Guetteurs - les
Watchers - the
Après être tombée en panne et s’être perdue dans une forêt irlandaise, Mina trouve refuge dans une maison auprès de trois autres personnes. Des personnes n’entretenant aucun lien les uns avec les autres mais ayant uniquement comme point commun de s’être perdues dans cette vaste forêt peu fréquentée et de s’y retrouver piégées. En effet, des êtres sauvages et hostiles peuplent les environs et attaquent leurs proies une fois la nuit tombée, d’où l’importance de respecter certaines règles pour rester en vie…
L'AVIS:
Si l’on m’avait dit que l’une des bonnes surprises de cette année 2024 serait un film de Night Shyamalan, je n’y aurais pas cru (ayant été plutôt déçu par les derniers films vus) !
Hé bien si : "Les guetteurs" (alias "The watchers") est un très sympathique long-métrage fantastique, mêlant survival, monster movie et folklore irlandais qui nous est proposé par… Ishana Night Shyamalan ! Oui, la fille du réalisateur de "Sixième sens", "Signes", "Incassable", "Le village" ou encore "Split" réalise ici son tout premier film, produit bien évidemment par son père M. Night Shyamalan.
Mystérieux, original et haletant, "Les guetteurs" est une proposition de cinéma qui m’a séduit et qui me réconcilie sans grande difficulté avec le clan Night Shyamalan. Doté d’un scénario plutôt bien ficelé, proposant une intrigue laissant planer de nombreuses énigmes durant toute sa première partie pour progressivement rassembler quelques pièces du puzzle et enfin reconstituer notre histoire mêlant horreur, folklore irlandais et fantastique pur, "Les guetteurs" nous offre même un double twist final qui tient parfaitement la route (bien que légèrement prévisible en grande partie pour le premier) et vient clore le film de bien belle manière.
Alors certes, ce premier long-métrage d’Ishana Night Shyamalan n’est pas exempt de défauts et notamment l’un de taille touchant au réalisme. En effet, il est difficile de se dire qu’une forêt aussi vaste et apparemment méconnue des habitants de la région, étant manifestement le lieu de nombreuses disparitions humaines, propose une route qui permet de s’y rendre grâce à un GPS et de s’y retrouver piégé au bout de quelques centaines de mètres parcourus…
Autre détail non négligeable également : comment un seul homme (nous l’apprendrons un peu plus tard dans le film mais rassurez-vous je ne spoile pas le scénario) a pu, avec certes l’aide de gens de la région, construire cette petite maison avec tout ce qui l’entoure (des dizaines de bornes dans la forêt, un bunker aménagé, l’accès à Internet…) ? Mouais, c’est quelque peu tiré par les cheveux je vous l’accorde mais essayons de mettre ces incohérences pourtant flagrantes de côté pour se concentrer sur cette histoire par contre vraiment intéressante.
Découpée en cinq parties bien distinctes (une présentation rapide de notre héroïne qui semble traîner un lourd passé derrière elle, la rencontre avec trois personnes elles aussi perdues dans cette forêt et piégées dans cette maison mystérieuse, l’initiation aux règles de survie en ce milieu hostile, l’explication sur les origines de cette maison et enfin les révélations – sous forme de twists- en guise de toute dernière partie), "Les guetteurs" parvient sans mal à maintenir le spectateur en haleine en titillant sa curiosité. Cette envie de comprendre le pourquoi du comment de cette histoire dingue d’une maison perdue en pleine forêt qui s’avère être au final à la fois un abri pour se mettre en sécurité mais également un lieu d’observation pour des êtres sauvages et menaçants peuplant les environs (un grand miroir sans teint permet à celles et ceux étant dans la maison de se voir mais à ceux dehors de voir les occupants de la maison… Pourquoi diantre cette installation ?...). Un découpage scénaristique vraiment habile qui vient placer le spectateur dans des conditions différentes à chaque chapitre, passant par diverses émotions (tristesse, peur, effroi, soulagement…) au fil des parties.
Le travail sur l’esthétisme est également à souligner ici : avec ses décors naturels qui renforcent cette sensation d’isolement et d’insécurité (une grande forêt qui s’étend à perte de vue, sinistre à souhait), ses bruitages réussis qui rendent le film encore plus immersif (des craquements à quelques mètres de nous, la porte de la maison qui se retrouve martelée de coups provenant de l’extérieur, des cris qui résonnent entre les arbres qui nous entourent…) ou encore ses êtres mystérieux dévoilés dans la troisième partie du film (les CGI sont bien incorporés et ne présentent pas de défaut notable), le film d’Ishana Night Shyamalan est propre et ceci est indéniable.
Même constat pour le casting : nous sommes ici face à quelque chose de solide, sans fausse note ou interprétation en dents de scie. Chaque personnage possède sa propre personnalité et nous prenons du plaisir à découvrir au fil de l’eau chacun d’entre eux, son passé et ses douleurs.
En définitif, Ishana Night Shyamalan réussit avec son film "The watchers" à marcher sur les traces de son père et à proposer les ingrédients qui faisaient à l’époque la force de ce dernier dans ses premiers films : une intrigue fouillée (bien que présentant son petit lot d’incohérences expliquée plus haut), passionnante et faisant la part belle aux rebondissements, une connotation fantastique bienvenue et un esthétisme remarquable.
Chapeau bas pour ce premier essai, nous attendons la suite avec impatience !