Profane Exhibit - The

Profane Exhibit - The

Des réalisateurs de films d'horreur renommés du monde entier ont recréé leurs rêves les plus horribles et leurs cauchemars frénétiques pour votre (mé)contentement afin de présenter l'anthologie horrifique la plus intense et la plus extrême jamais réalisée : The Profane Exhibit ! Cette œuvre protéiforme est donc l'une des manifestations les plus attendues du brutal, de la violence et de la perversité. Il laissera chaque spectateur fasciné et impressionné par son intention diabolique de créer de nouveaux cauchemars pour les prochaines générations à venir. Surveillez vos pas, ne regardez pas derrière vous et essayez de garder les yeux ouverts devant ce qui n'a jamais été vu par l'homme ou la bête !

Profane Exhibit - The | Profane Exhibit - The | 2013

L'AVIS :

Pour la légende, The Profane Exhibit est un film d'horreur d'anthologie coproduit au niveau international en 2013, écrit et réalisé par dix célèbres cinéastes de genre du monde entier : Nacho Vigalondo, Anthony DiBlasi, Ryan Nicholson, Michael Todd Schneider, Sergio Stivaletti, Marian Dora, Yoshihiro Nishimura, Uwe Boll, Ruggero Deodato et Jeremy Kasten. Notons également, que plusieurs réalisateurs attachés au projet ne figurent pas dans le montage final. Parmi ces derniers, on retrouve tout de même Richard Stanley ("Hardware"), Andrey Iskanov (les quasi insoutenables "Philosophy of a knife", "Visions of suffering") et José Mojica Marins (avec des titres aux nomx évocateurs comme : "A minuit je possèderai ton âme", "Embodiment of evil", "Cette nuit, je m’incarnerai dans ton cadavre").

Pour la petite histoire, cette entreprise a été initiée dès 2011 par la productrice Amanda L. Manuel, puis a vraiment pris forme les deux années qui ont suivi. Jamais auparavant, autant de cinéastes emblématiques n'avaient été impliqués pour le même dessein, quel que soit le genre. Des icônes d'horreur du monde entier ont ainsi été rassemblées pour créer une expérience cinématographique totalement unique. Amanda L. Manuel est l'architecte de ce qui est probablement le projet de film d'horreur indépendant le plus audacieux à ce jour, à la fois en termes de concept et de portée. Assembler une collection presque surréaliste de plus de cent icônes d'horreur (réalisateurs, écrivains, acteurs, musiciens, etc.), telle était la vision initiale d'Amanda en plus de vouloir présenter au public un miroir qui reflétait l'humanité : un reflet de l'avidité, de la convoitise et de la vengeance qui incarne la corruption au cœur.

Diffusé soit intégralement, soit par morceaux dans certains festivals comme le BIFF, ce film maintes fois remonté et segmenté a longtemps été considéré comme disparu, un peu comme s’il n'avait jamais vu le jour. On se demandait même si cette anthologie intense n'existait pas que dans les coins les plus sombres du Darknet ! Beaucoup de gens pensaient même que le projet n'était rien de plus qu'un canular aguichant ! Toutefois, en cherchant bien, on peut tout de même le voir en streaming sur certains sites Internet. J’ai eu la chance de pouvoir le visionner de cette façon, enfin si on peut appeler cela de la chance ! En effet, ce long-métrage s'est avéré de manière inattendue être une grande frustration ! En fait, ce qui n'a pas fonctionné ici, c’est que le film tout entier semble sans âme. Aucun des réalisateurs ou presque n'a porté son talent à la hauteur du projet. Certes, les différents chapitres, d'une dizaine de minutes chacun en moyenne, sont sanglants et dépravés, mais ils manquent cruellement de contenu, d'ambiance, de cohérence, de suspense et même de bon sens pour certains ! Si vous recherchez exclusivement des effusions de sang sans cervelle et de la perversité, vous apprécierez peut-être The Profane Exhibit, mais si vous attendez un minimum de structure voire une narration de qualité, vous vous sentirez lourdement floué !

On commence ainsi notre périple avec Manna, réalisé par Michael Todd Schneider, ayant lieu dans un club BDSM avec un homme qui, après avoir couché avec plusieurs femmes, subira de multiples sévices pour servir au final de repas à une salle entière de donzelles déchaînées et vêtues de latex. Certes, c’est très gore à la limite parfois du soutenable, néanmoins ça se montre peu original, au suivant !

