.
C'est ensuite que notre intérêt va grandir. Car les passagers du camping-car se réveillent dans un endroit autre que le lieu de l'accident. Comme si quelqu'un avait déplacé le véhicule. Les clins d'oeil à "Midsommar" frappent alors le spectateur qui a vu ce film : on se retrouve dans une grande prairie en plein soleil et surtout en présence d'une unique maison, en forme de petite église un peu inquiétante, qui nous fait clairement penser à la cabane d'"Evil Dead". La découverte de l'intérieur, avec sa curieuse décoration, viendra intensifier l'impression que quelque chose cloche. Des tas de représentations d'un folklore local sont disséminées dans la demeure et on se doute q'un culte religieux étrange vit dans les environs. L'apparition de personnes revêtues de masques et plutôt peu enclin à la fraternité va faire basculer le film dans une sorte de huis-clos intrigant et inquiétant, la survie des protagonistes principaux devenant le principal attrait du film. De nombreuses séquences nous font irrémédiablement penser à des films qu'on a déjà vu, avec un très beau travail sur la lumière et les couleurs.
Alors oui, c'est vrai que les deux réalisateurs ne cherchent jamais à s'affranchir de leurs modèles, ce que certains semblent leur reprocher. Pour ma part, je trouve leur démarche intéressante et respectueuse du public puisqu'il veulent nous proposer "une histoire d'horreur classique". Pas quelque chose de profondément original, non. Ils jouent avec les ficelles, les codes, les clichés inhérents au genre, ne cherchent pas à s'en défaire, à les contourner, à les réinventer. Ce qui aurait été à l'encontre de leur démarche justement. Il n'y a donc pas tromperie sur la marchandise comme dit plus haut. Et c'est vraiment bien foutu, avec une recherche esthétique qui nous plonge au cœur même des événements proposés. Le final, possédant une réelle dimension d'humour noir, pourra faire grincer des dents mais pour ma part, j'ai trouvé ça très astucieux, cohérent et surtout amusant. Vraiment une bonne découverte que ce "A Classic Horror Story", qui ne se moque jamais du genre auquel il veut rendre hommage.