Affiche française
COLD SKIN | COLD SKIN | 2017
Affiche originale
COLD SKIN | COLD SKIN | 2017
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Cold skin

Cold skin

Dans les années 20, un jeune météorologue travaillant pour l’Armée est envoyée sur une petite île de l’Antarctique pour y étudier le climat. Là-bas, à défaut de trouver la personne qu’il doit remplacer, il va faire la rencontre du vieux gardien du phare, un homme bourru et peu bavard, avec qui il va passer plusieurs mois. Une personne très mystérieuse qui semble vouloir cacher certaines choses au sujet de cette île bien loin d’être paradisiaque...
Il ne va pas falloir bien longtemps au jeune météorologue pour se rendre compte que ce travail éloigné de toute civilisation ne va pas être de tout repos malheureusement : en effet, à la nuit tombée, d’étranges créatures marines quittent les eaux côtières pour se rendre sur l’île....

COLD SKIN | COLD SKIN | 2017

L'AVIS :

Après "frontière(s)", "Hitman", "the divide" ou encore le segment "X for XXL" dans "abc of death", le réalisateur français Xavier Gens revient avec "cold skin", un film adapté d’un roman de Sanchez Pinol (œuvre littéraire sur laquelle je ne porterai pas de comparaison ici, n’ayant pas lu cette dernière).
Présenté en avant-première mondiale à L’Etrange Festival en Septembre 2017, c’est pourtant bel et bien sur le dernier trimestre de l’année que le film de Xavier Gens fera parler de lui avec notamment sa projection à Sitges (le plus important des festivals de films fantastiques) mais surtout l’obtention du Prix Rai 4 au festival italien Trieste Science+Fiction qui se déroulait du 31/10 au 05/11 et la Mention Spéciale du Jury reçue durant les Utopiales (01/11-06/11).

Film mêlant les genres (film de monstres, survival, drame familial), "cold skin" plonge ses deux personnages principaux dans un huis clos à ciel ouvert où planent de fortes et indéniables influences lovecraftiennes. Un film de monstres certes mais pas que...

Partant d’un scénario assez classique sur le papier, le cinéaste français parvient à nous entraîner sans grande difficulté dans cette histoire non déplaisante, très métaphorique (j’y reviendrai plus tard), grâce notamment à un casting convaincant, une photographie séduisante et une atmosphère froide et angoissante.

Car si nos deux Robinson (un météorologue et un gardien de phare) interprétés par Ray Stevenson (les séries "Rome" et "Dexter", sans oublier les personnages de Volstagg dans les "Thor" ou encore Marcus Eaton dans la saga "divergente") et David Oakes (les séries "les piliers de la terre" et "les Borgias", le film "action ou vérité") font chacun preuve d’un solide jeu d’acteur, ce sont surtout cette ambiance glaciale et pesante (une photographie grise et bleutée qui donne cette atmosphère sombre et froide à la fois, un milieu côtier antarctique bien rendu avec ses vents perpétuels, ses vagues pleines d’écume et son vieux phare semblant être le seul vrai refuge certes étriqué mais solide sur cette île, les nuits agitées par les bourrasques de vent et les trombes d’eau qui s’abattent sur les rochers...) et ce cadre naturel immersif à souhait (le tournage a été réalisé à Lanzarote, aux Canaries) qui retiennent notre attention dans "cold skin".

Une fois de plus, Xavier Gens revient sur deux thématiques qu’il avait déjà fort bien retranscrites dans son très bon "the divide" (qui était également passé en hors-compétition à Gérardmer, en tant que film de clôture du festival cette fois-ci) : l’isolement et la survie.

Et placer nos deux bonhommes sur une île déserte près de laquelle quasi aucun bateau ne passe, difficile de faire mieux à ciel ouvert en termes d’isolement ! Une sensation omniprésente d’être seuls au monde sur ce gros morceau de terre perdu au beau milieu des mers froides de l’Antarctique où peu de gens viennent s’aventurer. L’ambiance angoissante et le sentiment d’insécurité n’y sont forcément que mieux rendus.

Film de monstres oblige, la survie est le principal enjeu pour nos deux insulaires qui vont devoir en découdre avec des hordes de créatures maritimes quittant le milieu aquatique une fois la nuit tombée pour gagner le rivage et arpenter les rochers avoisinants. Mais, outre le danger que représentent ces montres humanoïdes bleutés et dépourvus de pilosité, c’est également l’homme qui s’avère être une véritable menace ici. Car ce Gruner, le gardien du phare, est bien loin d’être aimable avec ce nouvel arrivant sur l’île et les altercations entre nos deux hommes seront nombreuses et bien plus intenses encore quand la créature femelle que garde Gruner comme « animal de compagnie » (voire plus...) est au cœur de leurs disputes.

