Taste of phobia - a
Taste of phobia - a
« Artsploitation Films », un distributeur basé à Philadelphie à la recherche de divertissements internationaux dans les coins les plus sombres et désolés du monde, publie une anthologie d'horreur intitulée A taste of phobia directement en DVD et réunissant 14 réalisateurs cosmopolites et leur version créative de la représentation de diverses peurs portant principalement sur l’horreur corporelle. Chaque court-métrage porte le nom d’une phobie spécifique et dure entre trois et cinq minutes. Alors, est-ce que cette anthologie au concept original va s’avérer révolutionnaire ?
L'AVIS :
On commence par « Chaetophobia », où une femme essaie désespérément d’échapper à un sadique qui éprouve une profonde aversion envers les poils en tous genres. Ce premier court-métrage qui s’apparente à un torture porn movie classique où la femme séquestrée sera rasée, léchée et verra sa peau épilée, son agresseur manquant cruellement de poils et de cheveux, a un intérêt car il est typique de la tendance de cette anthologie à s’approprier le sujet d’une peur spécifique sans l’explorer à fond ! Autrement dit, cela manque cruellement d’innovation pour un début !
Suit « Pharmacophobia », dans lequel un homme qui n’a jamais pris de médicament de sa vie, devient un jour extrêmement malade. Il va donc écouter sa fille et essayer un nouveau traitement miracle. Voilà ce que l’on appelle un beau gâchis à un point tel que l’on se demande pourquoi il a été inclus dans ce film à sketchs ! Ce n’est pas du tout convaincant car mal interprété, effroyablement tourné et surtout ça relate juste l’histoire d’un type qui boit des médicaments contre le rhume et qui a la bouche pleine de bave façon je mets un cachet d’aspirine effervescent dedans ! Oooh, effrayant !
« Parthenophobia » narre les déboires d’un acteur porno qui a peur des vierges et qui perdra tous ses moyens le jour où il devra tourner une scène avec l’une d’entre elles. Résultat des courses : il aura des hallucinations le conduisant à commettre l’irréparable. La chose la plus surprenante à propos de ce segment n’est assurément pas le contenu, très vite oubliable, mais surtout le fait (et j’ai dû le vérifier) que la peur des vierges existe réellement !
On a la chance ensuite de visionner le pire court-métrage de cette anthologie, ça c’est certain, mais peut-être de tous les temps, ça, ça reste à confirmer à long terme ! « Coprophobia », c’est son titre assez évocateur, nous montre un homme effrayé par les excréments et devant faire face à sa plus grande phobie. C’est bien simple, ce segment est tellement incroyable (dans le sens nullissime, on s’entend !) par rapport à tout ce qui a été fait avant et après, tant c’est mauvais ! Il implique tout simplement un type qui a peur d'utiliser les toilettes et qui passe ensuite trois minutes à lutter contre un ours en peluche maculé de déchets humains !? C’est grotesque, risible, terriblement mal joué et ennuyeux au possible. Toutefois, c’est nul, non pas parce que c'est dégoûtant (ça le rendrait au moins mémorable), mais parce que voir un type en slip sale clairement recouvert de chocolat se débattre avec une peluche est tout simplement pathétique !
« Mysophobia » nous présente un individu apeuré par les microbes et autres germes étant un gros maniaque de la propreté. Il se retrouve dans une pièce qu’il recouvre de plastique et boit de l’alcool afin de se nettoyer mais ça ne suffit pas, il va devoir faire quelque chose avec sa peau… Ce segment aurait pu présenter un quelconque intérêt si ça n’avait été déjà fait avant et en bien mieux, peut-être plus particulièrement dans "Creepshow" qu’on va s’empresser de visionner de nouveau !
On peut ensuite voir « Mazeophobia » (la crainte des labyrinthes !?) dans lequel un conducteur d’origine hispanique tourne en rond sur une étrange route pour finir chez des ricains bas de plafond lui cherchant des noises. Même chose que pour le précédent : on a vu meilleur ailleurs !
« Astrophobia » d’une durée un peu plus longue semble être un des meilleurs segments de A taste of phobia, en même temps, ce n’est pas très difficile ! On peut y observer un homme obsédé par les étoiles perdant progressivement la tête devant l’immensité de l’univers dès lors qu’il commence à sortir avec une ravissante demoiselle. Même si le visuel des clips vidéo vus sur Internet est un peu flashy, il y a au moins quelques idées intéressantes. Entre l’influence d’un gourou venu du Net et l’inquiétude germant en pensant trop à l’ampleur de l’espace, ce court a au moins le mérite d’être innovant, joué avec de vrais acteurs et de plus, il se conclut avec une scène un peu gore certes un peu sortie dont on ne sait où, mais qui pourra plaire !
