Vanguard
The vanguard
2015. Crise pétrolière, guerres, famine… La planète Terre est ravagée. Une situation d'autant plus dramatique que la population ne cesse de s'accroitre. Afin de diminuer celle-ci, des scientifiques ont la lourde tâche de créer une drogue pour éradiquer une partie de l'espèce humaine.
Mais, contre toute attente, les gens infectés par cette substance se transforment en bêtes sanguinaires, réduits à l'état primitif et aveugles. Les contaminés que l'on appelle "Byosins" vont décimer les régions, s'attaquant à quiconque s'approche trop près d'eux.
Dans ce chaos, quelques humains, sains, sont regroupés au sein d'un corps militariste nommé "la Fédération". D'autres, comme Max, continuent de vivre en pleine nature, à la portée des Byosins, et luttent pour leur survie chaque jour que Dieu fait…
"The vanguard" (en français "l'avant-garde") est un film à petit budget venu tout droit du Royaume-Uni, territoire où le cinéma de genre a comme qui dirait ressuscité après la période creuse ayant suivi la fameuse grande époque de la Hammer.
Une remontée en puissance du cinéma de genre britannique dont le catalyseur a été un certain "28 jours plus tard" sorti en 2002. Depuis, nos amis d'outre Manche ont le vent en poupe et nombreux sont les films de qualité qui sortent dans le pays où la censure est pourtant très vorace. Les spécialités contemporaines de nos voisins britanniques? Le survival bien-entendu (avec notamment les très bons "the descent" en 2005, "wilderness" en 2006 et "eden lake" en 2008) et la comédie horrifique (citons entre autres "shaun of the dead", nouveau pilier de ce genre sorti en 2004, mais aussi "severance" en 2006, "bienvenue au cottage" en 2008 ou encore "doghouse" en 2009…).
D'autres films encore ont été d'agréables surprises ("dog soldiers" en 2002, "creep" en 2004 ou encore "the children" en 2008) mais ce n'est malheureusement pas toujours le cas et les déceptions sont également fort nombreuses ("the last horror movie" en 2003, "the zombie diaries" en 2006, "lesbian vampire killers" en 2008…), et "the vanguard" en fait partie…
Après cette petite introduction, lançons-nous dans cette critique de "the vanguard", petit film post-apocalyptique sorti la même année que le "doomsday" (tiens, britannique aussi!) de Neil Marshall.
Survival post-apocalyptique partant d'un scénario très pessimiste (en 2015, futur très proche, la Terre est rongée par les guerres, la famine et les rares survivants tentent de survivre à des gens contaminés par un virus les rendant enragés…) dont l'histoire se passe en grande partie dans la forêt (renvoyant à certains grands classiques tels que "Rambo" ou encore "predator"), "the vanguard" avait peut-être de quoi satisfaire un public à la recherche de sa dose d'adrénaline. Mais cette petite étincelle d'espoir s'éteint rapidement pour laisser place à la réalité pure et dure…
Une descente aux enfers digne de ce nom commence tout d'abord par une rapide synthèse du scénario. Confus (on n'y comprend pu grand-chose dans tous ces dialogues absurdes), et énormément mou par moments (mention spéciale à une scène de gunfights dans les bois monotone et maladroite au possible), le film de Matthew Hope ("espoir" en français…) accumule les maladresses et les bizarreries malgré un scénario qui pouvait s'avérer très prometteur sur le papier.
Et ce n'est pas une fin un peu plus dynamique (avec un héros qui trucide un par un ses ennemis à coups de hache) qui rattrapera la médiocrité de plus d'une heure de film. Car, même si "the vanguard" a la volonté de ne pas trop vouloir marcher sur les sentiers battus, ce dernier, en cherchant peut-être, au contraire, à trop vouloir faire dans le non-cliché, se plante lourdement dans sa tâche et finit par s'emmêler les pinceaux (certaines situations sont incompréhensibles, des personnages venus d'on ne sait où débarquent sans trop savoir qui ils sont vraiment…).
Et ce n'est malheureusement pas le casting, très amateur, qui va relever un peu le niveau de tout ce cirque… Les acteurs sont en effet très mauvais et les dialogues souvent insipides (les passages muets sont alors un véritable bonheur pour le spectateur). Rien ne ressort de ces personnages ô combien vides et pathétiques.
Max notre héros? Une sorte de "ninja de la forêt" qui court tout le temps d'arbre en arbre, trucidant de temps à autres un contaminé qui traine dans le coin (c'est bête à dire, car la comparaison n'en vaut pas la chandelle, mais certains passages m'ont fait penser à "versus", la qualité en moins bien évidemment) à la manière d'un "Rambo des bacs à sable", même s'il faut bien reconnaitre que certaines scènes montrent chez notre cher Max une sauvagerie à toute épreuve (un passage le montre en train de déchiqueter un contaminé à coups de haches en pleine tronche, la caméra positionnée à la place de la victime : une scène plutôt bien foutue reconnaissons-le).
Mais que dire de cette voix off qui accompagne notre héros et nous fait part de ses pensées? Monotone et peu élogieuse (je ne sais pas si c'est la traduction française qui fait cela mais les phrases prononcées sont vraiment poches et puériles…), voilà bien un ingrédient dont nous aurions pu aisément nous passer (muette, la première partie nous présentant Max aurait été d'un meilleur rendu, quitte à en savoir un peu moins sur la vie, pourtant pas très passionnante, de notre ami).
Bon, devant ce véritable gâchis, le spectateur est peut-être alors en droit de s'attendre à quelques effets sanguinolents et autres actes de barbarie qui pourraient alors sortir un peu le film de la noyade (du moins sortir quelques doigts de l'eau froide des côtes britanniques).
Deux-trois coups de hache par-ci par-là, des empalements pas trop mal rendus (avec ces gerbes de sang en prime, malgré que ce dernier soit trop numérique à mon goût) et quelques membres sectionnés, le film de Matthew Hope (qui espère toujours…) réussit à donner un (très) léger souffle à son film grâce à quelques plans sanguinolents. Une maigre consolation quand on voit l'ampleur du dégât (mais on prend quand-même, au point où on en est…).
Malgré un comportement ridicule (démarche de singe et bonds de grenouille sont de la partie), les contaminés ont un assez beau rendu graphique (cf la capture), avec leurs yeux vides et leurs expressions faciales emplies de haine et de souffrance. Un bon point donc quand on prend en compte la faiblesse du budget de ce genre de production.
Au final, "the vanguard" ne mérite pas d'éloges, peut-être deux trois remarques positives comme cette volonté du réalisateur à vouloir sortir des sentiers battus (au risque de se planter lourdement) ou encore le soin apporté au design des contaminés (quand on tient compte du budget il va de soi).
A part ces quelques choses, je ne vais pas vous mentir : le film de Matthew Hope ne vaut pas tripette, la faute à des lourdeurs scénaristiques, un casting médiocre et amateur au possible, un rythme souvent très mou (et ce n'est pas les passages de tam-tam en guise de musique de fond qui vont nous envoûter) et quelques effets spéciaux numériques ratés (les effusions de sang numérisé qui ne laissent pas de trace sur les habits)…
Un film à oublier.