Affiche française
CUTTING MOMENTS | CUTTING MOMENTS | 1997
Affiche originale
CUTTING MOMENTS | CUTTING MOMENTS | 1997
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Cutting moments

Cutting moments

Rareté aussi courte que sanguinolente, "Cutting Moments" est l'un des courts-métrages de Douglas Buck, personnalité à suivre de toute urgence, fondateur d'une trilogie choc qui a su rapidement se faire remarquer dans son beau pays. En quelques mots, "Cutting Moments" est la déchéance sanglante d'une petite famille middle-class, cachant de bien sombres travers.

CUTTING MOMENTS | CUTTING MOMENTS | 1997

Dans sa petite carrière, Douglas Buck était déjà au poste de scénariste dans le tromesque "Terror Firmer", qui fut le seul film de l'écurie Troma sur lequel il travailla. Si on remonte encore plus loin, en 1995 exactement, il signait son premier court : "After All" puis enchaîne sur SA trilogie de courts métrages, commençant en 1997 jusqu'en 2003.

Une trilogie baptisée "Family Portraits : A Trilogy of America" où Buck démantèle la vision de la famille américaine de classe moyenne avec un réalisme ébouriffant. Trois courts-métrages donc : "Home", "Cutting Moments" et "Prologue". Sélectionné dans de nombreux festivals (et primé souvent par la même occasion), "Cutting Moments" ne débarquera chez nous que par deux voies : d'abord à L'étrange Festival puis une diffusion lors d'une soirée gore sur une chaîne du câble. Des réalisateurs comme Abel Ferrara ou encore Gaspar Noé ont d'ailleurs assez bien sollicité les courts de Buck, qui le mènent gentiment vers une carrière prometteuse.

Si on devait situer approximativement le style de Buck, on pourrait parler d'un mixte entre Larry Clark et Jorg Buttgereit. Clark d'abord pour cette vision crue et déstabilisante de l'Amérique, mais véritable d'une certaine manière, puis Buttgereit pour ce même réalisme mais plus glauque, ainsi que la réalité face à des tabous aussi extrêmes que morbides. Seulement, Buck ne prend parti d'aucun effet de style voyant (mouvement de caméra sidérant, éclairage malsain, musique, utilisation de la DV…) et ne fait jamais surjouer ses acteurs. Leur naturel est d'ailleurs très inquiétant, peut être même trop.

Le court commence en montrant une petit famille américaine soit-disant modèle. Pourtant les couleurs sont ternes, le temps est à l'orage, la mère déprime en silence, le bambin joue avec des figurines sans vraiment s'amuser, le père coupe des herbes, impassible. Lorsque le papa à son fiston confisque des Powers Rangers placés dans des positions assez équivoques, quelque chose nous indique que rien ne va, ou pire que quelque chose s'est passé. La petit garçon aurait-il surpris ses parents pendant l'acte ? Mystère, ce qui n'empêche pas de découvrir lesdits jouets dans une corbeille, complètement en morceaux.

Même pendant le repas, personne ne dit rien. Silence malsain, inconfortable. Il n'y aucune musique, aucune parole ou aucun geste alarmant. Ces non-dits, ce silence, ces personnalités étranges et sûrement refoulées renvoient directement au cinéma de Ingmar Bergman. L'épouse découvre que sa mère a envoyé une photo de mariage, malheureusement déjà rangée dans la chambre. Une piste est enfin donnée lors de cette séquence où on entend dire qu'un procès aura lieu le lendemain, et que le jeune garçon serait prit sous l'aile de certains avocats ou de tuteurs potentiels.

Le soit-disant secret est révélé de manière sous-entendue pendant la nuit, lorsque le mari quitte son lit pour rejoindre son fils. On ne verra strictement rien, les phrases sont quasiment inaudibles, mais l'épouse elle, se doute bien de l'acte ignoble de son mari. Pour oublier, elle se plonge dans une photo de mariage pour réaliser qu'elle est malheureusement tombée sur la mauvaise personne. C'est peut-être le moment pour elle de se ressaisir et de récupérer son petit mari.

Les choses vont petit à petit prendre une tournure inattendue, lors d'une journée à priori banale. Le mari regarde la télé, le petit garçon joue non loin du home sweet home, et la jeune femme peut rentrer en scène.

La frêle petite femme va à l'encontre de son mari, endossant une belle robe rouge et utilise un rouge à lèvres "rouge sang". Pas de chance, il l'ignore complètement, elle n'existe plus, c'est un fantôme. Désemparée, elle démoralise dans la salle de bains et efface violemment son rouge à lèvres. En se coupant avec le cadre d'une photo de famille, elle a une sorte d'éclair. La famille lui a fait mal (le cadre), et se demande si " le sang " ne pourrait pas changer tout ceci (elle dessine un sourire avec son propre sang).

En quelques minutes insupportables, elle se broie littéralement les lèvres avant de les couper avec un ciseau. Zombie ensanglantée, tremblotante et affreuse, larmoyante et pitoyable, elle rejoint son mari qui semble enfin se réveiller. Sachez que je ne raconterai cependant pas la séquence finale, une sorte de dernier élan d'amour impensable et abominable, un acte morbide et mortel que certains rapprocheront peut-être des séquences finales de "Nekromantik" 1 et 2. Mais là encore, l'aspect glacial et sans ironie réussit à faire pire que les deux morceaux d'horreurs pures que je viens de citer.

Les effets gores sont d'ailleurs assurés par Tom Savini, qui fait encore une fois de véritables merveilles mais en aucun cas ici "fun". D'ailleurs le sir aurait déclaré que c'est l'un des films les plus écœurants qu'il ait vu.
Pour découvrir ce bijou, c'est le DVD deux disques "Family Portraits : A Trilogy of America". Ricain oblige, le DVD est rare, très rare. Il contient bien sûr des bonus ainsi que les deux autres volets de cette trilogie. Bien entendu tout ceci est réservé à un public très averti.

CUTTING MOMENTS | CUTTING MOMENTS | 1997
CUTTING MOMENTS | CUTTING MOMENTS | 1997
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* Voici un lien pour découvrir,SI VOUS ETES VRAIMENT CURIEUX, le trailer de Cutting moments et des autres courts de Douglas Buck:
http://www.glasseyepix.com/html/bucktrailer.html

Note
5
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Jérémie Marchetti