Cabin fever (2016)
Cabin fever (2016)
Cinq ami(e)s décident d’aller faire la fête dans une cabane isolée dans un bois. Alors qu’ils débutent leur petite sauterie, un homme malade vient frapper à leur porte. Effrayés, nos compagnons vont tenter de le faire fuir de manière violente… Le lendemain, l’étrange maladie de l’inconnu semble commencer à contaminer les locataires du chalet. Alors qu’ils cherchent à trouver des secours et la raison de cette fièvre étrange, la psychose s’installe au sein du groupe...
Voici donc le remake de "Cabin Fever", le premier film d’Eli Roth. Le métrage qui avait fait de lui la star montante de l’horreur au début du XXIème siècle. Statut confirmé ensuite avec les deux volets des "Hostel", les précurseurs du torture porn new generation. Après trois films remplis de qualités et de personnalité, l’ami Eli a un peu perdu de sa superbe avec des réalisations d’un peu moins bonne qualité ("Knock Knock" et "The Green Inferno", deux bons films mais pas des chef d’œuvres) mais surtout à cause de quelques productions pas au niveau des attentes du public. Entre un « Dernier Exorcisme » sympa mais sans plus, un deuxième volet très moyen, un « Aftershock » médiocre ou encore un troisième volet de « Hostel » complètement à l’Ouest, l’image du golden boy de l’horreur en a pris un léger coup derrière les oreilles. Ce « Cabin Fever » version 2016, produit et écrit par Roth, sera-t’il le film qui va redonner confiance aux fans du réalisateur ? Pas sûr.
Considéré comme un film culte par certains (par l’auteur de ses lignes, d’ailleurs) ou comme un banal film d’horreur par d’autres, « Cabin Fever » version 2002 vaut, quoiqu’il arrive, le coup d’œil. Le fait qu’il soit relativement récent n’en faisait pas forcément le candidat idéal au remake d’autant plus que Travis Z, le réalisateur de cette relecture, garde le scénario quasiment à l’identique de l’original en en modifiant seulement quelques caractéristiques. La première grosse modification est le ton du film. Alors que la version d’Eli Roth apportait un humour noir réjouissant et une tonalité décalée étonnante pour un film de ce type, le nouveau venu rentre dans le moule des films d’horreur contemporains avec un aspect plus sérieux qui lui fait perdre une bonne partie de ce qui faisait le charme de l’original (malgré quelques tentatives plutôt ratées de se rapprocher de son ainé).
Second gros changement : le casting. Difficile de faire mieux que celui du premier film qui proposait des comédiens aux styles différents mais formant un groupe homogène et surtout dotés, pour la plupart, d’un charisme qui faisait sortir les personnages du tout venant de la chair à canon que l’on à tendance à voir dans les films d’horreur. Si l’on peut citer les très bons Rider Strong ou Cerena Vincent, les deux acteurs qui survolaient le casting étaient Joey Kern dans le rôle de Jeff, à la fois mec cool et odieux connard, et Giuseppe Andrews dans le rôle de l’adjoint du sheriff Winston, flic perché qui préfère les filles et la fête à la justice. Bref, dans la version 2016, même si les personnages sont les mêmes, leur nouvelle version est beaucoup moins jubilatoire que la précédente. Prenons exemple de l’adjoint Winston qui d’un homme à l’allure négligée et au style lunaire devient une jeune femme blonde et sexy, avec une cicatrice à l’œil. Pourquoi pas mais dans ce cas, pourquoi essayer de lui faire dire les mêmes répliques qu’en 2002 alors que le personnage est totalement différent et que cela ne lui colle pas ? Dommage… Ce manque d’efficacité et cette fébrilité à vouloir aller dans le changement sans tout chambouler n’est pas imputable aux comédiens mais plutôt à la manière dont le réalisateur a décidé de les diriger. Même s’ils sont moins convaincants que ne l’étaient leur prédécesseurs, les acteurs de cette nouvelle version sont tout de même plutôt bons et apportent leur style. Dustin Ingram apporte donc sa nonchalance, Gage Golightly sa candeur et Nadine Crocker son sex-appeal et sa grosse paire de…sourcils. Un casting pas déshonorant mais qui souffre de la comparaison avec celui du film original.
Tout n’est pas noir dans ce remake puisque déjà, le scénario, quasi-identique à celui du premier film est toujours aussi agréable à suivre. On pourrait reprocher au film de Travis Z sa fainéantise puisqu’il repompe intégralement les scènes clés du premier film mais avouons que pour la partie concernant les scènes gore, il le fait plutôt bien et atteint aisément le niveau de qualité du premier film. Parfois même, il le surpasse notamment lors de la scène ou Karen se décompose dans la cabane. Lors de ce passage, l’évolution de la dégradation corporelle du corps de la jeune fille est vraiment convaincante et écœurante rappelant, toutes proportions gardées, les scènes de nécrose vues dans un film comme « Thanatomorphose ». Violents et ragoutants sont donc la plupart des passages gores du film. Les fans de la première heure seront contents de voir les versions revisitées des scènes de « la main dans la culotte » ou encore du rasage de jambes dans la baignoire. Si ces relectures gores sont plutôt réussies, d’autres scènes clés refaites sont malheureusement moins probantes. Le plus bel exemple étant la dernière scène du personnage de Jeff qui, dans la première version, était un mix parfait de jeu d’acteur performant, de réalisation inspirée et de violence hilarante, et qui devient, dans la nouvelle version, une scène plate et décevante. Même constat pour le final du film, beaucoup moins réussi que dans l’original.
En réalisant le remake de « Cabin Fever », Travis Z a gardé la majeure partie des éléments de l’original mais a perdu l’essentiel : l’âme du film. Un peu comme pour la version 2013 de « Evil Dead » comparé au film de Sam Raimi, ce « Cabin Fever » est plus violent, plus sombre mais n’a plus le charme, le casting explosif ni le ton qui faisait la réussite complète du premier film. Au final, le spectacle plaira certainement plus à ceux qui découvrent la saga ou à ceux qui n’accrochaient pas au ton particulier du film d’Eli Roth d’autant que celui de Travis Z tient le spectateur en haleine grâce à un montage dynamique et à une musique tonitruante (voir même un peu trop). Il pourra même satisfaire un large public, sans toutefois rester dans les mémoires, car le résultat n’est tout de même pas désagréable à regarder et nettement au dessus du triste « Cabin Fever 3 : Patient Zero ». Ce « Cabin Fever » version 2016 est donc loin d’être un désastre mais de là à dire qu’il y a une quelconque utilité à ce remake, il y a un fossé que je ne me permettrais pas de franchir.