L'AVIS :

"La Furie des Vampires" n'est pas le premier film mettant en scène Paul Naschy dans le rôle du loup-garou. En effet, Naschy a déjà tourné trois autres films dans lesquels il interprète le rôle de Waldemar Daninsky : "Les Vampires du Dr. Dracula" en 1968, "Dracula contre Frankenstein" en 1969 et "La furia del Hombre Lobo" qui est antérieur à 1971 même s'il n'a été distribué qu'en 1972, ce qui complexifie un peu la chronologie de la saga. Surtout que Paul Naschy proclame qu'il existe un "Las Noches del Hombre Lobo" que personne n'a jamais vu et qui serait pour lui le vrai second film de la saga Daninsky ! Un sacré bazar ! Il va en tourner bien d'autre encore mettant en scène ce personnage récurent dans sa filmographie. Donc, logiquement, "La Furie des Vampires" est le quatrième film de la saga ou le cinquième si on compte le film disparu et jamais vu. Quand il n'est pas considéré comme le troisième dans certaines filmographies puisque "La Furia del Hombre Lobo" a été réalisé avant mais est sorti après "La Furie des Vampires" ! Vous suivez toujours ?

De par la présence du loup-garou et de femmes vampires, "La Furie des Vampires" est donc un cross-over, et ce, bien avant "Underworld" ! Déjà en 1943, la Universal avait fait se rencontrer le loup-garou et la créature de Frankenstein puis touts les monstres classiques en 44 et 45 dans "La maison de Frankenstein" et "La Maison de Dracula" ! Comme quoi, cette idée de mélanger plusieurs monstres dans un même film ne date pas d'aujourd'hui.

Réalisé par Léon Klimovsky, "La Furie des Vampires" est un film est vraiment très agréable à suivre et prouve que l'Espagne sait faire des films fantastiques et d'épouvante et que l'Angleterre ou l'Italie n'ont pas l'apanage du genre. L'ambiance rappelle bien sûr certaines productions de la Hammer, de même que la très belle photographie et les couleurs. On sent que ce film a bénéficié d'un grand soin au niveau des décors, des costumes et ce, afin de rivaliser avec les classiques des pays précités.

Jacinto Molina, véritable nom de Paul Naschy, je ne vous apprends rien, reprend donc son rôle de Waldemar Daninsky, qui se transforme en loup-garou lors des nuits de pleine lune. Ici, les séquences de transformations sont assez simplistes, encore plus que dans les films des années 40. Pas de surimpression d'images, on a des changements de plans qui permettent à l'acteur de se retrouver de plus en plus poilus, plan après plan. Ce qui n'empêche pas notre loup-garou d'avoir un look assez sympa, bien agressif et qui plaira sûrement aux fans de ce monstre mythique.

Niveau vampire, la Comtesse, jouée par Patty Shepard, est toute de noire vêtue et possède deux belles canines qu'il serait difficile de cacher tant elles sont grandes. Elle s'adjoindra une compagne en la personne de Geneviève, ravissante jeune fille aux yeux magnifiques interprétée par l'actrice Barbara Capell. Une des originalité du film est de nous faire vivre la présence des vampires de façon onirique et très poétique. En effet, à chaque apparition des créatures de la nuit, le réalisateur a recours à la technique du ralenti, ce qui donne une atmosphère suréaliste au film, à laquelle s'ajoute la présence de fumée également. On pourrait presque rapprocher ces séquences de certains films de Jean Rollin. Certes un peu répétitif, ce procédé me m'a absolument pas dérouté et je trouve vraiment qu'il apporte un petit plus pour l'atmosphère du film.

Le film a été réalisé en 1971, et on retrouve donc quelques éléments érotiques dedans, la mode à cette époque étant d'augmenter la violence et la nudité. Même la Hammer a du se plier à ces nouvelles règles dans ses productions des années 70. Rien de bien méchant, on dévoile juste les seins des actrices de temps en temps. Niveau violence, le sang est bien présent, sans que ce soit un monument du gore non plus. Les attaques du loup-garou sont assez sanglantes, et les morsures de la Comtesse provoquent de belle coulée de liquide bien rouge. On assistera même à une belle décapitation à coups de hache !

On pourra par contre noter quelques détails un peu saugrenus, comme cette apparition d'une sorte de mort-vivant habillé comme un templier dans des ruines et dont on ne saura absolument rien. Pourquoi est-il là ? Mystère total ! Il en va de même pour le personnage de la soeur attardé de Waldemar, qui ne sert pas à grand chose dans le film au final.

Une excellente séquence par contre nous montre la vie de la Comtesse, rappellant la célèbre Comtesse Bathory, se livrant à des messes noires, récoltant le sang des vierges dans un calice en forme de corne pour le boire afin de garder sa beauté.

L'amour n'est pas absent du film, puisque notre héros lycanthropien va tomber amoureux d'Elvira (Gaby Fuchs), qui le lui rendra bien. Une jolie histoire qui n'a rien de mièvre et qui passe très bien à l'écran. Pour protéger sa dulcinée, Waldemar ira même jusqu'à s'enchaîner les soirs de pleine lune afin de ne pas commettre de meurtre. Ah l'amour...

Le rythme du film, sans être des plus énergiques, n'est jamais ennuyeux. Il pêche juste un peu vers la fin, quand le policier vient se mêler à l'histoire mais dans l'ensemble, la vision du film est vraiment agrébale et divertissante.

"La Furie des Vampires" est donc une bonne entrée en matière pour qui ne connait pas le cinéma fantastique espagnol. Il est évidemment très différent des films d'horreurs actuels mais malgré quelques petites faiblesses, il réjouira et contentera le fan avide de découverte et voulant élargir sa connaissance du genre.

A noter qu'il existe une version plus longue de 7/8 minutes, qui ne comporte aucun plan sanglant ou érotique en plus mais une longue conversation entre l'ami policier d'Elvira et le maire du village ainsi que quelques plans montrant l'inspecteur recevoir une lettre d'Elvira. Ces minutes ont été coupées pour dynamiser le rythme du film.