Dracula et ses femmes vampires
Bram Stoker Dracula
Dan Curtis Dracula
Jonathan Harker se rend en Hongrie afin de rencontrer le comte Dracula qui désire acquérir une demeure en Angleterre. Rapidement, Jonathan découvre quel monstre se cache derrière l’apparence raffinée du comte. Ce dernier tombe sous le charme de Lucy, une jeune femme qui lui rappelle son amour passé. Retenant Jonathan prisonnier dans son château, le comte se rend dans sa nouvelle demeure et vampirise la pauvre Lucy. Inquiet pour la santé de la jeune femme, son fiancé Arthur demande l’avis du docteur Van Helsing, qui ne tarde pas à comprendre qu’elle est la victime d’un vampire…
Dan Curtis est célèbre pour avoir créé la série Dark Shadows en 1966, dont Tim Burton a fait un remake en 2012 mais pas seulement. On doit en effet à Dan Curtis, en tant que réalisateur, de nombreuses œuvres en rapport avec le genre qui nous intéresse, comme par exemple les deux films issus de sa série, "House of the Dark Shadows" et "Night of Dark Shadows", mais aussi les téléfilms "The Night Strangler" en 71, "Scream of the Wolf" et "Le tour d’écrou" en 1974, le tétanisant "Trauma (1976)" ou le non moins effrayant "La malediction de la veuve noire" en 77. Dan Curtis est également un scénariste réputé et un producteur avisé. Il produit d’ailleurs en 1968 un téléfilm basé sur la nouvelle « l’étrange cas du docteur Jekyll et Hyde », et met Jack Palance en vedette. La rencontre se passe plutôt bien entre les deux hommes et Dan Curtis propose au célèbre acteur de jouer le rôle du comte Dracula dans une adaptation du roman de Bram Stoker qu’il doit réaliser, s’étant offert les talents de Richard Matheson pour l’écriture du scénario. Un téléfilm réalisé en 1974 donc et qui s’offrira le luxe de sortir dans de nombreuses salles de cinéma, et notamment en France sous le titre plus explicite et plus vendeur de "Dracula et ses femmes vampires".
Si le film nous rappelle par certaines scènes le chef-d’œuvre de Terence Fisher "Le cauchemar de Dracula" (notamment lors du final dans lequel Van Helsing arrache les grands rideaux afin de faire pénétrer le soleil dans la pièce où se trouve Dracula), avouons que le téléfilm de Dan Curtis n’atteint pas l’excellence de ce dernier même si c’est une adaptation largement fréquentable. Si l’aspect téléfilm est omniprésent (on sent qu’il y a un budget correct derrière mais sans plus), s’il manque les superbes couleurs des films de la Hammer ainsi que des actrices charismatiques comme on en trouvait dans les films du célèbre studio anglais, « Dracula et ses femmes vampires » n’est pas inintéressant pour autant. Reprenant les grandes lignes du roman de Bram Stoker tout en s’accordant de nombreuses infidélités, ce téléfilm s’avère vraiment plaisant à regarder si on n’en attend pas trop. Décors soignés, costumes classieux, mise en scène rigoureuse offrant certains plans originaux, progression de la dramaturgie efficace, évocation du personnage de Vlad Tepes, thème de l’amoureuse réincarnée qui trouve bien sa place ici, ambiance lugubre, austère même, qui accompagne bien les images vues sur l’écran, de même que la bande originale adéquate, et casting bien employé, font de ce « Dracula et ses femmes vampires » un spectacle non dénué de charme et d’intérêt malgré son manque flagrant de flamboyance.
Jack Palance, dans le rôle du comte Dracula, n’a certes pas le charisme animal de Bela Lugosi ou le raffinement certain de Christopher Lee. Néanmoins, il interprète Dracula de façon plus que correcte et n’a pas à rougir de sa prestation. On aurait peut-être apprécié un peu plus de folie dans son jeu mais son interprétation correspond bien à ce que nous renvoie le téléfilm dans son ensemble : « Dracula et ses femmes vampires » nous apparaît comme très « classique » dans son approche, ce qui n’a rien de péjoratif, mais Dan Curtis se montre vraiment sérieux à tous les niveaux et jamais le film ne part dans des délires outrageusement gore ou dans une frénésie visuelle. Sobre, voilà l’adjectif qui convient à cette réalisation de Dan Curtis. A l’image de la prestation également de Nigel Davenport, qui interprète un Van Helsing épuré, très calme, sans aucune exubérance. Autre acteur qu’on prend plaisir à retrouver, Simon Ward, qu’on n’a pas oublié dans « Le retour de Frankenstein » dans lequel il était l’associé de Peter Cushing. Il joue ici le fiancé de la pauvre Lucy, dont la découverte, morte, le visage livide, est une des images marquantes de « Dracula et ses femmes vampires ».
L’amateur d’effets sanglants en sera quant à lui pour ses frais, même si le précieux liquide rouge, si cher au cœur du roi des vampires, est néanmoins bien présent. Les effets spéciaux sont tout en retenue et n’interviennent que modérément : pieu enfoncé dans le cœur, morsure au cou des victimes, sang coulant de la bouche des vampires. Idem pour l’érotisme, notion souvent présente dans les films de vampires, qui est quasiment absente ici. On retrouve certes un trio de vampires féminins mais les actrices sont plutôt quelconques et ne laisseront pas de souvenirs impérissables dans le cœur des fans de jolies filles pulpeuses aux canines acérées.
En tout cas, "Dracula et ses femmes vampires" n’est pas à ranger aux oubliettes et on remerciera Filmédia de l’avoir exhumé en DVD et BR, dans une très jolie copie qui plus est. C’est un téléfilm qui mérite votre attention et qui saura satisfaire les fans de films de vampires et ceux qui aiment doucement frissonner devant leur écran.
* Disponible en DVD et BR chez Filmédia