Apocalypto

Apocalypto

Tout commence par une violente partie de chasse au tapir… Les chasseurs d'un paisible village Maya rentrent chez eux chargés de viande fraîche. Voilà un excellent prétexte pour faire la fête et c'est dans une ambiance des plus joyeuses que le village s'endort. Le lendemain matin, les villageois sont attaqués par les guerriers Mayas de la cité voisine en quête d'esclaves et de sacrifices humains. Beaucoup sont tués sur le champ, les enfants sont laissés à leur triste sort, femmes et vieillards serviront d'esclaves alors que les hommes forts sont réservés au sacrifice. Tous sont emmenés à l'autre bout de la forêt. "Patte de jaguar", le fils du chef du village a juste eu le temps de cacher sa femme enceinte et son fils dans un trou duquel ils ne peuvent sortir sans son aide. Il se doit donc à tout prix d'échapper à ses bourreaux pour les sauver...

APOCALYPTO | APOCALYPTO | 2006

"Apocalypto" a provoqué une énorme polémique bien avant sa sortie française en salle, et tout ça parce que Mel Gibson avait réalisé le pas mauvais "La Passion du Christ" qui avait été taxé de "film contenant des propos antisémites", mais aussi parce que les soit disant "spécialistes" du quotidien "Le Monde" critiquèrent le film sur le fond en "rappelant" (sic) que les Mayas "étaient un peuple raffiné, qui connaissait les mathématiques, l'écriture, l'astronomie", ils déplorèrent "une confusion avec les pratiques des Aztèques". Je ne vais pas me pencher sur "La Passion du Christ" puisque les deux films n'ont absolument rien à voir et qu' "Apocalypto" ne peut être critiqué du seul fait qu'il est fait par le même réalisateur (sur le même principe on ne peut critiquer le film sur le seul fait que Mel Gibson ait tenu des propos antisémites sous l'emprise de l'alcool), mais plutôt sur l'aspect historique du film. On a reproché aussi à ce dernier d'être trop violent, mais ça, c'est pas nous qui allons nous en plaindre… Il est intéressant de savoir que dans un souci d'exactitude, Mel Gibson et Fahrad Safinia se sont entourés d'une équipe d'historiens et d'archéologues dirigée par le Dr Richard Hansen, professeur à l'université de l'Idaho et recruté par l'Etat du Guatemala pour sauver le patrimoine précolombien du pays qui a qualifié le film de "fenêtre Maya ouverte sur le monde" et a affirmé que contrairement aux théories en vogue jusqu'en 1950, et aux clichés rousseauistes, les sacrifices humains n'étaient pas uniquement pratiqués par les Aztèques mais que tous les peuples méso-américains s'y adonnaient. En témoignent l'architecture Maya et les propos du lieutenant Cortes passant au large du Yucatan : "Sur des autels se trouvaient d'affreuses idoles : cinq indiens sacrifiés étaient là, la poitrine ouverte, les bras et les jambes coupés. Les murs étaient couverts de sang.". Voilà pour la petite leçon d'histoire.

Les "spécialistes" du journal "Le Monde" feraient donc bien de changer leurs livres d'histoire qui paraissent maintenant quelque peu dater, comme ça, ça évitera qu'un réalisateur tel que Mel Gibson refuse de venir faire la promo de son film en France, surtout lorsqu'il s'agit d'un film aussi passionnant.

Passons maintenant aux choses sérieuses. "Apocalypto" est un incroyable survival, viscéral au possible, sur fond historique exact d'une société décadente. A la base du projet, Mel Gibson voulait tout simplement faire un film de poursuite (il dit avoir été beaucoup marqué par "La Proie Nue" étant enfant) puis il a cherché un environnement historique inscrit dans l'imaginaire collectif. Le métrage est donc un survival des plus classiques dans sa structure : c'est-à-dire humiliation du héro, prise de conscience et vengeance, mais fait preuve d'une virtuosité inégalée dans sa réalisation.

Techniquement, c'est absolument irréprochable : les décors sont magnifiques que cela soit cette jungle organique dans laquelle évolue les personnages ou cette splendide et effrayante cité Maya, les maquillages sont époustouflants, chaque personnage étant unique par ses divers scarifications et piercings, les effets spéciaux tant plastiques que numériques sont vraiment bons (seul petit bémol l'attaque du jaguar) et leur utilisation vraiment harmonieuse. Mais le plus impressionnant reste ces mouvements de caméra absolument prodigieux qui magnifient et rendent vivante cette jungle parfois menaçante, parfois hospitalière. La caméra semble voler entre les arbres, on a probablement droit à des mouvements de caméra inédits, c'est ce qui donne toute son intensité à la longue course poursuite qui jalonne le film. Le tout est renforcé par un montage clair et intelligent qui ne se la joue jamais "La mémoire dans la peau" comme de nombreux réalisateurs ont tendance à le faire actuellement.

Le casting est particulièrement travaillé puisque Mel Gibson avait besoin de figures archétypales comme il les aime et ayant les caractéristiques à l'image, que le spectateur lambda se fait d'un Maya, ce qui est très étonnant. Ainsi, pour la première fois dans un film, natifs d'Amérique et hispaniques se partagent les rôles. La performance de l'acteur principal est sidérante : il fait preuve d'une telle énergie qu'il parvient à transmettre avec beaucoup de violence ses sentiments de haine ou d'amour au spectateur.

Quand au message du film, il ne faut pas chercher midi à quatorze heures… Mel Gibson affirme : "Ca a à voir avec l'histoire humaine. C'est une sorte de légende mythique universelle, ramenée à un niveau que nous pouvons tous comprendre. Dans le film "patte de jaguar" s'accomplit humainement. C'est tout ce que nous recevons, les expériences que nous faisons qui nous façonnent. C'est la famille de ce garçon, sa femme, son père, le conseil que lui donne son père : "ne vis pas dans la peur", un excellent conseil. Le film parle de la peur. Nous avons exploré toutes les peurs primales que nous avons pu en deux heures".

"Apocalypto" est un grand film à ranger avec "Les chasses du comte Zaroff", "Rambo", "Délivrance" et "Prédator" qui sont pour moi, les plus grands survival. Il y a certes quelques imperfections mais la polémique me donne envie d'aimer le film plus encore : il doit mériter 5,5 mais je lui mets 6.

APOCALYPTO | APOCALYPTO | 2006
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Note
5
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Cedric Fretard