Et c’est justement par le biais de ce vieux gardien de phare antipathique et violent que "cold skin" montre cet aspect métaphorique intéressant qui est probablement la particularité la plus louable de ce scénario quelque peu simpliste.

Certes, Gruner sert indéniablement de support à ce côté « drame familial » perçu dans ce film franco-espagnol (la détresse, la solitude voire même de possibles remords d’un homme se ressentent fortement derrière cet aspect viril, sorte de carapace que se forge le vieil homme) mais ses agissements et son comportement de guerrier (voire même de véritable sauvage) à l’égard de ses créatures maritimes contre lesquelles il s’est lancé dans une lutte acharnée et sans répit (il les combat chaque nuit) sont assimilable à ceux d’un légionnaire prêt à se battre sans relâche sur le front.

Et dans ce contexte historique (le film se déroule au lendemain de la Grande Guerre), les allusions à la guerre de 14-18 sont nombreux et viennent mettre en place cette longue métaphore habile de cet évènement marquant de début de siècle. Un journal évoquant l'assassinat de héritier du trône d'Autriche-Hongrie en la personne de l'archiduc François-Ferdinand, des hordes de monstres faisant penser aux soldats qui percent les lignes ennemies, un Gruner parfait en soldat obstiné (comme déjà souligné plus haut)... Et même la fameuse trêve de Noël durant laquelle des troupes allemandes, françaises et britanniques avaient décidé des cessez-le-feu non officiels est représentée ici le temps d’une rencontre muette mais mémorable entre le jeune météorologue et les créatures maritimes au bord de mer.

Aucun doute que l’on revit ici dans "cold skin" une sorte de guerre que s’était livrée il y a quelques mois des peuples humains. Et ne voir en ce film qu’une sorte de revisite de Pocahontas (les hommes civilisés qui envahissent le monde des indigènes en quelque sorte) comme le soulignaient certains festivaliers à Gérardmer, c’est quelque peu dommage (bien que vrai également) car c’est passé à côté de ce récit allégorique sur la guerre de 14-18.

Dommage cependant que le film de Xavier Gens demeure trop simpliste dans son scénario (seule cette sympathique métaphore retiendra notre attention, les relations entre les deux personnages principaux n’étant pas suffisamment poussées, la faute à un Gruner peu bavard dirons-nous...), lent dans sa narration (heureusement nous alternons suffisamment de fois entre altercations entre les deux hommes et combats contre les créatures), pas suffisamment explicite (un manque de clarté/précision au sujet de ces créatures : qui sont-elles et pourquoi ne viennent-elles que la nuit sur l’île ?) et surtout extrêmement répétitif dans l’action.

Portés par des SFX de bonne facture (sans pour autant faire dans l’exceptionnel et laissant peu la place aux excès sanguinolents d’un "frontière(s)"... qui jouait bien-entendu dans un autre registre donc je ne me lancerai pas dans une comparaison sans intérêt), les combats hommes/créatures qui nous sont montrés sont certes très violents mais bougrement répétitifs. Chaque nuit se ressemble et l’ennui se ressent à la vision de ces combats redondants mais également un brin exagérés (il semble si facile de résister seul ou à deux à ces dizaines de monstres qui escaladent le vieux phare / il est étonnant de constater que nos deux hommes aient autant de munitions alors qu’ils sont censés être sur une île déserte dont l’activité est purement portée sur le climat...). Une petite pointe de déception à ce niveau.

Mais si on oublie le scénario un peu faiblard et les quelques scènes d'attaques quelque peu répétitives perpétrées par des monstres humanoides attaquant en masse le phare et ses malheureux occupants, ce "cold skin" se suit agréablement bien et demeure un survival en milieu côtier de bonne facture.
Esthétiquement séduisant et doté d’une ambiance glaciale et parfois pesante (durant les phases de nuit), le film de Xavier Gens nous offre là une belle métaphore tout en longueur sur la Grande Guerre qui apporte à ce scénario quelque peu basique et aux airs de déjà-vu une bien sympathique touche d’originalité cependant.

COLD SKIN | COLD SKIN | 2017
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Note
4
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David Maurice