Affiche française
NIGHT OF FEAR | NIGHT OF FEAR | 1972
Affiche originale
NIGHT OF FEAR | NIGHT OF FEAR | 1972
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Night of fear

Night of fear

Alors qu’elle rentre chez elle après avoir passé du bon temps avec un homme marié, une jeune femme est victime d’une sortie de route malencontreuse provoquée par un routier distrait. Elle se retrouve ainsi contrainte de suivre un sentier égaré au milieu des bois débouchant malheureusement sur le territoire d'un désaxé l’ayant piégée dans son fief et ayant des intentions plus que douteuses mais assurément hostiles à son égard. Va-t-elle en réchapper ?

NIGHT OF FEAR | NIGHT OF FEAR | 1972

Night of Fear est, à l’origine, le pilote d'une série télévisée horrifique australienne (qui se serait appelée « Fright » comme en témoigne le générique et devant comprendre 12 épisodes), mais qui a été abandonnée et a carrément été interdite de diffusion en 1972 car jugée trop indécente et violente. Ce segment fut toutefois autorisé à sortir sur les écrans des aborigènes un an plus tard, mais il fut vite oublié jusqu’à une réédition DVD au milieu des années 2000. Selon la légende entourant le film de Terry Bourke, il ne constituerait ni plus ni moins que le premier survival mondial, en tout cas le premier film estampillé « horreur » en provenance du bush australien, ça c’est certain. Au visionnage, on s’aperçoit que Night of Fear ressemble assez à "Massacre à la tronçonneuse" avec son aliéné rural crasseux, déguenillé, ne s’exprimant que par onomatopées à peine audibles, habitant dans une antre dégueulasse faite de bric et de broc avec une prédilection pour les ossements et les animaux empaillés et, comme un certain Leatherface, poursuivant une jeune fille qui essaie de lui échapper tant bien que mal. Pourtant, ce moyen métrage (puisqu’il dure moins d’une heure) a deux ans de plus que « TCM » et cinq de plus que "La colline a des yeux", deux fleurons du survival. Si ça ce n’est pas avoir le nez creux de la part du pays des Wallabies, je ne sais pas ce qu’il vous faut !

Toutefois, contrairement au film de Hooper, Night of Fear va directement à l’essentiel. Ici, pas de tranches de vie, pas de dialogues niaiseux entre jeunes partis camper et faire la fête dans les bois, Bourke nous introduit quasi directement dans le récit d’une sortie de route menant droit chez un déséquilibré mental. Les personnages ne seront même pas nommés, faisant apparaître l'ensemble comme un véritable fait divers filmé évitant toute forme d’empathie. D’ailleurs, la partie figurant avant le générique du début, montrant la mésaventure arrivée à une autre fille esseulée, pose tout de suite le ton : on n’est pas là pour rigoler !

Autre grosse différence avec le long-métrage du père Tobe : Night of Fear paraît beaucoup plus surréaliste dans la forme. En témoignent : l'absence totale de répliques et autres dialogues (les personnages ne poussent que des grognements, cris et autres éructations) et surtout, élément principal du film, le montage. Celui-ci est en effet très rapide façon stroboscope et les prises de vue à base de cadrages insolites comme dans un clip ou bien encore les travellings tout biscornus nous donnent l’impression d’être en plein trip expérimental, ce qui est pourtant peu courant dans ce type de production. Le tout est accompagné d’une bande-son faite de bruitages irritants et de dissonances stressantes, accentuant le malaise ressenti car donnant une ambiance plus qu’étouffante et claustrophobique à souhait.

Côté casting, mis à part l’homme et la femme, il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent dans cette sorte de huis clos forestier. Si l’actrice semble parfois surjouer, Norman Yemm, interprétant le dégénéré, est effrayant au possible. Il n'a pourtant rien de mémorable au niveau physique, si ce n'est une cicatrice près de l’œil droit. Mais, ses agissements douteux avec ses rats qu’il nourrit d’une chair bien étrange (enfin pas trop pour les plus malins…), la façon dont il s’exprime (des espèces de borborygmes non maîtrisés), sa démarche simiesque et ses habits (ah, la salopette bleue portée à même le torse viril, que c’est beau !) en font un vrai psychopathe champêtre, n'ayant rien à envier à la famille de Leatherface. Le personnage finira même par envahir les cauchemars de sa proie tant il l’aura prise au piège aussi bien mentalement que physiquement notamment dans la scène où il apparaît avec un crâne ensanglanté en guise de cache-sexe. Complètement déjanté mais ô combien jouissif pour les petits pervers que vous êtes !

Ainsi, sa courte durée (une cinquantaine de minutes comme auraient dû durer les épisodes de la série), le fait de ne créer aucune histoire véritable (aucun protagoniste n’a de nom) et de n'avoir recours à aucun dialogue de la part du réalisateur, confèrent à Night of Fear le statut du petit exercice de style réussi qui posera les bases des survivals à venir. Dommage alors que ce véritable bijou n’ait pas eu une reconnaissance plus large car ce serait plus que mérité.

NIGHT OF FEAR | NIGHT OF FEAR | 1972
NIGHT OF FEAR | NIGHT OF FEAR | 1972
NIGHT OF FEAR | NIGHT OF FEAR | 1972
Note
4
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Vincent Duménil