Substance - the
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Elisabeth Sparkle, vedette d’une émission d’aérobic, est virée le jour de ses 50 ans par son patron à cause de son âge jugé trop élevé pour la suite de sa carrière. Le moral au plus bas, elle reçoit une proposition inattendue, celle d’un mystérieux laboratoire lui proposant une « substance » miraculeuse : si elle se l’injecte, elle deviendra « la meilleure version » d’elle-même, « plus jeune, plus belle, plus parfaite » grâce à une modification cellulaire de son ADN....
L'AVIS :
Dans "The Substance", Demi Moore incarne Elisabeth Sparkle, une ancienne icône de cinéma reconvertie en coach de fitness télévisée, qui affronte l’épreuve la plus audacieuse de sa carrière en confrontant les dures réalités de l’industrie du divertissement. Âgée de 50 ans, Elisabeth sait que dans ce monde impitoyable, vieillir n’est pas pardonné. Son anniversaire prend une tournure amère lorsqu’elle déjeune avec son patron, Harvey (Dennis Quaid), un dirigeant de télévision sans scrupules. Alors qu’il engloutit bruyamment une assiette de crevettes, il l’informe avec désinvolture que son émission de fitness est annulée pour faire place à une présentatrice plus jeune. Cette scène, renforcée par des détails sonores appuyés, rend encore plus insupportable l’indifférence de Harvey envers son employée.
Face à l’angoisse du déclin et de la perte de sa notoriété, Elisabeth est attirée par un mystérieux produit appelé The Substance, qui lui permet de créer une version plus jeune d’elle-même, prénommée Sue (interprétée par Margaret Qualley). Cette seconde jeunesse lui offre une chance de continuer à briller dans une industrie obsédée par l’image de la jeunesse éternelle. Cependant, "The Substance" impose des règles strictes : Elisabeth ne peut l’utiliser qu’une seule fois pour activer cette version d’elle-même, et les deux « versions » doivent s’éteindre tous les sept jours. Partageant une conscience commune, Elisabeth et Sue découvrent rapidement les effets secondaires perturbants et imprévus de ce pacte faustien.
La photographie, signée Benjamin Kracun, apporte une touche visuelle audacieuse, colorant l’univers de Beverly Hills avec des teintes criardes et artificielles qui capturent l’essence du monde du show-business. Les costumes d’Emmanuelle Youchnovski enrichissent cette atmosphère : chaque tenue reflète l’évolution des personnages, soulignant leur superficialité tout en explorant leur fragilité intérieure. La musique, composée par Raffertie, accompagne cette frénésie visuelle, renforçant le sentiment d’urgence et d’angoisse qui traverse le film.
"The Substance" mêle horreur et satire sociale, offrant une critique acerbe de l’industrie du divertissement et de la quête obsessionnelle de l’éternelle jeunesse, tout en captivant grâce à une mise en scène percutante. Le personnage d’Harvey, volontairement caricatural, est accentué dans toute sa grossièreté par les effets de caméra de Fargeat et Kracun, qui utilisent des objectifs fisheye et des gros plans exagérés pour le rendre encore plus grotesque. Les miroirs et surfaces réfléchissantes occupent également une place centrale dans l’esthétique du film, symbolisant le narcissisme et l’auto-obsession des personnages, tout en évoquant la dualité d’Elisabeth et de son double rajeuni. Ces reflets renforcent la tension entre ce qui est montré au public et ce qui reste caché, offrant un jeu de regards qui intensifie la lutte intérieure des personnages face au vieillissement.
Les décors stylisés de Stanislas Reydellet accentuent cette atmosphère décalée : l’agencement des studios de télévision et du laboratoire pharmaceutique est baigné dans une esthétique colorée et futuriste, rappelant les couloirs interminables de "Shining" et l’ambiance clinique et glaciale de "2001, l’Odyssée de l’espace". Les miroirs et autres surfaces réfléchissantes jouent aussi un rôle central, enfermant les personnages dans leurs propres reflets pour souligner leur angoisse liée à leur image publique et à leur déclin.
Le film explore également des thèmes de body horror en puisant dans l’héritage de réalisateurs comme Brian Yuzna, notamment Society. Le processus de transformation corporelle devient ici une métaphore visuelle percutante des pressions de la société moderne sur le corps et l’apparence. Comme dans Society, The Substance transforme la chair elle-même en une matière malléable et exploitable, soulignant l’horreur sous-jacente de cette quête de perfection et les sacrifices extrêmes qu’elle impose.
"The Substance" se veut une allégorie mordante de la misogynie et de l’obsession pour l’apparence dans l’industrie du divertissement. Contrairement au mythe du portrait de Dorian Gray, où l’on peut cacher les signes de vieillissement, "The Substance" montre qu’il est impossible d’échapper à cette lutte intérieure. Chaque transformation doit être confrontée, en mettant à nu les répercussions physiques et psychologiques de cette quête de jeunesse éternelle.
Le dernier plan du film est un véritable coup de maître visuel et émotionnel, aussi saisissant que cathartique. Après deux heures d’un déchaînement d’effets visuels et de moments d’horreur crue, ce final calme et presque apaisant contraste avec le reste du film. Il laisse au spectateur une impression de satisfaction, tout en suscitant une profonde admiration pour la vision unique de Fargeat, qui parvient à transformer cette exploration de la folie en une expérience cinématographique marquante.