Interview Patrick DIWEN
*Bonjour Patrick. Peux-tu nous raconter comment t’es venu ton désir de te lancer dans le cinéma ?
L’envie de faire du cinéma remonte assez loin dans mon enfance. Ce n’est qu’en 1987 que l’idée se précise et m’amène à Paris pour suivre des cours de formation d’acteur. Mais le train s’est arrêté là, ou plutôt il a continué mais je suis descendu à la première gare. A cette époque je n’avais pas grand chose à dire, pas assez de vécu certainement et pas encore la passion.
Puis arrive l’été 2003 passé à réfléchir sur le sens de ma vie, le pourquoi des choses. Et là, après avoir passé un mois en complète solitude, j’ai compris que ce qu’il me manquait c’était le cinéma ou mieux le métier d’acteur. L’envie d’être un autre le temps d’un instant. L’envie de vivre et de ressentir des émotions. En fait si je devais me décrire je dirais que je suis tous les hommes à la fois sans en être aucun ce qui a certainement compliqué ma vie jusqu’à ce jour extraordinaire ou j’ai pris la décision d’être libre, d’être moi et d’exprimer tout ce qu’il y a de bon comme certainement de moins bon en moi. Alors, j’ai tout mis en marche, méticuleusement et avec un enthousiasme que je n’avais jamais eu auparavant. Le jour de mon premier tournage est arrivé en décembre 2003 et s’est terminé en 2004. De nombreux aller-retours Paris-Lyon puis le grand saut vers Paris en JUILLET 2004. Une formation à l’Actor Studio et la suite vous la connaissez. Aujourd’hui une chose est certaine. Le cinéma me rend heureux et si en plus je rend heureux les autres en leur transmettant des émotions alors je suis définitivement satisfait.
*De tous les rôles que tu as interprété jusqu’à ce jour, duquel es-tu le plus fier ?
Voilà une question bien difficile, partant du principe que si j’aime vivre et ressentir des émotions au travers d’un personnage je n’aime pas du tout me regarder car je ne me retrouve pas. Ce n’est pas moi mais un autre. Alors je dirai simplement que je suis fier de la confiance que l’on m’accorde en me choisissant pour interpréter tel ou tel personnage en sachant que chacun d’eux m’a permis de mieux me découvrir en tant qu’acteur, de mieux appréhender un rôle, de me sentir de plus en plus en accord avec la sincérité et ainsi d’arriver chaque jour à mieux exprimer et donc faire ressentir ce que vit le personnage. Certains rôles ont été une réelle opportunité de pouvoir réaliser un personnage de composition, ce qui est pour moi un grand plaisir. Citons parmi ceux-ci mon tout premier rôle dans "Les Mouches", dans lequel j’interprète un psychopathe, et le dernier en date tourné en août 2005 "Ici-bas" dans lequel j’interprète le rôle d’un père blessé par l’assassinat de sa fille qui va le transformer en un monstre de vengeance hanté par la vision cauchemardesque d’un au-delà qui va le faire passer de chasseur en proie. Ceci n’est bien sûr que deux exemples. Il y en a d’autres....
*Tu as travaillé aussi pour la télévision ("Les histoires extraordinaires" de Pierre Bellemare). En quoi l’expérience de la télé diffère t’elle (si il y a différence) par rapport aux rôles cinématographiques ?
Une très bonne expérience. En fait dans la série que vous citez, mon intervention était différente de mon expérience et c’est là où j’ai encore appris beaucoup. Pas d’interlocuteur. Une histoire à raconter comme si vous étiez interrogé par un journaliste. Pas d’émotions à ressentir réellement, peut-être juste faire ressentir au travers de l’histoire la problématique du ou des personnages. Un travail vraiment différent et très intéressant. Sinon en terme de réelle différence, je dirais un temps de préparation très court entre le moment où vous recevez le scénario et le jour du tournage. Ensuite il faut y aller, vite et bien. Deux ambiances différentes mais chacune m’apporte autant de plaisir que d’expérience.
*As-tu une méthode particulière pour réussir à rentrer si vite dans la peau d’un personnage ? Et trouves-tu plus facile de jouer un personnage un peu "fou" ou bien un individu plus ordinaire ?
Il est vrai que j’affectionne tout particulièrement d’avoir à interpréter un personnage fort, confronté à une réalité extérieure ou intérieure compliquée ayant pour conséquence la mise en marche d’une mécanique psychologique susceptible de le (me) faire passer d’un état A vers un état B. Là, à ce moment précis, je me sens libre et je ressens un flot d'émotion qui m’envahit totalement et me transforme littéralement. Mon instinct prend le relais et je vis l’instant avec toute la force et la teneur du moment. Plus rien n’existe à part le moment présent et lorsque j’entends "coupez", le mot magique qui me permet de "revenir" l’émotion ressentie persiste même après. Elle reste présente, comme un écho. Parfois douloureuse, mais je sais au fond de moi, que c’est moi qui l’ai créé. Personnellement, ce qui me permet de passer d’un état A vers un état B et de rentrer aussi vite dans la peau du personnage dans une situation donnée c’est, outre le travail de préparation en amont, l’instinct dont le facteur déclencheur est un "continuel dialogue intérieur" qui me permet d’être en connexion permanente avec le moment, le personnage et moi. Pour terminer je dirais que je suis meilleur indiscutablement dans un rôle difficile et de composition que dans le rôle d’un personnage ordinaire.
