Affiche française
RED ROOM | AKAI MISHITSU (HEYA) : KINDAN NO OSAMA GEEMUU | 1999
Affiche originale
RED ROOM | AKAI MISHITSU (HEYA) : KINDAN NO OSAMA GEEMUU | 1999
Un film de
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oui
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Red room

Akai Mishitsu (Heya) : Kindan no osama geemuU

Vous n’aspirez qu’à la tranquillité, la verdure et le cuicui des petits oiseaux ? Vous ne désirez qu’une chose, oublier la perversion, la violence et l’idiotie ? Dommage, une prochaine fois peut-être ?

Dans les bas-fonds du japon, un jeu (télévisé ?) permet de gagner une très grosse cagnotte. L’appât du gain est suffisamment élevé pour que quatre concurrents (deux femmes, deux hommes – vive la parité) soient près à se faire subir les pires dégradations les uns aux autres.

Les quatre individus sont regroupés dans une pièce qui se trouve être éclairée en rouge (d’où le titre, mais nous reviendrons plus tard là dessus). La décoration est très spartiate puisque les murs sont recouverts de plastique. Le mobilier se compose d’une table, quatre chaises et une cage, éléments indispensables pour jouer au "jeu du roi".
Les règles en sont très simples. Il y a quatre cartes : 1, 2, 3, le roi. Les cartes sont tirées au hasard ; seul le joueur détenant le roi se révèle. Il ordonne alors que tel numéro fasse subir telle action à tel autre numéro. Exemple : le roi ordonne que le numéro 1 gifle le numéro 3, cela sans savoir qui sont ces numéros. Les deux joueurs concernés se déplacent alors dans la cage et obéissent.

Le gagnant sera le dernier à quitter la partie.

Le mystère de la femme jaune dans la chambre rouge n’est donc pas un roman posthume, exhumé d’une des bibliothèques de Gaston Leroux mais bien un film japonais aussi pervers que violent. Force est de constater, encore une fois, que quand le pays du soleil levant décide d’accoucher d’une réalisation vicieuse, le but est plus que largement atteint. Dans le cas de Red Room la finesse est totalement absente, de même que le talent et l’imagination. Attention, il ne demeure pas moins une série Z de qualité, il ne faudrait cependant pas confondre filmer du caca et chier sur son public.

En effet, c’est avec un scénario tellement développé qu’il suffirait à essuyer le rectum d’une souris, que Daisuke Yamanouchi entend divertir (et sûrement aussi dégoûter) le spectateur. Par conséquent la psychologie des personnages n’est quasiment pas développée. Le contexte n’est pas non plus posé ; il n’est même pas sûr qu’il s’agisse d’un jeu télévisé puisque l’un des protagonistes est surpris par la présence de caméras.
Est-ce pourtant là l’important ? Ce n’est pas pour sa profondeur intellectuelle, ni pour ses rebondissements spectaculaires que Red Room est appréciable (et apprécié). Pour cette raison, la critique ne traitera pas de thème comme l’amour propre, le dépassement de soi et autres déviances sociétales. En effet, tous ces thèmes sont soulevés à demi-mot (pour ne pas dire involontairement). Cela ne rimerait donc à rien de les traiter plus avant – sauf pour ceux qui aiment se polir le cortex et qui aimeraient voir passer la masturbation intellectuelle en discipline olympique.

Le réel pilier du métrage est son extrême violence graphique. Et pour cause, celui-ci mise sur la carte du "snuff" pour faire passer la pilule de l’absence totale de créativité et de moyen ainsi que l’infect format vidéo.

De par son fond tant que de par sa forme, Red Room se situe entre un des épisodes de Guinea Pig réalisés par Ideshi Hino (soit "Guinea Pig : mermaid in a manhole" ou "Guinea Pig : Flower of Flesh And Blood"), et "Naked Blood". A ceci près que les réalisations d’Ideshi Hino ressemblent à des superproductions par rapport à Red Room. Si les deux réalisateurs japonais aspiraient à un résultat également réaliste et donc répugnant, Yamanouchi signe là un métrage à peine plus long qu’un épisode des Guinea Pig (68 minutes) mais totalement dépouillé. De ce fait, la majorité des actions violentes est dissimulée par des angles de caméras plus ou moins adroits et rehaussées par des bruitages outranciers. Par exemple, l’un des protagonistes entreprend d’insérer un objet dans le vagin de sa concurrente. Le plan cadre les fesses de profil, une jambe légèrement relevée, dissimulant toute l’action. Le plan est hideux et tend à imiter un snuff, sans pour autant avoir les moyens de trop en montrer. Ainsi, la violence et la cruauté graphique dont aurait dû faire preuve Red Room en sont considérablement amoindries.

Red Room n’a donc certainement pas les moyens de ses ambitions. Ainsi il se trouve recalé au rang de simple vidéo racoleuse. Le réalisateur aime mettre son nez (et celui du spectateur par la même occasion) dans le caca et il le revendique haut et fort. Tout est ici autant gratuit que malsain. Avis aux amateurs !

Il est indéniable que Red Room est très pauvre sur tous les plans. Il dégage pourtant une atmosphère sulfureuse particulièrement appréciable, flattant par là même le voyeur qui est en chacun de nous.

Malgré les apparences et toute l’analyse conduite jusqu’alors, il y a bien quelque chose d’intelligent dans Red Room. Pas dans le film à proprement parler, mais dans son titre américain. Certes, il est bien trouvé, puisque la chambre en question est toute de rouge éclairée. Mais c’est aussi l’homonyme de redrum, qui n’est autre que murder (NdR "meurtre") écrit à l’envers. Que ce titre à tiroir fut intentionnel ou non, il ne pourra qu’ajouter au mythe "snuff" qui entoure le métrage.
Pour être sûr de bien enfoncer le clou, l’éditeur du DVD américain a mis des avertissements à divers endroits sur la pochette du DVD. "Attention le film contient de la violence graphique" ou encore "ce film ne convient aux personnes sensibles. Ne le regardez pas si vous êtes trop jeune, avez un estomac sensible ou des problèmes cardiaques." Avec une tartine d’avertissements pareils, il serait difficile de nier avoir été prévenu. Le seul problème, c’est qu’après une telle fanfare, le film apparaît un brin fade. Au final, pas de quoi se relever la nuit.

Ce genre de film d’exploitation coûte très peu à la production et permet un retour sur investissement plutôt rapide. De fait, le cinéaste japonais s’est attelé à la réalisation d’un second volet, le bien nommé "red room 2". Tout comme son prédécesseur, il sera distribué par Unearthed films qui est décidément un éditeur de qualité.

Pour être très honnête, Red Room n’a aucun intérêt réel. Il n’est pas passionnant car mollasson et idiot. Il n’est pas non plus entraînant, car les joueurs cherchent leurs limites, puis sombrent dans la cruauté et la perversion. Le métrage est légèrement subversif, encore que ce point soit discutable. Sans avoir peur de créer un paradoxe cinématographique, on pourrait dire du métrage qu’il est consensuel dans sa subversion. Ainsi, il ne s’écarte jamais des sentiers battus du genre, jouant la carte de la facilité. De cette façon, Yamanouchi assure ses arrières en ne prenant aucun risque. Il sait qu’il y a un public demandeur d’étrons cinématographiques déviants et agit en conséquence.
A ne consommer que si vous aimez les "japoniaiseries" un peu corrosives. Pour les autres, tournez-vous plutôt vers les films de Takashi Miike, eux aussi très tordus, mais ô combien soignés et lourds de sens.

Note
4
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Colin Vettier