Affiche française
Rituel - le | Ritual - the | 2017
Affiche originale
Rituel - le | Ritual - the | 2017
Un film de
Scénario
Date de sortie
Genre
Couleur ?
oui
Musique de

Rituel - le

Ritual - the

Après avoir perdu un de leur ami, quatre potes décident de faire la randonnée que ce dernier aurait voulu faire avec eux avant de décéder. Les voilà alors partis pour un trekking en Suède durant lequel ils vont avoir la mauvaise idée de couper par une grande forêt dense pour arriver plus tôt à un refuge dans le but d’y faire soigner l’un d’eux qui semble s’être fait une entorse au genou. Mauvaise idée car quelque chose semble vivre dans cette grande étendue d’arbres, quelque chose de terrifiant…

Rituel - le | Ritual - the | 2017

L'AVIS:

David Bruckner, encore un nom qui ne nous dit rien au premier abord mais c’est un cinéaste ayant déjà œuvré sur quelques films fantastiques tels que "V/H/S/", "Southbound" ou encore "The signal". Plus habitué aux formats courts, David Bruckner nous livre ici un long-métrage estampillé Netflix qui n’est pas sans rappeler certains films de genre bien connus de nous tous.

En effet, impossible pour votre rédacteur de ne pas penser à trois films fantastiques en particulier lors du visionnage de "The ritual" : "Le projet Blair Witch" (pour ses séquences nocturnes forestières et ses touches de sorcellerie), "The descent" (pour cette de histoire de deuil difficile au sein d’une bande d’amis qui vont partir faire une sortie sportive) et enfin "The troll hunter" (pour cette chose gigantesque vivant parmi les arbres dans une vaste forêt de Scandinavie).

Mêlant drame (notre héros se sent coupable de la mort de son ami qu’il n’a pas su protéger contre des voyous et ne cesse de revivre sous forme de visions et de cauchemars ce moment tragique dont il a été le spectateur) et film d’horreur teinté de sorcellerie, de monstre et de survival, "Le rituel" est une bonne surprise ayant fait quelques festivals depuis fin 2017 et un passage par le cinéma à l’étranger avant de finir sur Netflix en 2018.

Assurément, ce qui fait la force du film de David Bruckner, c’est son ambiance et sa galerie de personnages. Car à l’instar d’un certain "The witch" de Robert Eggers (qui avait fait une entrée en festivals réussie rappelons-nous), "The ritual" parvient sans peine à faire frissonner le spectateur grâce à cette atmosphère oppressante qui nous plonge en plein cauchemar avec cette histoire mêlant rites païen et monstre, le tout dans une forêt immense dont nous sommes prisonniers.

Un environnement qui donne cette sensation d’isolement faisant froid dans le dos. Une forêt dense avec des arbres à perte de vue qui forcément nous coupent toute relation avec le monde extérieur (pas de réseau bien évidemment donc pas de secours non plus), des coins qui se ressemblent tous et nous font perdre le sens de l’orientation même avec une boussole (qui semble être la seule chose indispensable pourtant ici), des nuits scandinaves très longues qui empêchent nos chers randonneurs d’avancer vite dans cette grande étendue d’arbres… Tout semble réuni pour isoler notre bande d’amis et les empêcher d’arriver à ce refuge qu’ils ont repéré au loin quand ils étaient encore sur une plaine dégagée. Des décors naturels suédois qui conviennent parfaitement pour ce genre de film !

Ajoutez à cette sensation d’isolement un sentiment d’insécurité qui vient perturber notre palpitomètre (un cousin du tensiomètre) pour nous faire passer de vrais petits moments de tension palpable. Car avec ces bruits inquiétants que nous percevons au loin, ces découvertes macabres faites au fil des heures (un cerf retrouvé éviscéré et accroché dans les arbres il n’y a pas bien longtemps au vu du sang qui continue de s’échapper du cadavre suspendu, une vieille cabane perdue avec dedans un grand mannequin tout en paille et sans tête semblant provenir d’un rite païen, des symboles étranges marqués sur les troncs des arbres avoisinants…) et ces nuits durant lesquelles tout semble pouvoir arriver pour nos randonneurs britanniques (des passages nocturnes qui sont le siège d’évènements troublants et inquiétants), inutile de vous dire qu’une ambiance oppressante s’est bel et bien instaurée et ne va pas vous lâcher aussi facilement !
L’ambiance sonore distillée, que nous soyons de jour (un silence palpable avec uniquement ces petits bruits au loin que nous entendons souvent lors de virées en forêt…) ou de nuit (des hurlements au loin, le bruit du vent dans les arbres…), y est pour beaucoup également dans la réussite de ce projet et apporte une dimension supplémentaire dans la structuration de cet atmosphère sinistre et envoutante à la fois.

