Troll (2022)

Troll (2022)

Alors qu’ils construisaient un tunnel dans une montagne, des ouvriers réveillent en utilisant de la dynamite un ancien troll endormi et prisonnier de cet endroit.
Rapidement, le troll sème la panique partout où il passe, détruisant tout sur son passage et menaçant les villes aux alentours. Afin d’empêcher le chaos qui se prépare, les Autorités norvégiennes font appel à Nora, une paléontologue réputée ayant notamment baigné étant jeune dans le folklore de son pays et les contes qui en découlent.

Troll (2022) | Troll (2022) | 2022

L'AVIS:

La plateforme Netflix dévoile en cette fin d’année 2022 ce qui semble être le projet le plus cher de l’histoire du cinéma scandinave. Son titre ? "Troll". Son réalisateur ? Vous le connaissez bien, il s’agit du norvégien Roar Uthaug : celui à qui l’on doit les très bons "Cold Prey" (il sera d’ailleurs producteur sur sa suite) et "Dagmar, l’âme des vikings" mais également le "Tomb Raider" de 2018. Un réalisateur qui sait nous séduire à horreur.com avec sa moyenne d’une réalisation tous les trois ans et dont le nom lors de l’annonce du film "Troll" par la plateforme américaine m’a tout de suite intrigué.

En lisant le synopsis et en voyant la bande-annonce, voire même rien qu’en lisant le titre du film, impossible de ne pas penser à l’hautement sympathique "The troll hunter" d’André Ovredal, compatriote de Roar Uthaug à qui l’on doit également le très bon "The Jane Doe identity" ou encore "Scary stories". Mais en visionnant le film de la plateforme de Netflix, on réalise rapidement que les similitudes seront finalement assez peu nombreuses entre les deux films mettant en scène ces êtres très représentés dans la mythologie scandinave.

Alors que "The troll hunter" était réalisé à la manière d’un faux documentaire, caméra à l’épaule, et nous distillait des moments angoissants bienvenus avec ces apparitions soudaines et brutales de monstres en pleine nuit, le film "Troll" de Roar Uthaug ne part pas du tout dans cette direction.

En effet, ce dernier ressemble bien plus à une version norvégienne de "Godzilla" du fait que nous poursuivons un monstre géant pendant une grande partie du film pour essayer tant bien que mal de le neutraliser. Un film très typé action donc avec tout ce qui va avec (attaques en hélicoptères, assauts militaires, tirs à tout va, explosions…), bien que la note fantastique soit bien là évidemment, le film mettant tout de même en scène un monstre de plusieurs dizaines de mètres de haut issu du folklore scandinave et n’ayant aucune pitié pour ses assaillants (il écrase sans relâche les gens qui l’entourent, fracassent des hélicoptères les uns contre les autres et ira même jusqu’à balancer dans sa gueule un militaire), même si ce dernier montre parfois un comportement plus humain (il sauvera un petit garçon d’un accident d’hélicoptère et sera à l’écoute de Nora et de son père par exemple), ce qui n’était clairement pas le cas du film d’André Ovredal.

A ce titre, on pourra peut-être reprocher au film de Roar Uthaug de ne pas aller un peu plus loin dans l’action et le grand spectacle dès lors que cette orientation est clairement prise. Nous comprenons en effet assez aisément au bout d’un quart d’heure que nous ne serons pas devant un film angoissant mais plutôt devant une chasse à la grosse bêbête en plein jour (bien que le soleil soit quelque peu caché derrière les épais nuages pour ne pas pétrifier notre Troll allergique aux rayons du soleil comme nos amis vampires). Il est donc dommage que les séquences catastrophes comme on les appelle ne soient pas plus dantesques et pétaradantes. Par exemple, à ce moment où le troll des montagnes arrive dans un parc d’attractions, nous étions en droit de nous attendre à des attractions fracassées, des gens écrasés en nombre, des scènes de carnage mémorables… Mais non, cela reste assez restreint en termes de dégâts matériels et humains alors que nous espérerions peut-être quelque chose de dingue dans un pareil endroit… Même constat pour ce dernier chapitre du film où notre monstre scandinave pénètre dans Oslo : nous restons un peu sur notre faim là aussi (le troll est très respectueux des bâtiments et seulement quelques-uns, dont un pont, voleront en éclats, ce dernier allant même jusqu’à emprunter la route comme tout le monde pendant un bon moment, sans même heurter les lampadaires, quand il s’agira de poursuivre la voiture de Nora).

C’est un peu ce que nous pourrons reprocher au film de Roar Uthaug (en tout cas moi… le film ayant fait beaucoup d’heureux à en croire le succès fou du film sur la plateforme Netflix sur laquelle il est resté plusieurs jours dans le top 10 des films les plus visionnés) : le scénario ne casse pas des briques et l’histoire se suit sans grande surprise, les dialogues n’apportent pas grand-chose au récit (la base appelle les hommes sur le terrain, les hommes sur le terrain appellent la base… « On fait quoi ? On fait ça. Et maintenant on fait quoi ? Bah on fait ça… », des dialogues assez creux et routiniers) et le folklore scandinave n’est que prétexte pour nous balancer un gros monstre face à des militaires acharnés qui bouffent leurs munitions bêtement sans trop réfléchir.

Par contre, une fois de plus nous apprécierons, comme dans beaucoup de films fantastiques nordiques, la beauté des paysages norvégiens avec ces décors naturels remarquables. La photographie séduit toujours autant et "Troll" n’échappe pas à la règle pendant toute sa première grosse moitié se déroulant en milieu rural. Et même sans parler paysages, le film est beau à voir, les effets spéciaux sont maîtrisés et notre troll fourmille de détails, notamment en ce qui concerne son visage souvent montré en gros plan.

Bien que les dialogues ne soient pas très travaillés, les acteurs et actrices font le job pour ce genre de production donc rien d’alarmant non plus à ce niveau. Alors oui nous aurons droit comme toujours dans les films typés action à des sauvetages en règle, des actes de bravoure, des prises de risques pour certains dans leurs fonctions, deux-trois scènes quelque peu tirées par les cheveux… C’est le cahier des charges de ce genre de production qui veut cela et ce dernier est plutôt bien respecté, n’en déplaise à certains. Seul le chapitre « grand spectacle » aurait pu être un peu plus étoffé…

A noter une fin peu originale, même si jolie à regarder… Bref c’est dans la continuité de ce qui a précédé aurais-je envie de dire : on délaisse l’aspect fantastique/horrifique de certains monster movies et on axe plus du côté de l’action sans pour autant s’aventurer en dehors des sentiers battus et en allant pas suffisamment loin dans les séquences catastrophe.

Au final, "Troll" est un honnête film qui a le mérite de remettre sur le devant de la scène un monstre que l’on aime bien mais qui reste très peu représenté au cinéma. Par contre, les fantasticophiles que nous sommes seront mitigés pour la plupart en fin de visionnage car le film est trop routinier et prend zéro risque dans les grandes scènes d’affrontement entre le monstre et les soldats. C’est classique, ça ressemble fortement à du Godzilla, mais la beauté des paysages naturels et la réalisation de notre troll des montagnes viennent rééquilibrer la balance dirons-nous.
Bref, on passe un moment sympa devant cette chasse au monstre mais sans plus…

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Bande-annonce
Note
3
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David Maurice