On enchaîne avec « Mageirocophobia » (peur de la cuisine !?) dans lequel on suit une femme tourmentée par des ingrédients lors de la préparation d'un repas. Ici, l’interprète principale et unique peut parler à sa nourriture et dès lors, une carotte devient un doigt, une tomate, un œil mais surtout, elle s’adressera à un poisson, qui est clairement un jouet en plastique du genre à chanter, mais s’avérant inoffensif, contrairement à ce court qui pourrait endommager les neurones de ceux, à l’instar de votre dévoué, ayant eu le courage d’aller jusque-là !
Dans « Gerascophobia » (peur du vieillissement), un mannequin homme qui refuse de vieillir, accepte un accord afin de déplacer sa conscience dans un autre corps, mais forcément, cela ne va pas se passer comme prévu ! Pour les néophytes en cinéma qui n’auraient pas vu "Clones" voire "Renaissances", ce segment au script qui aurait pu figurer dans la série "Black Mirror", sera assez divertissant, pour les autres, ce ne sera que pure perte de temps !
« Politicophobia » prend le relais mais sent tout de suite le mauvais cinéma estudiantin, le genre de court que tout le monde fait en fin d’études avant d'apprendre les bases. On y voit un jeune homme qui s'émerveille devant le cycle de vote sans fin et qui finit par l’overdose de slogans politiques. C’est encore pire que ça en a l'air d’autant que cela se veut assurément comme une tentative de satire politique ! Pitoyable à l’extrême !
On suivra ensuite les mésaventures d’un homme qui n’a pas dormi depuis des lustres et qui est poussé à bout par son patron afin qu’il termine d’urgence un projet en pleine nuit dans « Somniphobia », indubitablement l’un des moins mauvais courts de A taste of phobia avec cet individu qui fait tout son possible pour rester conscient, aboutissant à des mesures désespérées d’automutilation. C’est ridicule et amusant, avec une bonne performance de l’acteur principal, mais est-ce bien suffisant pour sauver l’ensemble ?
Les plus courageux d’entre nous seront arrivés jusqu’à « Oneirophobia » (peur des rêves) où l’on découvre une femme rêvant et se retrouvant dans un clip vidéo des années 90 très colorisé. Un score giallo hargneux laisse deviner ce qui pourrait arriver à son petit-ami endormi dans le monde éveillé et ça n’est pas très enviable ! Ce segment n’est pas le plus catastrophique mais il est anéanti par des images horribles et un manque d’idées flagrant. On passe.
Une femme seule reçoit une visite bien tardive dans « Nyctophobia » (peur de la noirceur) qui, si on n’est pas trop regardant, est assez bien fait et bien joué, mais qu’est-ce que l’idée est fade et éculée !
A taste of phobia se terminera (enfin !) par « Hemophobia » (phobie du sang), l'histoire qui encadre toute l'anthologie. L'idée franchement farfelue du court veut qu'une jeune femme seule à la maison soit paniquée par toutes les absurdités qu’elle visionne. Purement risible pour un final sans saveur !
En conclusion, il y a trop peu d'idées novatrices dans A taste of phobia pour qu’il mérite qu'on s'y attarde. Les histoires compilées vont de l'exécrable, en passant par la mauvaise, l’ennuyeuse et la simplement terne pour côtoyer l’assez bonne (pour deux segments seulement, faible moyenne sur 14 !), mais la plupart sont médiocres. Dommage, car sur le papier, le concept d'un film d'anthologie horrifique basé sur diverses phobies, à la fois connues et obscures était presque illimité. Seulement voilà, le rendu est catastrophique pour ce long-métrage venant du Royaume-Uni mais au casting quasiment italien, sans doute dû à son lieu de tournage, s’étant tenu presque exclusivement en terres transalpines ! Avec peut-être moins de segments, des durées plus longues et, en règle générale, plus d’argent pour les acteurs et les effets spéciaux, le film aurait pu être un peu moins abominable, mais malheureusement, ce n’est pas le cas. Celui-ci est un ratage complet, chose relativement rare pour un film à sketchs !