C’est Yoshihiro Nishimura (les complètement barrés "Helldriver", "Vampire girl vs Frankenstein girl", "Tokyo gore police") qui apporte le mouvement suivant, intitulé The Hell-Chef, sorte de récit artistique rapide de deux jeunes femmes japonaises éviscérant et dévorant un homme. Malheureusement, tout cela nous apparaît comme complètement vain et surtout pas aussi trash que les métrages habituels du réalisateur nippon !

Suivra Basement de Uwe Boll ("Amoklauf", "House of the dead"), basé sur l’affaire Josef Fritzl, qui a également fait l’objet d’un documentaire, Monster : The Josef Fritzl Story. C'est court et assez bien réalisé, mais rendu presque inoffensif de la part d’un réalisateur pourtant connu pour son jusqu’au-boutisme tant l’histoire semble être éculée avec ce récit de séquestration d’une femme dans une cave ! Cela dit, si vous voulez voir Clint Howard en père de famille malaisant, ce segment est peut-être fait pour vous !

On enchaîne avec Bridge de l’illustre Ruggero Deodato (le cultissime "Cannibal holocaust", mais aussi "La maison au fond du parc", "Amazonia la jungle blanche", "Body count"). A notre grand désarroi, ça dure à peine plus de trois minutes et surtout, c’est incompréhensible et peu ambitieux de la part d’une quasi divinité ! Quelle douche froide !

Heureusement, le court suivant Tophet Quorum réalisé par le maître italien des effets spéciaux, Sergio Stivaletti avec son histoire de secte et de loup-garou, remontera le niveau de quelques crans ! Bien déviant avec des effets gore sympathiques comme une mâchoire arrachée, une transformation en lycanthrope forcée et un sacrifice d'enfant, ce court saura se montrer très divertissant ! Ouf !

C’est ensuite au tour de Ryan Nicholson ("Gutterballs", "Collar", "Hanger") avec son Goodwife de maintenir le cap. Ici, une femme apprend que son mari est un tueur et le rejoint dans ses dépravations. Sans une once d’humour, ce court est juste malsain et brutal comme on aime !

Marian Dora prend ensuite le relais et on s’attend à du lourd voire de l’extrême de la part du réalisateur de l’exténuant "Cannibal" ! Dans Mors in Tabula, un garçon est opéré tandis que son père aide le chirurgien dans une séquence qui montre de nombreux cauchemars chirurgicaux. Sans véritable histoire mais tenant la corde graphiquement, ce segment est, à notre grand dam, rendu insupportable à cause d’une musique proche des chants aryens de la jeunesse hitlérienne, dommage car ce n’est pas aussi choquant que souhaité !

On continue notre voyage vers l’indicible avec Nacho Vigalondo ("Time crimes" ou encore un très bon segment de "V/H/S Viral") qui dans Sins of the Fathers raconte l’histoire d’un fils qui a recréé sa chambre d’enfant pour y placer son père âgé dans le même état d'esprit que celui dans lequel il se trouvait lorsque l'homme le maltraitait étant jeune. Certes, c'est une idée intrigante qui pourrait constituer son propre film et la fin est très surprenante, toutefois il semble manquer un petit quelque chose pour que la mayonnaise prenne véritablement !

C’est au tour de Mother May I, réalisé par Anthony DiBlasi ("Terreur"), de pointer le bout de son nez. Ici, sœur Sylvia abuse des filles dans sa maison de transition pour des péchés à la fois réels et imaginaires. Comme le précédent, c’est d’honnête facture, mais cela nous paraît bien incomplet pour marquer suffisamment les esprits !

Notons que Amouche Bouche filmé par Jeremy Kasten pouvant rappeler à certain le cinéma de Nacho Cerda avec son terrible "Afrtermath", sert de fil conducteur tout en étant segmenté et situé entre chaque histoire. Si le concept est sympa de prime abord, on réalise que ce n’est pas si incroyable que cela quand on remet tout à l’endroit !

Si ce film à sketches sera dérangeant pour certains car parfois outrancier, il n’échappera pas à la loi des anthologies horrifiques qui veut que dans ce type de productions on ait de l’inégal ! Pour le coup, on a du très mauvais (« Bridge » et « Hell chef »), du moyen (« Manna », « Amuse-bouche », « Mors in tabula », « Mother may I » « Sins of the father » et « Basement ») et enfin du très bon (« Goodwife » et « Tophet quorum »). Toutefois, au vu des cinéastes présents et des attentes que l’on avait de la réunion de tant de talents, on ne peut qu’être déçu par cette anthologie de l’extrême nous laissant un goût d’inachevé dans la bouche !

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Bande-annonce
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Vincent Duménil