Abattoir - l

Slaughterhouse

Lester et Buddy Bacon, un père et son fils travaillant dans un abattoir à l'ancienne, autrefois entreprise familiale renommée à travers tout le pays, sont menacés d'expulsion par des entrepreneurs et bureaucrates locaux ayant décidé de tout mécaniser à grande échelle. Trouvant cela injuste, les Bacon (sympa comme nom de famille pour des bouchers !) décident d'occire tous les hommes d'affaires à l'origine de cette idée en les faisant venir à l'abattoir. Pendant ce temps-là, des jeunes gens téméraires, qui de temps à autres tournent en secret un film en ces lieux d'équarrissage, ont décidé d'y passer une nuit par défi. Grosse erreur…

ABATTOIR - L | SLAUGHTERHOUSE | 1987

Voici encore un énième film inspiré de "Massacre à la tronçonneuse" où Leatherface est remplacé par Buddy, un obèse attardé qui travaille dans un abattoir avec son papa et décime tous ceux qui s'y aventurent d'un peu trop près. Comme dans le chef-d'oeuvre d'Hooper, le père se fait complice des actes criminels du fils qui tue aussi bien les curieux que les hommes d'affaires peu scrupuleux et dont le paternel veut se débarrasser pour garder la petite entreprise fondée par la famille Bacon. Comme dans TCM (Texas Chainsaw Massacre, pour les spécialistes), les meurtres sont perpétrés avec des instruments de boucher (crochets, machettes, etc.) dans un lieu loin de tout, perdu au milieu de nulle part. Bref, il n y a rien de très original ici, si on compare L'abattoir aux autres slashers de la même génération. Seule la fin, est, ici, inattendue, même si déjà vue par les habitués du genre à qui on ne la fait pas !

Rien de bien novateur donc dans cette petite série B flirtant avec la Z. Toutefois, ce qui dénote un peu, c'est qu'il n'y a pas de scène de nudité gratuite contrairement à la grande majorité des autres slashers des années 80. Intention réelle du scénariste pour se distinguer du lot commun ? Acteurs refusant de le faire sauf contre un gros chèque ? On ne le saura jamais, mais bon, vu la tronche des acteurs, on n'a pas loupé grand chose !

Côté casting et galerie des personnages, ce n'est pas terrible non plus. Les protagonistes sont abordés de manière superficielle et leurs visages, très banals, sont vite oubliables. Parmi eux, on en retiendra deux, dont celui de la fille du shérif qui s'appelle Lizzie Borden (nom réel d'une jeune parricide assez connue aux USA, vous voyez un peu la feinte du scénariste !) et qui semble être l'héroïne du film, même si niveau charisme, c'est loin d'être ça ! Ainsi, seul sort du lot le personnage de Buddy, le meurtrier arriéré. Il est immonde : très adipeux, à la limite de l'obésité, crasseux, n'articulant pas, il se contente d'émettre des onomatopées ou grouine comme un cochon et tue les gens de manière sadique, notamment avec son arme de prédilection, à savoir une grosse machette. Ce protagoniste apporte beaucoup au métrage puisque c'est vraiment le seul à susciter chez le spectateur un semblant d'émotion. Que ce soit de la peur due à l'imprévisibilité de son caractère ou de l'humour propre à sa personne, il dégage quelque chose. Soit il arrive à nous faire sourire compte tenu de la cocasserie de certaines situations dans lesquelles il se retrouve, soit il nous rend méfiant quant à ses intentions réelles, et ce, assez facilement. Il faut le voir dans une scène hilarante où après avoir tué un flic, il s'empare des habits de celui-ci qui bien entendu ne lui vont pas. Alors, il ne met que les manches, puis conduit le véhicule de police et fait retentir la sirène comme un grand gamin ! Ce qu'il est d'ailleurs, puisqu'il ne semble pas avoir évolué depuis sa préadolescence.

Côté script, c'est un peu la bérézina. Les incohérences scénaristiques le disputent aux longueurs mal gérées. Elément curieux du scénario (qui devait tenir sur un confetti) : on parle à un moment donné du fils disparu de Lester, alors on se dit qu'il va certainement réapparaître, puis en fait c'est l'arlésienne car on ne le voit et n'en parle plus jamais. Peut-être est-ce dû au manque de moyens ? Ainsi, le scénario a été expurgé à son strict minimum, donc on a occulté ce passage volontairement !? Il faut également être patient côté action puisqu'on attend en effet environ trois-quarts d'heure entre la première et la seconde série de meurtres !

Pour ce qui est des effets spéciaux, on n'est guère mieux lotis. Les séquences gore sont très minces : un type se fait décapiter la main et un autre est jeté dans une machine à débiter la viande. Voici à peu près ce qui surnage car pour tout le reste, ça va du moyen au très mauvais.

Tout cela ressemble un peu à un film de fin d'année réalisé par des étudiants en cinéma : petits moyens, acteurs non confirmés et script parfois un peu brouillon voire confus. Cela étant, avec un budget de moins de 100 000$, on ne pouvait pas non plus aller bien loin !

Malgré tout ce qui a été dit, il y a quand même du bon dans ce film comme par exemple le générique du début. Ce dernier est tout bonnement fabuleux et jamais vu. Jugez plutôt : certaines étapes de la vie du cochon à l'abattoir (comment il est nourri, dépecé et installé dans des machines à fabriquer les boudins) sont retranscrites et filmées sur fond de musique mi jazzy, mi groovy où la trompette à coulisse donne de son petit effet. Les deux éléments, quoique complètement opposés a priori, vont finalement très bien ensemble et ce qui déroute le plus c'est que malgré des images pas très appétissantes, nous sourions, faute à un fond musical qui décrispe les zygomatiques. Pas mal donc, comme sensation.

De plus, concernant le score, on a aussi droit, au cours du film, à de la pop et à de la new wave des 80's et même à de la drum'n'bass ! Ce qui est plutôt riche pour un métrage du genre, non ?

Autre fait d'arme à mentionner : la drôlerie de certaines scènes comme celle du bal dansant de la fête du porc (à moins que ce ne soit la fête du boudin vu le faciès de certains et de certaines !) où des petits "rednecks" locaux se tortillent maladroitement sur une musique que vous pouvez imaginer des plus branchées. Du pur régal pour les esthètes que nous sommes !

Ainsi, malgré une scène d'ouverture impressionnante qui ne ravira pas les végétariens mais certainement la séquence la plus choc du film car réelle, les scénettes sont un peu molles du genou et des longueurs viennent s'ajouter à un jeu d'acteur des plus déplorables. Bref, pas très convaincant, choquant ou encore déroutant. C'est assez divertissant, certes, mais rapidement oubliable et seul Buddy restera dans les annales comme l'un des tueurs les plus drôles de la galerie des meurtriers présents dans les slashers. Mais bon, il ne sauve pas à lui tout seul le film d'un naufrage certain. A voir donc comme ça, si vous tombez dessus par hasard.

ABATTOIR - L | SLAUGHTERHOUSE | 1987
ABATTOIR - L | SLAUGHTERHOUSE | 1987
ABATTOIR - L | SLAUGHTERHOUSE | 1987
Bande-annonce
Note
2
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Vincent Duménil