Forest - the
Barrens - the
Richard Marlow décide d’amener sa petite famille en camping le temps d’un week-end dans une forêt du New Jersey, terres d’une légendaire créature appelée le Diable de Jersey.
Un week-end qui va rapidement virer au cauchemar quand ils vont découvrir des animaux sauvagement mutilés dans les bois et apprendre l’existence d’ours dans la forêt. Une inquiétude qui ne cesse de s’amplifier au sein de la petite famille qui va ensuite être alertée de la mystérieuse disparition de l’un des campeurs. C’est d’ailleurs à ce moment que Richard commence à ressentir des symptômes alors imprévisibles jusque là : victime d’hallucination et en proie à une paranoïa qui ne semble pas vouloir le lâcher, ce dernier commence à angoisser sa femme et ses deux enfants.
Réalisé par Darren Lynn Bousman (à qui l’on des films tels que "saw 2", "saw 3", "saw 4" le remake de "mother’s day" et autre "repo the genetic opera" …), "the forest" est un long-métrage flirtant avec le survival, le film d’horreur psychologique et le film de diables et démons. Un mélange pouvant s’avérer alléchant sur le papier (on pourrait penser pourquoi pas à une sorte de croisement entre "evil dead", "shining" et "cabin fever") mais qui au final déçoit énormément. Explications.
Alors que le film de Bousman (non non, son nom il ne l’a pas choisi…) pouvait laisser présager au départ un bon petit survival animalier (à la manière d’un "razorback") en milieu forestier, ce dernier va rapidement montrer les limites d’un scénario bien trop simpliste, bancal et maladroit.
En effet, passé une introduction pourtant entraînante (un couple de randonneurs tombe sur des animaux morts et se retrouve soudainement pourchassé par une bête sauvage), "the forest" va s’avérer assez creux dans son traitement. Avec son histoire se reposant en grande partie sur la personnalité du père de famille, véritable noyau central du film, cette petite série B horrifique se montre assez poussive (pour ne pas dire paresseuse), les lenteurs et le manque d’originalité du scénario se faisant cruellement ressentir au fur et à mesure que nous avançons dans le film.
Pourtant, la première partie de "the forest" lançait son intrigue de manière convaincante, mêlant humour (avec ce père de famille déprimé de voir son havre de paix en pleine forêt menacé par toute cette technologie moderne que sont les téléphones, les ordinateurs et autres chaîne hifi portables) et suspense (un cerf est retrouvé mort, les entrailles carrément à l’air) sans défaut majeur à déplorer.
Mais très vite, cette première partie ma fois intéressante va rapidement se faire rattraper par un manque d’originalité, un scénario bien trop linéaire, et pire encore des maladresses flagrantes (une fois parvenus à un petit camp de fortune en pleine forêt semblant s’être fait récemment attaquer, à en croire le cadavre d’un chien atrocement mutilé et l’état déplorable de la tente, le père de famille ne trouve rien de mieux que d’installer son campement à cet endroit… et de mettre le chien dans sa couverture pour aller le jeter à la flotte, en n’oubliant pas de récupérer cette dernière au passage…).
Cette (longue) randonnée dans les bois bien ennuyeuse et redondante (tiens un animal mort, tiens un deuxième…) cherche pourtant à essayer de faire frissonner et sursauter son public avec deux trois effets de surprise… manqués (on voit le coup venir plusieurs secondes à l’avance). On constate avec regrets que bien peu d’éléments nouveaux font leur apparition dans la seconde partie du film, jusqu’à ce dénouement final décevant qui vient définitivement mettre en terme à cet espoir que nous avions encore de voir cette production, pas si moche à première vue, finir par un joli twist. Raté…
L’un des rares intérêts du film de Bousman (outre son personnage central sur lequel nous reviendrons un peu plus bas) réside dans cette volonté de vouloir nous confronter à de nombreuses fausses pistes : on pense tout d’abord aux agressions d’un ours, puis à une histoire de sorcellerie (d’ailleurs cette séquence autour du feu de camp où les gens se racontent des histoires d’horreur est d’une lourdeur et d’un cliché…) avant d’en arriver à deux pistes paraissant bien plus proches de la réalité : la présence du fameux Diable de Jersey ou la folie grandissante d’un homme en proie à des hallucinations et à une paranoïa soudaines, d’autant plus que ce dernier manifeste des symptômes proches de ceux de la rage (tiens, notre petite famille avait justement un chien…).
Le casting est également un point fort dans "the forest", il convient de le souligner. Notamment la performance d’acteur de Stephen Moyer (vu dans la série "True Blood"), incarnant Richard Marlow, le père de famille en proie à un mystérieux mal causé apparemment par la morsure de son chien enragé. Tel un Jack Nicholson dans "shining", notre malheureux Richard va progressivement sombrer dans une véritable folie : sauts d’humeur, réactions soudaines et irréfléchies, pertes de mémoire instantanées… Dans la peau d’un personnage ne sachant plus distinguer le vrai du faux, la réalité de ses multiples hallucinations, Stephen Moyer nous montre là toute l’étendue de son savoir-faire (quel regard ténébreux ce dernier lance à certains moments) et porte à lui seul sur ses épaules ce qui peut encore être sauvé de ce film ô combien classique et peu mémorable.
Malgré quelques qualités non négligeables telles que son casting des plus convaincants (on pense surtout à Stephen Moyer), son approche psychologique, sa volonté de jouer avec les fausses pistes mais également ses effets spéciaux réussis (les mutilations opérées sur les animaux sont convaincantes, tout comme le monstre de la forêt, réalité ou fiction…), "the forest" ne constitue pas un film réussi. La faute à des lourdeurs scénaristiques abondantes (c’est lent, c’est parfois maladroit…), un manque d’originalité dans sa deuxième partie et une fin des plus décevantes. Vraiment dommage…
LE PETIT PLUS :
Passé le générique de fin, un épilogue de 2-3min pointera le bout de son nez pour les personnes n’ayant pas encore quitté la salle ou enlevé le disque du lecteur de salon.
Le film a été présenté à Fantastic’Arts 2013, hors compétition.