Retreat
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Un couple à la dérive conjugale décide de s'isoler sur une île pour mieux se retrouver, mais au lieu de se rapprocher, les tensions persistent au sein du couple. C'est alors que surgit un élément perturbateur : l'arrivée d'un homme qui prétend qu'un virus mortel menace l'humanité…
L’Angleterre est, on le sait bien maintenant, une véritable pépinière de talents et ce thriller vient le prouver une fois de plus. Bien que réalisé par un novice en la matière- Carl Tibbetts- Retreat s'autorise la présence de têtes d'affiche plutôt flatteuses. Parmi les interprètes du couple, on trouve Cilian Murphy («28 jours plus tard», «Red Eye/Sous haute pression», «Batman Begins», «Inception», «Time Out») acteur très en vogue, et qui compte parmi les fidèles du clan Nolan, et Thandie Newton («Mission Impossible: 2», «Les chroniques de Riddick»). Pour casser la mécanique bien huilée (enfin pas tant que ça...) entre eux deux, le scénario fait interférer un troisième larron qui viendra semer le doute et accentuer le fossé les séparant. Dans un rôle totalement halluciné, Jamie Bell («La tranchée»; «King Kong 2005») est le soldat paranoïaque qui va les faire douter (et nous avec) sur la réalité de ce qui se passe à l'extérieur. Et, comme il s'agit d'un huis-clos, le spectateur se perd en conjectures sur la véracité de ses dires et a largement le temps pour échafauder toutes sortes d'hypothèses.
Huis-clos sur le plan formel, Retreat commence par déstabiliser son auditoire en restant dans le non-dit concernant les problèmes conjugaux, Kate en voulant à son mari et lui faisant sans cesse des reproches, maugréant sans cesse. L'arrivée d'une tierce personne servira finalement de révélateur et ce qui n'aura pas été dit auparavant le sera ensuite, face à un danger. Mais quel danger finalement? Le soldat délire-t-il totalement ? Ou bien existe-t-il une véritable menace bactériologique qui les contraint à rester calfeutrer dans leur maison ? En apparence âpre et sec, ce huis-clos lambda au départ devient de plus en plus passionnant au fur et à mesure qu'il déroule les fils d'une intrigue paranoïaque et angoissante. Le spectateur se trouve tiraillé entre les visions différentes des protagonistes.
Bien évidemment, la révélation risque d'être toute autre (et il n'est nullement question ici d'en parler afin que le suspense fonctionne à fond). Retreat prend dans son dernier acte des allures de chasse à l'homme, notamment dans des combats virils entre Cilian Murphy et Jamie Bell. Comme si la tension sous-jacente présente finissait par exploser. Alors qu'au départ, Martin était comme sous l'emprise de ce jeune militaire, buvant ses paroles et l'écoutant au point de lui fournir une arme. Relation trouble proche de la soumission ce qui a fait atteindre à sa relation de couple un sommet de tension. Mais cela sera salvateur car du coup, la jeune femme finira par confier à son mari ce qui la ronge. Une fois la mise au point faite, ils pourront ensuite s'unir pour affronter l'«intrus».
Pour Cilian Murphy, il s'agit d'un retour aux sources puisque le voilà de nouveau confronté à la menace d'un virus bactériologique, comme dans le film de Danny Boyle, «28 jours plus tard». Entre deux blockbusters, le comédien au regard si expressif n'en oublie pas d’où il vient et ce qu'il doit à son pays d'origine et aux scénarios à tendance apocalyptique. Par certains aspects, Retreat est la continuité de «28 jours plus tard» avec ce retrait quasi monastique sur une île déserte et où le contact avec la civilisation a été coupé, ou réduit au strict minimum. Ce qui est le plus surprenant, c'est le nihilisme dont fait preuve la conclusion, on n’est pas loin de l'époque du Romero de «Zombie». Un très bon point pour une nouvelle (et oui!) réussite anglaise.