Affiche française
SAINT ANGE | SAINT ANGE | 2004
Affiche originale
SAINT ANGE | SAINT ANGE | 2004
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Saint ange

Saint ange

France, dans les années 50. L'orphelinat de Saint Ange doit fermer ses portes, suite au décès d'un jeune garçon. Anna, une jeune fille qui est enceinte, vient à Saint Ange pour aider Helenka, la vieille femme de service, à nettoyer tout le bâtiment. Une troisième personne reste également dans l'orphelinat désert, Judith, une fille au comportement étrange, orpheline qui a toujours vécu ici. Après quelques jours passés dans l'immense bâtisse, Anna croit entendre des voix, des bruits. Se liant d'amitié avec Judith, elle va vouloir découvrir quels mystères se cachent derrière les murs de Saint Ange, se rappellant de la phrase qu'une petite fille lui a prononcé avant son départ : "Fais attention aux enfants qui font peur..."

SAINT ANGE | SAINT ANGE | 2004

Après "Haute tension", "Malefique", "Bloody mallory" et "Broceliande", la France nous livre un autre film fantastique. Il y avait longtemps que notre beau pays n'avait pas montré autant de signes d'intérêt pour ce genre souvent décrié par chez nous. Pascal Laugier a même bénéficié du soutient de deux producteurs pour mener à bien son projet, Richard Grandpierre et surtout Christophe Gans, grand défenseur de notre genre de prédilection. Bénéficiant du confortable budget de 5 millions d'euros, d'un décor offrant de nombreuses possibilités en la personne d'un château gigantesque qu'il a fait devenir un vieil orphelinat qui aurait bien besoin de travaux de rénovations, de la présence de deux actrices fort sympathiques, à savoir Virginie Ledoyen et Lou Doillon, de la présence de Catriona MacColl, que tout fan de films d'horreur aura reconnu malgré ses traits vieillis par les années (comment oublier celle qui nous aura fait frissonner dans les films de zombies de Lucio Fulci), Pascal Laugier se lance donc dans la réalisation de ce film fantastique appartenant au sous-genre dit de "maisons hantées".

En effet, la vision du film de Laugier nous renvoie à d'autres classiques de ce genre, comme "la maison du diable", "Shining", "les autres"... Le fait d'inclure des enfants nous rappelle également des films comme "les innocents" ou plus récemment "l'echine du diable" ou "Darkness". Car Saint Ange n'a rien d'un film vif, rythmé. Laugier préfère installer une ambiance, une atmosphère, plutôt que de sacrifier son film à Monsieur Effets Spéciaux. Une ambiance d'ailleurs fort réussie, pour qui s'imprègnera totalement de l'univers du film. Une fois dedans, de nombreux frissons viendront vous parcourir l'échine. La musique de Joseph DoLuca étant un des éléments de la peur dans ce film. Personnellement, j'ai ressenti un certain stress pendant la vision de Saint Ange, qui est pourtant avare en scènes chocs, mais la réalisation, la musique, les décors, l'ambiance qui se dégage des images ont un certain impact et ce sentiment est fort agréable car assez rare. Récemment, seul "Ring" m'avait procuré ce plaisir.

Le film débute très fort, avec une scène abominable, pas sanglante du tout, mais tellement réaliste et soudaine qu'elle fait monter l'adrénaline d'un coup ! On ressent dans sa chair ce qui arrive au jeune garçon et ça fait plutôt mal ! Le film prend ensuite son temps, nous présente les personnages principaux, dont Anna, bien interprétée par une Virginie Ledoyen visiblement très imprégnée par ce rôle de fille-mère. Pour contraster avec Anna, qui semble avoir la tête sur les épaules, Laugier nous présente Judith, jouée par Lou Doillon, dont le visage étrange donne à ce personnage une dimension gothique fort appropiée à ce genre de film. Judith semble déconnectée de la réalité, et semble un peu "fo-folle", de par son comportement et ses sautes d'humeur soudaines. Pour renforcer le contraste, Laugier fait porter de nombreuses fois à Ledoyen des vêtements noirs, alors que Doillon est vêtue de robe d'un blanc éclatant. Deux univers qui vont pourtant s'accorder. Nos deux jeunes filles sont chaperonnées par Helenka, vieille femme de ménage et cuisinière qui travaille à Saint Ange depuis plus de ving ans. Helenka a tout de la mère protectrice et nous apparaît comme un personnage fort sympathique et humain.

Le fantastique fait son apparition peu à peu, avec Anna qui entend des voix, des chuchotements. Bientôt, elle est certaine que des enfants vivent dans les murs de Saint Ange. Son enquête l'amènera à découvrir certains secrets de cette bâtisse. Des secrets pas toujours compréhensibles, qui posent plus de questions qu'ils n'apportent de réponses. A ce sujet, le final pourra même sembler totalement incompréhensible et on se demande si c'est nous qui n'avons rien saisi ou si c'est le réalisateur qui s'est un peu perdu dans sa pensée !

Pascal Laugier nous propose de superbes images, très léchées, qui apportent à la touche fantastique du film. La séquence de l'enterremement des petits chats est magnifique, bercée par une lumière presque magique et les deux actrices sont particulièrement touchantes et émouvantes. La séquence du miroir est quand à elle très stressante et nous pouve qu'il ne faut pas grand chose pour arriver à faire peur ! Le film est également baigné par la religion, avec de nombreux plans de croix, ce qui paraît normal au vu de l'époque à laquelle se passe le film, la France étant très croyante. Ce qui n'empêche pas Laugier de jouer avec les tabous de la religion, comme le fait qu'Anna soit enceinte à son âge, ou lorsqu'elle se frappe le ventre, ne supportant plus la vie qui grandit en elle. Par certains aspects, Saint Ange fait également penser à un conte, gothique, cruel, qui nous rappelle un peu les écrits d'Edgar Poe, où même Alice au Pays des Merveilles, le passage de l'autre côté du miroir ayant un rôle essentiel dans le film...

Saint Ange renoue donc avec le film d'ambiance et joue avec les codes du film de maisons hantées. Malgré un final plutôt complexe, où on ne voit pas trop ce que veut nous faire comprendre le réalisateur, le film de Pascal Laugier est dans son ensemble une réussite, tant sur la forme que sur son but : faire un film fantastique sérieux, qui ne se moque pas du genre mais qui le respecte. Un pari gagné pour qui se laissera emmener par Virginie Ledoyen et Lou Doillon, dans les couloirs et les secrets de Saint Ange...

SAINT ANGE | SAINT ANGE | 2004
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Note
4
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Stéphane Erbisti