Comme dit plus haut, le casting est également de très bonne facture et permet encore mieux cette immersion dans notre histoire mêlant sorcellerie, culte et film de monstre. Certes, le noyau central du casting est le personnage de Luke (interprété par Rafe Spall, vu entre autres dans la trilogie délirante d’Edgar Wright que nous ne présentons plus ou encore dans "Hooligans", "L’odyssée de Pi", "Prometheus" et "Men in black : international"), en proie à des hallucinations depuis la mort de son ami dont il ne parvient pas à faire le deuil, sans cesse bousculé par ses démons qui le hantent car il se sent coupable de ce qui est arrivé. Un personnage très fragile qui représente la principale porte d’entrée pour cette présence maléfique qui semble exister et vouloir manipuler chaque membre de notre petit groupe de randonneurs, comme en témoignent les nuits très agitées qu’ils vivent depuis qu’ils ont pénétré cette immense forêt. Une peur qui s’installe rapidement chez nos amis, dès cette première nuit passée dans cette vieille cabane durant laquelle ils vont chacun vivre à leur manière un évènement peu commun qui marquera leurs esprits à coup sûr.

Une bande d’amis au départ très soudée mais qui rapidement, la peur aidant, va commencer à voir naitre des tensions, des souvenirs liés à la mort de leur ami, des reproches… La peur divise et ce n’est guère le bon moment de se mettre sur la gueule car le danger rôde, l’aspect dramatique du film étant rapidement rattrapé par l’aspect horrifique pour finalement voir les deux s’entremêler de bien sympathique et originale façon dans son dernier quart d’heure dont je vais essayer de vous livrer ma propre analyse/explication dans le spoiler qui suit.

[Début du spoiler]

Film de tension teinté de survival dans sa première partie (une ambiance palpable avec cette forêt sinistre et ces éléments propres à la sorcellerie…), "The ritual" bascule dans sa seconde partie dans le film de monstre et plus particulièrement dans le folk horror avec ce mystère qui se clarifie dès lors que nous pénétrons dans un petit village perdu dans cette grande forêt où vit une communauté guère accueillante vénérant un ancien dieu scandinave. Un aspect mythologique intéressant qui permettra de confronter notre cher Luke (qui apparaissait fragile au départ mais a commencé à montrer un potentiel de leader) à un monstre démesuré, atypique (sorte de croisement entre un cerf et un humain) et sans pitié pour la race humaine.

En pleine dépression car habité par un sentiment de culpabilité suite à la mort de son ami, Luke revit sans cesse cet instant où son ami est décédé dans une supérette de quartier, au point de confondre la réalité avec ses pensées sombres, plongeant alors avec lui le spectateur dans des hallucinations où l’imaginaire et la réalité se côtoient, se mélangent pour parfois ne faire presqu’un (notre supérette apparait soudainement en pleine forêt, les néons prenant place dans les arbres, marquant une sorte de continuité dans le décor environnant). Le monstre mythologique et l’agresseur de son défunt ami ne font alors qu’un dans la dernière partie du film et Luke semble se voir offrir comme une seconde chance : celle de combattre le Mal qui l’avait tant effrayé par le passé au point de laisser son ami se faire tuer devant ses yeux. L’heure de la vengeance semble être venue, l’heure de la rédemption pour notre héros qui se rachète une grande part de courage et part affronter ce dieu scandinave dans une métaphore dramatique et fantastique à la fois.

[Fin du spoiler]

Nous pourrons certes toutefois reprocher à David Bruckner quelques petites choses qui pour autant ne perturbent pas cette histoire au demeurant palpitante. Une fin quelque peu expéditive, des questions qui restent sans réponse (les marques sur le torse de notre héros qui semblent le préserver), quelques incohérences (parvenir à dormir dans une baraque avec des objets de rites païens flippants au premier étage, puis se prendre la tête en pleine forêt alors que quelque chose de terrifiant pour ne pas dire maléfique semble les traquer…), un peu de vu et revu (la personne blessée qui est un vrai boulet pour le reste du groupe, le raccourci par la forêt, la cabane en bois inhospitalière au possible perdue en pleine forêt…) ou encore le fait de ne pas avoir pu passer un peu plus de temps sur le chapitre final en compagnie de ces nouveaux personnages (arrivés comme un cheveu sur la soupe) sont les quelques petits reprochent que nous pourrions faire (et que nous faisons d’ailleurs) à notre cinéaste.
Mais bon, ne boudons pas notre plaisir : certes nous n’avons pas là le film parfait mais un sympathique moment d’angoisse quand-même qui mérite d’être vu, ne serait-ce pour cette ambiance oppressante distillée avec beaucoup de maîtrise par un réalisateur qui sait tirer parti des lumières, des sons et des décors naturels qui se sont offerts à lui.

Beaucoup plus intelligent qu’il n’y parait avec cette dimension double (dramatique et fantastique), "The ritual" surprend le spectateur par cette immersion dans une forêt des plus angoissantes où se côtoient sorcellerie et monstre avant de basculer dans un tout autre registre dans sa dernière partie qui donnera lieu à plusieurs lectures (je n’en dis pas plus, mon spoiler balisé dans la chronique ci-dessus l’explique).
En tout cas, un très bon film d’ambiance que nous propose Netflix et qui fait partie sans aucun doute de ce qui se fait de mieux sur la plateforme américaine en termes de cinéma fantastique.

Rituel - le | Ritual - the | 2017
Rituel - le | Ritual - the | 2017
Rituel - le | Ritual - the | 2017
Bande-annonce
Note
4
Average: 4 (1 vote)
David Maurice