Extremely wicked, shocking evil and vile
Extremely wicked, shocking evil and vile
Liz, une mère célibataire tombée amoureuse de Ted Bundy, refuse de croire à ses crimes pendant des années. Lors du procès de celui qui deviendra l'un des plus célèbres serial-killers des Etats-Unis, son amour sera sérieusement remis en cause...
L'AVIS :
En 2019, le réalisateur Joe Berlinger s'est pris de passion, pourrait-on dire, pour le tueur en série Ted Bundy, qui fût exécuté le 24 janvier 1989 en Floride. En effet, cette même année, il réalise le documentaire Ted Bundy : autoportrait d'un tueur mais également le film "Extremely Wicked, Shockingly Evil and Vile", qui relate l'affaire Bundy vu à travers les yeux de Liz Kendall, sa petite amie de l'époque. Le titre, qui peut sembler énigmatique, provient en fait du discours final du juge chargé de l'affaire, qui dira "la Cour a jugé que les crimes commis étant particulièrement atroces et cruels, extrêmement vicieux, scandaleusement abominables et ignobles..."
Le nombre de victimes réelles de Ted Bundy reste encore un mystère. Peu avant son exécution, il en a avoué une trentaine mais d'après certains experts, ce chiffre doit probablement être revu nettement à la hausse. Malgré ses allures de séducteur et de monsieur tout-le-monde, gentil et serviable, Theodore Robert Bundy était un véritable monstre qui a tué, massacré, violé ses victimes, parfois même plusieurs jours après leur mort, qui en a décapité plusieurs, conservant leurs têtes dans son appartement.
Connaissant parfaitement la loi, il a fait de son procès, le premier entièrement diffusé à la télévision, un véritable show à l'américaine, renvoyant son avocat qu'il trouvait incompétent, assurant lui-même sa défense, charmant le juge par sa répartie, et demandant même une de ses ex toujours amoureuse de lui, Carol Ann Boone, en mariage en pleine audition ! Cela ne suffira pas pour obtenir la clémence du jury et il sera déclaré coupable et condamné à la mort par électrocution.
C'est Zac Efron qui endosse la peau d'un des pires tueurs en série américain et l'acteur s'en sort particulièrement bien, mettant en avant l'apparente normalité de son personnage et surtout son charisme, qui lui a permit de séduire de nombreuses jeunes femmes. L'intérêt de ce film est qu'il ne montre aucun meurtre, qu'il ne joue absolument pas sur le voyeurisme pervers ou le sensationnalisme. On suit Ted Bundy vivre sa vie au côté d'une jeune mère célibataire, Liz Kendall, qui ne se doute de rien et aura bien du mal à croire que son charmant fiancé est un sociopathe de la pire espèce.
Connaissant parfaitement son sujet, Joe Berlinger livre un biopic original, tourne des scènes similaires avec ce qu'il s'est réellement passé, reprend les dialogues véritables entendus lors du procès de Bundy. L'amateur de sensations fortes en sera pour ses frais puisque, à part une photo particulièrement macabre vue vers la toute fin du film, il n'y a quasiment pas une goutte de sang ou scène de violence dans Extremely Wicked, Shockingly Evil and Vile.
Ce qui n'empêche pas le film de faire froid dans le dos, notamment lors du procès et de la scène de la dentition. Mais on a réellement affaire à un film qui s'affirme dans la sobriété, ne décrivant même pas la nature effroyable des meurtres de Bundy. Ce qui fait, qu'au final, si on ne connaît pas cette affaire et l’ignominie de ses crimes, on en arrive presque à le trouver sympathique et à croire à son innocence, jusqu'à sa confrontation finale avec Liz Kendall dans un parloir, où le simple fait d'écrire un mot sur la paroi les séparant provoque un réelle sentiment de malaise. Une approche différente donc d'un sujet passionnant et que j'ai beaucoup apprécié.