Dylan Dog
Dylan Dog : Dead of Night
Détective privé à la Nouvelle-Orléans et accessoirement ancien gardien des forces obscures entre les communautés de monstres vivant cachés parmi les hommes, Dylan Dog se retrouve malgré lui, mêlé à une histoire impliquant loups-garous et vampires. Pourtant, le grand, beau et fort mais surtout armé enquêteur est lassé de traiter les affaires paranormales depuis qu'un événement tragique l'a profondément marqué. Mais c’est après sa rencontre avec une jeune femme et surtout à la suite d’une série de meurtres ensanglantant la ville et menaçant de déclencher une guerre des monstres que notre bellâtre décide de remettre le couvert. Saura-t-il alors éclaircir le mystère de ces assassinats sauvages et surtout, couchera-t-il avec la donzelle en détresse ?
Que pouvait-on attendre d’un film réalisé par Kevin Munroe, pourtant un ancien des studios Jim Henson et Stan Winston, mais malheureusement responsable du nanar retentissant "Les tortues ninjas" ? Que pouvait-on également espérer d’un script signé par deux des scénaristes du « Conan » de 2011 ? Pas grand-chose me direz-vous et vous auriez largement raison car ce Dylan Dog ne casse pas trois pattes à un caniche !
Pour celles et ceux qui ne le connaitraient pas, « Dylan Dog » est un personnage d’une bande dessinée italienne, un fumetto comme on dit chez nos cousins romains, créée par Tiziano Sclavi dans les années 80. Puis, c’est dans les années 90 qu’elle sera éditée aux Etats-Unis par Dark Horse, devant son succès grandissant ayant franchi progressivement les frontières transalpines. C’est donc logiquement que ce héros devait un jour connaître les privilèges de la pellicule, connaissant la propension des américains à tout adapter que ce soient les romans à l’eau de rose pour jeunes filles en mal de sensations (« Twilight » et « Hunger games » en tête), les comics ("Iron man", "Captain America : first avenger", etc.) ou bien encore les romans graphiques ("Sin city", "300", "Watchmen", pour les plus aboutis). Et l’on peut dire que le résultat cinématographique ne va pas être accueilli avec enthousiasme par les fans de la BD et on les comprend. Afin de plaire au spectateur américain moyen, les producteurs étasuniens n’ont pas trouvé mieux que de changer le décorum (on passe sauvagement de Londres à la Nouvelle Orléans), les personnages (disparition ou plutôt substitution de l’assistant de Dylan au look de Groucho Marx par un ersatz de pacotille) et d’insérer une dose d’humour façon "Flic ou zombie". Seulement voilà, on n’est plus dans les eighties, donc ce n’est plus drôle du tout et surtout, l’ambiance du matériau d’origine proche de l’univers de Romero a complètement disparu et ça c’est dommageable car cela fait de ce film un énième produit de consommation médian à vite oublier.
Pour nous les français, le personnage de Dylan Dog nous rappellera les univers hétérogènes de : "Constantine" avec son antihéros enquêtant sur des affaires paranormales et complètement dépressif car ayant quelque chose à oublier, "Dellamorte Dellamore" de Michele Soavi avec le personnage de Francesco, gardien d'un cimetière particulièrement singulier, ou bien encore la série « Buffy contre les vampires » avec son humour potache et ses petits combats contre des monstres désirant occire la race humaine. Vous l’aurez aisément compris, Dylan Dog constitue ainsi un petit divertissement grand public inoffensif qui voit une espèce de Sherlock Holmes du paranormal mener une enquête peu prometteuse et sans surprises, la faute à un scénario des plus convenus pas novateur pour deux sous. Pourtant, l’univers de monstres est assez sympa, les effets spéciaux et maquillages fort bien réussis (cf. les zombies, lycanthropes, vampires et autres super-monstres peuplant le film), certains gags fonctionnent quand même ou tout du moins font sourire (le groupe de parole des morts-vivants anonymes, le marché noir de pièces détachées humaines, par exemple). Mais voilà, le long-métrage de Munroe souffre d'un capital qu’on jugera trop restreint pour offrir de véritables scènes d'action dignes de ce nom, le rapprochant somme toute davantage d'un pilote de série télévisée ordinaire au ton linéaire que d'un véritable film de cinéma. On passe alors plus de temps à attendre la fin du métrage qu'autre chose.
Côté casting, on retiendra la performance plus que correcte de Brandon Routh (mais si voyons, l’homme musculeux au slip rouge de "Superman returns" et accessoirement bad boy dans la série « Chuck »), le seul à s'en sortir avec les honneurs avec Peter Stormare (une gueule du ciné indé voire de série B vue dans « Fargo », "Bruiser" et… "Constantine" !). Les autres acteurs au mieux font le minimum syndical (comme Anita Briem, ravissante plante vue dans "Voyage au centre de la Terre 2008"), au pire surjouent à mort (Taye Diggs aperçu notamment dans "Equilibrium").
En dépit de qualités visuelles et d’effets spéciaux assez bien rendus, cette adaptation à petit budget de « Dylan Dog » aura donc bien du mal à transcender sa nature de simple série B. La faute à une histoire mollassonne, un humour lourd mal venu et surtout un manque de surprise rédhibitoire. Vouloir adapter une œuvre est une chose, la respecter en est une autre et ça, Kevin Munroe a dû le comprendre. Enfin ! Vous aimez les fumetti avec « Dylan Dog » ? Passez votre chemin, vous gagnerez 1h48 de plus dans votre emploi du temps. Vous ne connaissez pas l’univers du personnage et vous adorez « Buffy contre les Vampires » et le plus récent « True Blood » ? Alors vous aimerez peut-être ce Dylan Dog en étant pas trop difficile alors, ou bien c’est que vous êtes américain !