Affiche française
PEUR SUR LA VILLE |  | 1975
Affiche originale
PEUR SUR LA VILLE |  | 1975
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Peur sur la ville

Une nuit, dans une tour de la Défense, Nora Elmer est réveillée par la sonnerie du téléphone. Paniquée par les menaces de son mystérieux correspondant, elle se jette par la fenêtre. Pendant ce temps, le commissaire Letellier et son adjoint, l'inspecteur Moissac, enquêtent sur un hold-up qui a coûté la vie à un passant. Ils interrogent le patron d'un bar où l'auteur du braquage a ses habitudes, quand ils apprennent qu'ils sont chargés d'élucider la mort de Nora Elmer. Le lendemain, Letellier reçoit un appel émanant d'un certain Minos, qui affirme vouloir combattre le vice...

PEUR SUR LA VILLE |  | 1975

Il fut un temps que le moins de 40 ans patati patalère. Il fut un temps, donc, où Belmondo dominait le cinéma populaire français ( ok, avec De Funès ). Après 20 ans d'une carrière déjà bien pleine, il devenait un acteur "ultra-bankable" dont le simple nom faisait accourir les foules dans les salles obscurs. De ce "Peur sur la ville" en 1975 à l'exécrable "Le solitaire" en 1987, le cinéma français lui doit beaucoup au moins en matière d'entrées.

Près de 4 millions d'entrées, soit le second film en terme de chiffre de l'année 75 (derrière "La tour infernale"), "Peur sur la ville" est tout entier bâti autour et pour son acteur principal : Belmondo court, Belmondo saute, Belmondo séduit, Belmondo cascade, Belmondo est le plus fort et il gagne à la fin. Il est l'archétype du flic intègre, viril et bagarreur. Archétype qu'il reprendra jusqu'à en user la corde.

Policier urbain lorgnant grandement vers le psycho-thriller à l'américaine, mais aussi vers le "poliziesco" italien ( en nettement moins violent et cynique) de par son intrigue somme toute basique ( mais d'une grande efficacité ) : Un "Dirty Harry" à la française tente d'arrêter deux méchants, dont l'un est vraiment très méchant et suite à de nombreux rebondissements, cascades et autres courses-poursuites en voiture, il fera régner l'ordre,la loi et la morale seront sauves. Amen.
Cependant là où "Peur sur la ville" se révèle autrement plus intéressant, c'est par ses nombreux emprunts à un certain type de productions venu de l'autre côté des Alpes, à savoir le giallo italien.

Que l'on ne se méprenne pourtant pas, "Peur sur la ville" n'est pas un giallo, il ne fait qu'en reprendre certains gimmicks destinés à donner corps et tensions dramatique aux passages mettant en scène le tueur Minos. Le métrage se voulant visible par un large public, les meurtres n'ont pas la fulgurance graphique et perverse des gialli et l'érotisme y reste très très léger. Néanmoins, et à l'évidence, les auteurs y puisent une bonne part de leur inspiration bien qu'il puisse parfois en trahir les codes.

Tueur psychopathe ganté de noir, mais dont on connaît le visage (en violation avec les conventions du genre), trauma initial expliquant sa folie, sur-utlilisation de la musique stressante d'Ennio Morricone ( grand pourvoyeur de ritournelles giallesques s'il en fût) dramatisant à l'excès les apparitions de Minos, superposition de certaines images (la vision faussée de Minos par son oeil de verre se superposant sur l'image que l'on voit), quelques utilisations de filtres colorés, jeu avec les miroirs, mais aussi et peut-être surtout des séquences entières renvoyant inévitablement à des oeuvres cultes du genre.

La séquence d'ouverture ressemble ainsi étrangement à celle du premier segment du film de Mario Bava "les trois visages de la peur" ( segment qui pose certaines bases du futur genre giallesque ) et intitulé à juste titre "le téléphone". On y voit une belle jeune femme harcelée téléphoniquement par un homme qui semble la regarder in vivo dans son appartement. La stridence et la répétition de la sonnerie, le combiné filmé en gros plan tel un personnage central de la scène procurant un malaise et une tension vivace.

A un autre moment, alors que le commissaire Letellier poursuit dans un grand magasin Minos, les deux protagonistes arrivent dans un cellier remplis de mannequins renvoyant immanquablement au "six femmes pour l'assassin" du même Bava.
On trouve également d'intéressantes variations, intégrées habilement dans le script, d'œuvres comme "l'oiseau au plumage de cristal" ou "le chat à neuf queues" ( saurez-vous les voir ? )
Bava, Argento, on a vu pire comme références.

Les scènes d'action et de cascades, si elles pourront sembler "light" aux jeunes générations, procurent encore un réel plaisir. Belmondo ne cabotine pas encore trop et reste dans son personnage, la présence du grand Charles Denner est toujours un régal (même s'il est, ici, sous-utilisé) et puis peu de films peuvent se targuer d'avoir un méchant aussi charismatique.
Minos, joué par Adalberto Maria Merli , avec son oeil de verre proéminant, son sourire carnassier, est proprement terrifiant. Quant à la bande son stridulante d'Ennio Morricone, elle justifierait presque à elle seule la vision du film, elle est juste inoubliable.

Malgré quelques facilités scénaristiques, une résolution finale un peu trop facile et quelques légères chutes de rythme , "Peur sur la ville" reste (et au grand étonnement du chroniqueur) un long métrage qui tient encore largement la route.

Largement recommandable

PEUR SUR LA VILLE |  | 1975
PEUR SUR LA VILLE |  | 1975
PEUR SUR LA VILLE |  | 1975
Note
4
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Lionel Jacquet