Affiche française
GERALD'S GAME | GERALD'S GAME | 2017
Affiche originale
GERALD'S GAME | GERALD'S GAME | 2017
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Gerald's game

Gerald's game

Afin d’essayer de rallumer la flamme de leur couple, Jessie et Gerald se rendent en weekend dans une maison isolée. Alors que Gerald attache Jessie au lit, avec des menottes, dans le but de satisfaire un de ses fantasmes, l’homme va mourir d’une crise cardiaque. Seule, attachée, Jessie va devoir trouver un moyen de s’échapper et surtout lutter contre ses démons...

GERALD'S GAME | GERALD'S GAME | 2017

L'AVIS :

Adapté du roman de Stephen King sorti en 1992, Gerald’s game ou Jessie avait tout du projet casse-gueule. Peu de personnages, un lieu unique (une chambre) ou presque, une héroïne attachée à un lit, il allait falloir un peu de talent pour réussir à ne pas faire sombrer le spectateur dans l’ennui avec le risque d’adopter une réalisation trop statique. Certes, le matériau de base est excellent mais combien de romans de King, et pas forcément des aussi contraignants, ont été massacrés à la moulinette de l’adaptation ?

La responsabilité était donc de taille pour Mike Flanagan, réalisateur qui avait réussi à créer la surprise en 2014 avec le très bon Oculus et à remonter le niveau de la série des Oui-ja en signant un second épisode efficace et bien au-dessus du décevant premier volet. Ne tournons pas autour du pot, ce Gerald’s game est dans l’ensemble une réussite. Pourtant ça ne commence pas forcément très fort. Le début du film manque de tension et de perversion. On voit que Gérald aime les jeux sexuels un peu hors normes mais il ne parvient pas forcément à nous angoisser et ce même lorsqu’il s’en prend à Jessie en tentant de la violer. Les dialogues ne sont pas percutants, le décor n’est pas anxiogène, les personnages restent partiellement vêtus (ce qui retire un peu au réalisme de la situation), les détails semblent insignifiants…

Il faut donc attendre que Gerald meure pour que le malaise commence à s’installer un peu. De par l’arrivée des hallucinations de Jessie qui voit donc son mari et elle-même en train de lui parler de sa situation ou de la conseiller mais surtout par l’apparition de flashbacks sur l’enfance de Jessie, racontant ce qu’elle a subi l’année de ses douze ans, qui mettent particulièrement mal à l’aise. La réalisation qu’on trouvait timide est en fait pudique. Flanagan ne montre rien, à raison, mais arrive à insuffler la gêne grâce aux regards des acteurs et à des dialogues malsains (stupéfiant Henry Thomas,). A ce moment-là, toutes les petites choses du début commencent à prendre sens (le verre d’eau, l’étiquette, le tube du viagra, les menottes, les raisons de pourquoi Jessie est si terrifié par Gérald…) et le machiavélique puzzle s’emboîte.

Des hallucinations et des souvenirs dramatiques qui reviennent de plus en plus au fur et à mesure que Jessie perd des forces et se déshydrate. Son corps se dégrade et elle perd l’esprit. Au point qu’elle ne différencie plus le vrai du faux et ne sait plus si l’homme difforme qui vient lui rendre visite chaque nuit est réel ou si c’est aussi une vision. Seule chose dont elle est sûr, le chien qui vient se nourrir du cadavre de son mari, lui, est bien fait de chair et d’os. La partie la plus troublante du film est celle de Jessie face à ses démons antérieurs qui resurgissent à travers les visions et les flashbacks. Les moments d’apparition du chien ou du tueur difforme, bien qu’intéressants et primordiales, n’apportent malheureusement pas le même degré d’angoisse.

Côté sanguinolent, Flanagan n’en fait pas des tonnes. Il aurait pu se faire plaisir en étalant de la viande et du sang partout dans les scènes ou le chien mange les corps mais préfère ne pas trop en montrer pour accentuer l’effet écœurant d’une scène clé du dernier tiers du film (dont je ne vous dirai rien pour ne pas spoiler).

Si la réalisation n’est pas spectaculaire, elle a au moins le mérite de distiller le suspense petit à petit et crescendo. La dégradation physique et psychologique de Jessie est réussie autant visuellement que dans sa perte de repère. Les discussions avec ses « fantômes » sont prenantes et amènent à découvrir des personnages au profil psychologique intéressant. Si le film est réussi c’est aussi car il est porté par des comédiens investis. Carla Gugino est impeccable, Bruce Greenwood fait le taf, Chiara Aurélia est touchante et Henry Thomas est écœurant !

Au final, Mike Flanagan, épaulé d’un casting solide, signe une adaptation imparfaite mais réussie et prenante du roman de Stephen King et réussir à intéresser pendant une heure et quarante minutes avec l’histoire d’une femme attachée à un lit, c’est déjà un petit miracle !

GERALD'S GAME | GERALD'S GAME | 2017
GERALD'S GAME | GERALD'S GAME | 2017
Note
4
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Sylvain Gib