Affiche française
SMALL TOWN FOLK | SMALL TOWN FOLK | 2007
Affiche originale
SMALL TOWN FOLK | SMALL TOWN FOLK | 2007
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Small town folk

Small town folk

Jon et Susan ont décidé de partir à l’aventure à bord de leur voiture. Perdus au beau milieu de nulle part, ils tombent sur deux locaux, un simple d’esprit et un nain, qui leur indiquent le chemin de Grockleton, tout en les mettant en garde sur ce lieu apparemment de sinistre réputation. Jon décide néanmoins de s’y rendre. Là-bas, nos deux tourtereaux découvrent un lugubre manoir et font la connaissance du Lord Beesley qui leur propose de passer la nuit dans sa demeure. Jon et Susan ne se doutent pas des intentions du Lord quand celui-ci apprend que la jeune femme est enceinte…
Parallèlement, des adolescents s’aventurent sur les terres du Lord, qui ne semblent pas apprécier les "étrangers" et envoie sa "horde" en chasse…

Quelle superbe découverte ! Encore une fois, l’Angleterre nous livre un film indépendant à faible budget qui s’avère atypique, décalé, et surprenant. Un film que ne renierait sûrement pas Tim Burton ! En effet, "Small Town Folk" peut-être considéré comme une sorte de "Dark Fairy Tales", un conte sinistre et lugubre, mettant en scène une foule de personnages exubérants et des situations cocasses et inattendues, qui auraient très bien pu sortir de l’esprit du réalisateur de "Ed Wood" ou de "Sweeney Todd, le diabolique barbier de Fleet Street".

"Small Town Folk" est la première réalisation de Peter Stanley-Ward, qui a également participé à l’élaboration du scénario en compagnie de Natalie Conway. Le film a coûté dans les 4000 livres sterling, et a été entièrement financé par les acteurs et l’équipe technique, sur une période de 4 ans. Parmi les acteurs présents, on notera que le jeune Marcus est interprété par Simon Stanley-Ward, qui est le propre frère du réalisateur. Si vous aimez les univers déjantés et les contes pour adultes, alors je vous souhaite la bienvenue à Grockleton !

Grockleton. Un endroit très étrange, sorti d’on ne sait où, perdu dans une sorte de dimension parallèle peut-être, que sais-je ? La route qui y mène s’appelle "La Route de la Lumière". Seulement, au bout du chemin, ne pensez pas trouver le Magicien d’Oz. Vous allez en fait entrer sur les terres du Lord Beesley et de ses résidents. Fans de films mettant en vedette des "rednecks" de la plus belle espèce, le film de Peter Stanley-Ward est pour vous ! La galerie de personnages qu’on va découvrir est sûrement l’une des plus belles brochettes de demeurés qu’on a vu sur un écran et n’est pas sans rappeler la horde sauvage du film "Ecorché Vif".

Le Lord ressemble à un pseudo dandy croisé avec un romanichel, et son plus grand malheur est que son "royaume" ne comporte pas de présence féminine, ce qui pose bien évidemment un souci pour faire perpétrer le nom des Beesley. On comprend alors aisément sa soudaine attirance pour une étrangère enceinte !

Ses compagnons ne sont pas mieux lotis que lui, même si le Lord demeure celui dont le visage est le moins marqué par la dégénérescence. Parmi les barjots présents à Grockelton, on trouve Dobbin, un simple d’esprit qui aime se prendre pour un pilote avec ses lunettes d’aviateur sur le nez ; Pooch, un adepte du fusil qui a bien du mal à aligner ses proies vu son strabisme fort prononcé ; Pike, une sorte de romanichel aimant les piercings et ayant la capacité de "renifler" des proies à distance, du moins le croit-il… ; on trouve également d’autres cinglés comme ces deux frères dont on ne saura rien du visage puisque portant des masques qui auraient tout à fait leurs places au sein des membres du groupe Slipknot ! Les deux frangins gardent le champ du Lord et l’un d’eux s’amuse à se faire passer pour un épouvantail afin de ne pas attirer l’attention sur lui et laisser ses victimes approcher. Méthode pour les massacrer : la serpe tranchante un brin rouillée ! Original non ? Manque encore à l’appel un dernier cinglé, qui utilise comme arme une arbalète projetant des…fers à cheval ! Bref, toute une armada de personnages pittoresques, excentriques, qui nous feront assister à quelques meurtres bien sanglants. Détail amusant, Le Lord se prend pour le Comte Zaroff et n’hésite pas à transformer la tête de ses victimes en trophée qui viendront se suspendre à ses murs. Un vrai univers déjanté, je vous l’avais dit.

Bien sur, avec un si petit budget, pas moyen d’avoir des décors hollywoodiens ! La plupart des paysages ont donc été réalisés avec un ordinateur, les acteurs jouant devant un fond vert ou bleu. On n’aura aucun mal à deviner quels sont les décors réalisés de cette façon puisque ça se voit à l’écran et que même un myope ne pourrait se tromper quant à leurs origines informatiques. Et pourtant ! Dans bien des cas, cela aurait suffit à plomber le film, à le tirer irrémédiablement vers le bas. Pas dans "Small Town Folk" ! Je dirais même qu’au contraire, ça participe encore plus à rendre cet univers unique, et que ça renforce le côté "conte de fée sombre et lugubre". Ces effets de paysages informatiques s’avèrent ici vraiment bénéfiques pour le film et son ambiance. Ca gênera sûrement des spectateurs mais pour ma part, j’ai trouvé ça très efficace, rendant au final le film encore plus "hors norme" qu’il ne l’est déjà.

Les différents acteurs, inconnus au bataillon, s’en sortent plutôt bien pour des amateurs et on prend plaisir à les suivre dans leurs péripéties insolites. Inconnus, vraiment ? Pas tous en fait. On reconnaîtra bien sur l’acteur nain Warwick Davies, star de "Willow" et de la série "Leprechaun". Quelques séquences gores viennent pimenter l’action et s’avèrent correctement réalisées.

Personnellement, je trouve que Peter Stanley-Ward a parfaitement rempli sa mission, celle de réaliser coûte que coûte un film avec sa bande de copains et de mettre en images ses idées plus tordues les unes que les autres. Malgré le manque évident de moyens, sa détermination et son imagination transpire dans tout le métrage et ce qui aurait pu s’avérer comme une infâme bouse (ce que le film sera pour de nombreuses personnes à mon avis…) se révèle un film vraiment réussi, doté d’un visuel et d’une imagerie intéressantes et originales. Il suffit de savoir ce qu’on va regarder et de connaître les conditions difficiles de tournage. Un film à la "Bad Taste" en somme (4 ans de tournage, entre potes et auto-financé), l’aspect gore en moins et la féerie insolite en plus.

Bref, n’hésitez pas à tenter l’expérience si vous n’êtes pas contre la découverte de films à micro-budget et si vous aimez les galeries de personnages originaux et excentriques. Pour ma part, je suis totalement rentré dans le film et j’en suis ressorti convaincu et vraiment très agréablement surpris. Un futur film culte à mon avis…

Note
4
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Stéphane Erbisti