Superdeep

Kolskaya sverhglubokaya

1984, URSS. Alors qu’il s’agit officiellement d’une station de forage basée dans le Cercle Arctique, officieusement il n’en est rien : cette base située à 12 000 mètre sous la surface de la Terre appelée Kola abrite en réalité des laboratoires qui travaillent sur des dossiers classés top secret. Suite à l’enregistrement de cris d’origine inconnue provenant de Kola, un petit commando spécial est envoyé pour comprendre ce qui s’est passé. L’épidémiologiste Anya va vite se rendre compte qu’une menace pèse sur cette station et va devoir non pas se focaliser sur des prélèvements d’échantillons mais plutôt sur la façon de remonter rapidement à la surface…

Superdeep | Kolskaya sverhglubokaya | 2020

L'AVIS:

Présenté à la 28ème édition du Festival International du Film Fantastique de Gérardmer, "Superdeep" témoigne de la très bonne facture du hors-compétition l’année-là. Probablement le meilleur hors-compétition vu à la Perle des Vosges (quoique cette année nous n’étions pas au bord du lac mais dans nos pantoufles chez nous, cette 28ème édition s’étant déroulée en virtuel, Covid oblige). Deux films russes réussis, "Superdeep" et "Sputnik", le multi-primé "The dark and the wicked", l’original "Slaxx" ainsi que les très bons "Ghosts of war" et "Impetigore", tous présentés hors-compétition, ont en effet boosté la sélection géromoise en 2021 !

Vous l’aurez compris, c’est de "Superdeep" que nous allons parler aujourd’hui. Une bien bonne surprise me concernant, même si ce ne sera pas l’avis de tout le monde, le film ayant quelque peu divisé le public.
Arseniy Sukhin a été marqué par son service militaire à la frontière russe et cela se voit dans ce premier film dans lequel il nous catapulte avec une poignée de soldats virils dans les profondeurs de la Terre, à l’intérieur de grands laboratoires dans lesquels un parasite rôde et s’attaque au moindre survivant encore présent.
[Début du spoiler] Une chasse à l’homme se lance alors dans les entrailles de la Terre, véritable guerre à huis clos contre un ennemi redoutable créé par des scientifiques au service de l’armée russe qui s’est finalement retourné contre ses créateurs. [Fin du spoiler]

Alors certes « Superdeep » est peut-être un peu long (des passages traînent quelque peu en longueur il est vrai), les dialogues ne sont pas des plus recherchés (c’est même parfois le moins que l’on puisse dire et quelques doublages n’aident pas vraiment…), certaines séquences sont un brin exagérées (je pense par exemple à notre héroïne qui se lance dans un environnement à 200°C sans aucune protection) et notre menace reste finalement assez discrète durant les 1h50 que dure le long-métrage mais étrangement... Oui étrangement… Hé bien le film d’Arseniy Sukhin m’a séduit !

L’accumulation d’autant de défauts m’aurait en temps normal rebuté mais là la pilule passe très bien et ces petits clins d’œil à des classiques tels que "The thing" ou "Alien", l’utilisation du body horror qui nous renvoie à des "Society" et "Horribilis" ou encore cette ambiance qui nous rappelle ce qui se faisait de meilleur en série B dans les Eighties mêlant horreur et science-fiction ont su m’enthousiasmer devant ce film russe sorti de nulle part.

Bien que le scénario ne soit pas des plus singuliers, cette histoire de parasite qui se répand dans une station à 12 000 mètres sous la surface de la Terre tient en haleine. Hormis le fait de distiller une ambiance anxiogène ma fois réussie (ces longs couloirs sombres et désertés assimilables à ceux d’un vaisseau ou d’une station spatiale où un monstre aurait élu domicile, les premières manifestations du parasite chez ses hôtes…) et un sentiment d’isolement et d’insécurité bien rendu (un ascenseur bloqué, un chemin piétonnier pour rejoindre la surface impraticable, des personnes dont on ne peut se fier…), on reste intrigué par ce scénario dont on veut en savoir plus . On veut savoir ce qu’est ce parasite, de quoi ont autant peur les soldats étant descendu au dernier niveau de la station, comment survivre à cette prison souterraine… Tant de questions qui nous obligent à arpenter les couloirs de la station en compagnie de nos quelques survivants sans véritable ennui (même si, à la manière d’un commissariat dans "Resident evil 2", on repasse souvent au même endroit lol). L’immersion est totale dans ce film de contamination/infection (à la limite du film de monstres).

Et qui dit « film de monstres » dit bien souvent « effets spéciaux ». Or, ce que nous retiendrons en majeure partie du film d’Arseniy Sukhin, ce sont indéniablement ses effets spéciaux justement. Maquillages convaincants et prothèses réussies pour un résultat qui sent bon le body horror comme déjà évoqué plus haut. Ça transpire l’organique et les Eighties ce "Superdeep", avec ses amas de corps fusionnés (qui font penser à la créature finale de "The Thing" ou encore aux excentricités de "Society") et ses effets trash.

Elle en mettra du temps à se montrer, la principale menace qui flotte sur la base Kola. Et pourtant nous ne trouvons pas vraiment le temps long (hormis quelques passages un brin bavards), les scénaristes nous balançant de temps à autres quelques personnes infectées dont certaines sont vraiment dans un piteux état (mention spéciale au dos repoussant, siège de nombreuses pustules et de spores, d’une scientifique infectée). Quelques confrontations ont alors lieu entre des gens sains et des contaminés pour ne pas nous faire oublier que ce parasite peut prendre possession des muscles et du système nerveux d’un humain sans grande difficulté.

Au final, malgré pas mal de petits défauts par-ci par-là, il faut bien reconnaître que ce "Superdeep" se suit relativement bien. Alors oui le film est un peu long, les dialogues sont peu travaillés, quelques scènes s’avèrent tirées par les cheveux et notre menace n’est pas suffisamment présente à l’écran, mais étrangement votre rédacteur a passé un très bon moment lors de la 28ème édition du Festival International du Film Fantastique de Gérardmer ainsi que lors du revisionnage du film chez lui l’année suivante. Le body horror et les clins d’œil à des classiques tels que "The thing", la saga "Alien" ou encore "Society" ont eu raison de votre serviteur.

Un film que certains trouveront bien trop classique tandis que d’autres au contraire se laisseront happés par cette atmosphère et ces visions cauchemardesques, à l’image d’un certain "The void" de Jeremy Gillespie et Steven Kostanski qui m’avait laissé sans voix en sortie de projection (hé oui ce dernier n’aura pas reçu que des éloges non plus…)

Superdeep | Kolskaya sverhglubokaya | 2020
Superdeep | Kolskaya sverhglubokaya | 2020
Superdeep | Kolskaya sverhglubokaya | 2020
Bande-annonce
Note
4
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David Maurice