*De tous les genres cinématographiques, quel est celui qui a tes préférences ? Polar, western, film de guerre, fantastique, comédie ou autre ?
En tant que spectateur, je rentre facilement dans le jeu du film et la problématique des personnages mais je suis exigeant car je dois réellement sentir et vivre les émotions au travers des personnages comme si j’étais à leur place dans la même situation, confronté à la même situation. Ce qui revient à dire que j’aime le cinéma pour les émotions qu’il me fait ressentir. Je ne vais pas au cinéma pour regarder simplement des images mais pour ressentir des choses, croire en quelque chose, changer mes opinions sur d’autres. Les films fantastiques, les thrillers, les films de guerre et certains bons films d’horreur font parti de mes préférences.
*Tu ne pouvais pas échapper à la traditionnelle question concernant tes goûts en matière de cinéma fantastique et d’horreur. En la matière quels sont les films que tu trouves les plus réussis ? Et pourquoi ?
Je pose un joker ! Non ? Bon, les films d’horreur et fantastiques je suis tombé dedans quand j’étais petit ! Nous étions une bande d’amis et à tour de rôle chacun d’entre nous devait choisir 2 films. Nous passions la nuit à les regarder, à avoir peur, à rire parfois. Puis une note était attribuée à la sélection. Un excellent souvenir. Parmi les films qui m’ont marqué, je citerai ‘’La Paura" (‘’Frayeurs’’) – ‘’L’au-delà’’ - ‘’La nuit des morts-vivants 1968’’ - ‘’Zombie’’ - ‘’Evil Dead’’ - "L’exorciste" et d’autres bien sûr en sachant qu’il faut les remettre dans leur contexte de l’époque à savoir un nouveau concept de film, une nouvelle façon d’aborder l’horreur, de montrer l’horreur. Un bon film d’horreur ou fantastique selon moi ce n’est pas forcément au moment de l’horreur mais au moment où le point culminant de la peur est bien amené. Le point où vous perdez pied avec la réalité, vous y croyez, c’est là, menaçant, tout près de vous. L’angoisse vous mine, la respiration s’accélère.... La magie de l’histoire, la magie des images, la magie du son et des lumières font que – c’est trop tard – vous êtes pris au piège et l’horreur s’abat sur vous comme la hache du bûcheron!!! Pour terminer je dirai que dans le genre j’aime beaucoup le cinéma asiatique.
*Dernièrement tu te retrouves dans deux films d’horreur particulièrement sanglants : "Horrificia" d’Antoine Péllissier et "Ici-Bas" de Lionel Colnard. Est-ce dû au hasard ou as-tu une réelle attirance pour ce type de cinéma ?
Il n’y a pas de hasard. Mon attirance pour ce type de film m’a tout simplement mis sur la route de deux réalisateurs. Lorsque j’ai pris contact avec Antoine PELLISSIER je débutais à peine. Le projet ‘’Horrificia’’ en était à ses balbutiements. Puis nous nous sommes rencontrés à Nîmes. Deux années plus tard le film est en cours. Nous sommes de bons amis et je suis très heureux de pouvoir participer à son film. Quant à Lionel COLNARD, c’est grâce à un ami commun, David SCHERER, spécialiste des effets spéciaux, que nous nous sommes rencontrés. Le tournage étant terminé, je peux dire que je suis satisfait de sa façon de travailler, de sa vision du film, de son exigence, de son ouverture d’esprit, de la liberté et de la confiance qu’il laisse aux acteurs.
*Si tu avais à donner quelques conseils à des acteurs/actrices débutant(e)s, quels seraient-ils ?
Déjà être passionné. Le cinéma est exigeant. Il demande des sacrifices. Le cinéma est une grande et belle famille mais qui ne se laisse pas facilement approcher. De la volonté pour toujours chercher à se remettre en cause et, surtout au début, de tourner car la meilleure des écoles reste encore le plateau qui vous permet de vivre réellement votre passion, de tester votre approche, d’améliorer votre façon d’aborder un rôle pour affiner votre sincérité qui conduit à la crédibilité. Voilà pour moi la CLE. La sincérité. Pour en fin de compte, le jour J vivre le moment à fond, intensément et non pas le jouer.
*Merci Patrick d’avoir répondu à mes questions, et que puis-je te souhaiter pour l’avenir ? De pouvoir trouver des rôles à ta mesure ?
Merci à toi et à toute l’équipe de HORREUR.COM. Une interview c’est une double opportunité. La première de donner son avis, la deuxième de faire le point avec soi-même. Alors merci. Quant à l’avenir ? OUI, très sincèrement je souhaite pouvoir m’exprimer pleinement et donner tout ce qu’il y a en moi dans des rôles de composition. JE SAIS que c’est possible. Il suffit simplement de m’en donner l’opportunité et je sais qu’il n’y a pas de hasard....
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