Immortels - les
Immortals
Les armées du roi Hypérion ravagent la Grèce à la recherche d'un arc permettant de libérer les Titans dont le réveil permettrait de mettre fin au règne des Dieux de l'Olympe. Mais il va se retrouver confronter à Thésée, jeune homme protégé des Dieux, qui accompagné de l'Oracle Phèdre, va se mettre au travers de sa route afin de préserver l'humanité...
Connu pour ses talents visuels (Cf. "The Cell", "The Fall"), Tarsem Singh est à la tête cette fois d'un blockbuster et pas des moindres, puisqu'il s'agit de donner vie à un récit mythologique bizarrement délaissé par le cinéma : celui de Thésée. Le succès commercial relatif du film "Le choc des Titans 2010" y est pour beaucoup dans la mise en chantier de ce film. Mais les producteurs lui préféreront une autre filiation plus prestigieuse, celle des "300". Ce qui risque avant tout de décontenancer, ce sont les multiples trahisons faites à la mythologie grecque. Certainement biberonnés à l'univers du jeu vidéo, les scénaristes modifient de fond en comble le mythe originel, tout en en gardant quelques-uns des thèmes structurants (le labyrinthe et le Minotaure sont de la partie, même s'il s'agit ici d'un homme portant un casque de taureau). Et inévitablement placent les Titans (très à la mode) dans leur récit.
Qui dit film de Tarsem Singh, dit volontiers film onirique et décors fantasmagoriques. Pourtant, en restant dans le cadre strict de certaines peintures (Le Caravage revient souvent comme source d'inspiration), Les Immortels manque d'audace et reste graphiquement sage. Ici, pas d'exubérance ou de folle inventivité. Certaines séquences comme celle du siège au Mont Tartare rappelleront plutôt l'univers héroïc-fantasy du film de Peter Jackson, "Le seigneur des anneaux". Visiblement engoncé dans des références impersonnelles, Tarsem Singh expose néanmoins certaines qualités dans son film, mais elles sont à chercher ailleurs même si visuellement ça reste bien agréable et les effets toc sont évités. Que ceux qui craignent les ralentis se rassurent, ils sont réservés aux interventions divines et ne sont pas balancés n'importe comment. Les combats sont même très lisibles (n'hésitant pas à basculer dans le gore) et les effets numériques plutôt bien foutus, comme cette vague géante qui s'abat sur un navire.
Pourtant, tout est en équilibre fragile, et à plusieurs moments on frôle le kitsch! Le début peut surprendre avec son village perdu au bord de la falaise et son décor assez simple, comme la vision religieuse s'inspirant, entre autre, de l'hindouisme. Du côté du scénario, les gentils et les méchants sont bien connus, ce qui permet au public d'adhérer à ce qui ressemble à un récit initiatique, consistant à chacun de prendre son destin en mains. Si Henry Cavill (révélé par "Les Tudors" et prochainement "Superman" pour Snyder) se révèle à la hauteur du défi, tous les regards se porteront sur Mickey Rourke, qui connaît décidément un beau retour en grâce auprès des studios.
Du côté des Dieux, ceux-ci sont peu présentés, et Zeus (John Hurt/Luke Evans) est celui qui bénéficie du meilleur temps à l'écran, permettant de lui donner le tempérament que mérite le Roi des Dieux, qui n'hésite pas à punir sa propre progéniture lorsqu'elle lui désobéit. On notera que les Olympiens bénéficient d'un accoutrement plutôt original, que l'on croirait sorti d'un défilé de mode. Ce n'est pas le choix le plus heureux mais on a vu bien pire dans le genre ("Le choc des Titans 2010" et son inspiration très manga).
Finalement, en évitant de se réapproprier entièrement l'univers mythologique, Tarsem Singh évite peut-être le pire à son long-métrage qui reste très consommable et apporte son lot d'émotions et de confrontations physiques, même si on aurait aimé un peu plus d'imagination pour un récit fortement linéaire. La confrontation au Mont Tartare aurait dû clore de manière convaincante le film...dommage que celui-ci se poursuive avec un combat dans les cieux d'un goût douteux !