Affiche française
MONDO CANE | MONDO CANE | 1962
Affiche originale
MONDO CANE | MONDO CANE | 1962
Date de sortie
Pays
Genre
Cast
Stefano Sibaldi (narrateur)

Mondo cane

Mondo cane

Inventant à lui seul un sous-genre très particulier, le "mondo", Mondo Cane a bien sûr influencé des films comme "Cannibal Holocaust" ou encore la série des "Face à la mort" en montrant sous forme d'un pseudo documentaire, des images plus ou moins réelles, récupérées au quatre coins du monde. Des images choquantes, folles, pittoresques, horribles bref tout ce qui peut dégoûter ou étonner le plus simple spectateur. Si "Face à la mort" s'efforce de montrer les morts les plus horribles possibles, Mondo Cane n'est pas censé montrer des morts diverses mais des événements différents, passant de certaines mœurs particulières à des traditions douteuses.

MONDO CANE | MONDO CANE | 1962

Mais force est de constater que le film a beaucoup vieilli, puisque nous montrant des images qui maintenant, peuvent être montrées presque sans aucun problème à la t.v... mais presque. Car Mondo Cane reste tout de même un film choc qui montre la réalité comme jamais on ne l'avait vu en 1962. Aujourd'hui, peu de scènes réussissent à révulser le spectateur, du moins dans ce premier volet, puisque "Mondo Cane" verra une belle flopée de suites lui succéder, il existe donc sûrement bien pire. Le concept de "Mondo Cane" est de montrer tout simplement que nous vivons dans un monde de chien comme son titre l'indique. La structure de "Mondo Cane" est d'ailleurs assez particulière, on ne sait jamais sur quoi on va tomber : une scène nous faisant détourner les yeux de l'écran ou une séquence finalement soft ? Mélangeant scènes réelles et d'autres mises en scènes, le film prend une tournure parfois débile comme cette scène insistant sur le voyage de vieux retraités à Hawaï.

Beaucoup de choses dites inconnues ou choquantes à l'époque nous paraissent bien banales aujourd'hui, comme les traditions de certains peuples (le chef maigrichon se mariant avec des femmes se nourrissant continuellement pour devenir grosses et ainsi le conquérir, des femmes poursuivant comme des furies le mâle d'une tribu…), ou des événements insolites (les cimetières pour chiens, les repas de luxe à base d'insectes, un peintre utilisant des femmes nues peintes en bleu pour ses peintures, des sauvages découvrant un aéroport…). Si dans les années 60 cela pouvait surprendre, aujourd'hui cela ne fait plus grand chose. Quand on pense au sous-genre qu'est le mondo, on pense tout de suite au images snuff qu'il peut contenir. De ce côté-là, "Mondo Cane" n'hésite pas à montrer de véritables morts d'animaux mais sans être aussi crade que "Face à la mort", au programme donc : quelques porcs se font rétamer le crâne à coup de barre en bois, une tortue ayant perdu la raison crève de chaleur sur une plage menacée par la radioactivité, deux ou trois taureaux sont décapités à la machette et un requin se fait garnir la glotte d'oursins avant d'être relâché dans son élément naturel (un acte perpétré par des pêcheurs mutilés ou blessés, cherchant la vengeance face à ces squales). D'autres animaux font les frais d'actes peu enviables sans pour autant qu'ils soient mis à morts ou montrés dans leur agonie : le gavage des oies par exemple, les poussins colorés pour être cachés dans les œufs de paques ou encore les chiens et les serpents servant de repas dans certains pays asiatiques.

Il ne faut pas oublier la musique de Riz Ortolani, compositeur de "Cannibal Holocaust", une musique grandiloquente qui hantera facilement celui qui l'écoute, collant parfaitement au film. Le thème musical "More" sera d'ailleurs nominé aux Oscars et recevra un Grammy Award.
Cependant, voir d'horribles bonnes femmes se rendrent dans des salles de remises à niveaux ou découvrir des scénettes sur l'attirance excessives homme-femme n'a rien de vraiment trash et alourdi sérieusement le film. Mais là ou "Mondo Cane" devient sérieusement inquiétant, c'est lorsqu'on se reçoit en pleine figure des scènes très dérangeantes là où on ne l'attendait pas. Par exemple, lors de l'escale en Allemagne, la narrateur nous place dans un bar tout ce qui a de plus classique en nous parlant de la joie de vivre des clients, qui commence à gravement déconner devant la caméra : la faune habituelle d'un bar quelconque commence à dégénérer, s'exhibant de manière maladive devant l'objectif, éructant, grimaçant, et allant jusqu'à s'endormir, se bagarrer, pisser ou dégeuler dans la rue, ce qui donne plutôt l'impression de voir la faune d'un asile psychiatrique venant de s'évader. Le malaise opère bien mais la scène est t-elle réelle ou mise en scène ?

L'un des rares moments véritablement insupportables du film nous montre des fêtes traditionnelles asiatiques à Pékin, entrecoupées de scènes prenant pied dans "la maison de la mort", un bâtiment où est entreposé des malades incurables, agonisant flétris et squelettiques devant la caméra. Parfois, certaines images frappent méchamment l'esprit du spectateur comme celle, très impressionnante, d'une mer d'ossements, ou d'enfants nettoyant amoureusement quelques dépouilles, en frottant bien les crânes et les os qui leur tendent les mains. Mais ce ne sont que quelques fragments morbides et malsains, noyés dans un pseudo documentaire, qui aujourd'hui reste surtout une curiosité, parfois douteuse et ambiguë il faut bien l'avouer. Mais ce que réussit en parti "Mondo Cane", c'est cette impression étrange (coupable ? secoué ?) qui se dégage après avoir vu le film dans son intégralité, peut être l'impression d'avoir vu un véritable "monde de chiens".

MONDO CANE | MONDO CANE | 1962
MONDO CANE | MONDO CANE | 1962
MONDO CANE | MONDO CANE | 1962

* Merci a Romeo A. pour les photos.

Note
3
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Jérémie Marchetti