Ghost stories

Ghost stories

Philip Goodman est un scientifique devenu expert pour démystifier les événements surnaturels portés aux nues par des charlatans. Un jour, il est appelé au chevet de Charles Cameron, un confrère mourant qu'il respecte beaucoup, porté disparu depuis des années, qui le convoque afin qu'il se penche sur trois affaires qui ont fait basculer ses propres convictions. Goodman le sceptique part alors enquêter sur ces trois dossiers auxquels son modèle n'a pu trouver d'explication rationnelle et il est bien décidé à prouver qu'ils ont été créés de toutes pièces...

GHOST STORIES | GHOST STORIES | 2017

L' AVIS :

Sorti en VOD dans notre contrée, le britannique Ghost Stories, adaptation sur pellicule d'une pièce de théâtre de Jeremy Dyson et Andy Nyman, prend la forme d'un film à sketches horrifiques reliés les uns aux autres par une trame commune. Le récit fil conducteur fait ainsi la part belle à cet expert en bonimenteurs et autres faiseurs de faux miracles marqué dès son enfance par un père trop religieux. Sous l'influence de son mentor Charles Cameron, il va ainsi enquêter sur trois cas irrésolus jusqu'ici. Vous l'aurez alors compris à la lecture de ce qui précède : nous avons ici affaire à un film d'horreur omnibus, entreprise souvent risquée car présentant des courts-métrages inégaux de temps à autre associés à une trame ténue (quand elle n'est pas inexistante !) n'ayant aucun rapport avec les récits présentés. Ici, Ghost Stories, fait l'effort d'intégrer ses segments dans la logique globale d'une histoire bien construite. En choisissant de se développer dans le contexte d'une véritable finalité narrative, ce film britannique réalisé par Jeremy Dyson et Andy Nyman (également acteur à ses heures perdues et vu dans la série de zombies "Dead Set" ou encore dans le survival "Severance") marque déjà clairement un bon point susceptible d'emporter notre adhésion. Qu'en est-il alors des segments proposés ?

A l'instar de Philip Goodman, on va se retrouver embarqués dans une enquête terrifiante contenant trois cas de phénomènes paranormaux inexplicables. Le premier va prendre l'allure d'une virée dans un ancien asile pour femmes en compagnie d'un gardien de nuit porté sur la boisson ayant entendu et vu des silhouettes enfantines suspectes alors qu'ils sont deux surveillants dans ce bâtiment abandonné. Si nous n'avons pas vraiment de résolution ici, on obtiendra tout de même une belle ambiance anxiogène rendue efficace avant tout par son décor et par ses apparitions fantomatiques effrayantes à la "Ne vous retournez pas" de Nicolas Roeg.

La deuxième affaire présente un adolescent qui se retrouve en panne dans une forêt isolée après avoir emprunté le véhicule familial et qui va faire une bien étrange rencontre. Force est de constater qu'ici, ce qui est le mieux réussi, c'est la personnalité du jeune homme dont l'anxiété est très troublante. Incarné par l'excellent Alex Lawther (déjà vu dans la formidable série "Black Mirror"), on sombre peu à peu avec lui dans sa profonde paranoïa et la découverte de sa maison sera peut-être même plus terrifiante que tout le reste, y compris la scène dans les bois !

Le troisième segment est quant à lui porté par l'énergie oppressante de Martin Freeman ("Le Hobbit") décidément toujours parfait, endossant ici le rôle d'un riche homme d'affaires antipathique et suffisant faisant état, auprès de Goodman, de la manifestation d'un esprit dans sa magnifique maison. Malgré une touche d'effroi perceptible avec l'apparition d'un poltergeist, on retiendra surtout de cette histoire son humour noir typiquement british qui donne une patte décalée et terriblement bienvenue à Ghost Stories.

Ainsi, chacune de ces histoires laisse à penser qu'une explication rationnelle peut se cacher derrière les faits à chaque fois rapportés par leurs narrateurs à Philip Goodman. Tous ont en effet un passé ou une personnalité leur conférant une sorte de culpabilité pouvant faire passer les phénomènes auxquels ils ont été confrontés comme des manifestations de leur esprit face aux maux qui les hantent. Toutefois, les deux réalisateurs britanniques s'arrangeront pour structurer leur récit à travers ces trois nouvelles, chacune avec un thème paranormal, tout en entremêlant les cas dans une enquête cohérente. Et ils exécuteront cela en combinant les conditions de la vie réelle, telles que le stress, la dépression et la solitude, avec une nuance fantomatique illustrant très bien la phrase suivante de Goodman : « le cerveau voit ce qu'il veut que vous voyiez ». Seulement voilà, afin de déstabiliser ce dernier ainsi que les téléspectateurs, ces sketchs seront présentés de façon à privilégier la piste surnaturelle dont la finalité prendra alors tout son sens à la lumière du twist final bien malin venant remettre en perspective tout ce qui aura été vu et/ou présenté jusque-là…

Dans l'ensemble, ce film est assez effrayant sans être pourtant dénué d'une pointe d'humour noir si cher aux Anglais, pourtant, ce n'est pas un défilé de jump scares et autres effets de manche, l'histoire principale est intéressante et enveloppée d'une certaine tension qui vous tiendra jusqu'au bout. D'ailleurs à ce propos, la fin est totalement improbable et vient remettre en cause ou justifier, c'est selon, tout ce qui a été visionné jusqu'alors ! Joli coup de la part des deux réalisateurs d'autant que c'est renforcé par une très bonne interprétation d'ensemble sublimée par un magnifique Martin Freeman dans un rôle à contre-emploi hyper ambigu !

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Bande-annonce
Note
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Vincent Duménil