Jack l'eventreur (1976)
Jack the ripper
Médecin réputé le jour, n'hésitant jamais à veir en aide aux plus infortunés ou aux plus démunis, le docteur Dennis Orloff se transforme la nuit venue en tueur en série impitoyable, agressant et mutilant des prostituées dans le quartier de Whitechapel. La police est sur les dents et ne parvient pas à arrêter celui qu'on surnomme Jack l'éventreur...
Le plus célèbre des serial-killers, le fameux Jack l'éventreur, a toujours déchaîné les passions et ce personnage énigmatique a inspiré bon nombre d'écrivains, de dessinateurs ou autres metteurs en scène. Le cinéma s'est très tôt emparé du mythe : Alfred Hitchcock réalise en 1927 "The Lodger : A Story of the London Fog", John Brahm "Jack l'Éventreur" en 1944, Godfrey Grayson "Room to Let" en 1950 (un film de la Hammer), Hugo Fregonese "L'étrange monsieur Slade" en 1953, le duo Robert S. Baker / Monty Berman "Jack l'éventreur (1959)" en 1959, Peter Sasdy "La Fille de Jack l’Éventreur" en 71. On pourrait également citer le "Loulou" (1929) de G.W. Pabst dans lequel la jolie Louise Brooks terminait le film en se faisant assassiner par l'éventreur de Whitechapel ou bien encore "Sherlock Holmes contre Jack l'Éventreur" (1965), "Meurtre par Décret" (1979), l'excellent téléfilm "Jack l'éventreur (1988)" ou le plus récent "From Hell" (2001), adaptation du roman graphique d'Alan Moore. N'oublions pas le très original "C'était Demain" (1979) ou "Jack's Back" (1988).
Bref, la liste est longue et il faut donc y ajouter ce Jack l'éventreur de 1976, réalisé par Jess Franco et qui fait endosser le costume du serial-killer à Klaus Kinski, acteur qu'on ne présente plus et qui semblait tout indiqué pour interpréter un Jack l'éventreur bien halluciné. Ce qui frappe d'entrée de jeu, c'est le nom même du brave docteur : Dennis Orloff. Un nom qui ne sera pas inconnu des amateurs du réalisateur espagnol puisque celui-ci a réalisé en 1962 "L'Horrible docteur Orloff", dans lequel un médecin fréquente les cabarets afin de kidnapper les jeunes chanteuses qui se produisent sur scène. Si le but final des deux docteurs n'est pas du tout le même, on ne pourra pas s'empêcher d'y voir une énorme référence, le nom d'Orloff revenant même en 73 dans "Los ojos siniestros del doctor Orloff" puis en 1982 dans "El siniestro doctor Orloff", deux films toujours signés Jess Franco.
On le sait, le réalisateur n'a pas que des fans et ses films varient en terme de qualité. Son Jack l'éventreur est plutôt à mettre dans la partie des bons films de son auteur : la mise en scène est des plus convenables, les acteurs s'avèrent convaincants (avec un bémol pour Andreas Mannkopff qui interprète l'inspecteur Selby et qui est d'une fadeur et d'une "inexpressivité" désarmante) et on est même surpris de la retenue dont fait preuve Klaus Kinski. Je pensais que cet acteur, connu pour ses accès de fureur, allait camper un tueur colérique et odieux mais au contraire, il reste relativement posé et n'en fait pas des tonnes, ce qui m'a même un peu déstabilisé dans mon attente. D'ailleurs, le film est un peu à l'image de la prestation de Kinski : sage, trop sage.
J'attendais plus de folie de la part de Franco mais son Jack l'éventreur reste en fait assez classique dans son approche et sa mise en scène, nous offrant certes un peu d'érotisme (quelques poitrines dénudées ou des gros plans sur les fesses des danseuses de cabaret), un peu de violence et de gore (dont le sein de la charmante Lina Romay, tranché au scalpel) ainsi qu'une jolie séquence d'hallucination nous expliquant les raison et la motivation meurtrière du docteur Orloff, mais dans l'ensemble, c'est bien gentillet et le film aurait pu aller beaucoup plus loin dans le démonstratif visuel, la seule séquence qui se permet quelques excès étant le meurtre de Lina Romay justement, avec viol et mutilations. Idem au niveau du rythme, l'ensemble est un peu mou et parfois trop bavard, s'attardant sur des scènes de dialogues un peu rébarbatives et qui auraient pu être plus concises. Cette variation sur le thème de Jack l'éventreur (le réalisateur a pris beaucoup de liberté avec la véritable histoire) n'est pas déplaisante, loin de là, mais j'en attendais beaucoup plus et je reste légèrement déçu au final. A noter, la présence au casting du bien connu Herbert Fux, vu entre autre dans La Marque du Diable bien sûr...
* Disponible en Blu-ray avec VF d'époque chez Ascot Elite