L'AVIS :

Pour la petite histoire, j’ai commencé la filmographie de Hugo König par le visionnage de "Gliitch" qui n’était sûrement pas le meilleur de ses métrages loin de là ! Toutefois, en regardant le CV du garçon, j’ai pu m’apercevoir qu’il avait pas mal œuvré dans le found footage, un genre que j’affectionne tout particulièrement et je décidai donc de lui donner une seconde chance avec Night Shot. Bien mal m’en a pris car je suis tombé sur une véritable petite pépite et c’est 100% français ma bonne dame !

Pour commencer il est important de signaler que Night Shot, selon l’équipe technique, remplit la gageure d’avoir été tourné en une semaine et surtout en un unique plan-séquence d’1h30 ! Ce qui est un véritable tour de force dans le milieu du film de genre car si on se rappelle bien, le dernier connu en date était un film uruguayen de 2011, le fameux "The silent house" de sinistre mémoire ! Ainsi, grâce à ce format, la tension ne fera que monter, l'angoisse se fera en une seule et longue fois et ne subira pas de retombée. Comme la blogueuse et son caméraman, le spectateur n’aura donc aucun répit !

En outre, malgré ses moyens très limités (le film est une production indépendante qui a tout de même eu les honneurs d’une sortie cinéma aux États-Unis en 2018 s’il vous plait !), Night Shot ne démérite pas car si le found footage est souvent prétexte à réaliser un film d’horreur à moindre budget, beaucoup ratent le coche côté crédibilité. De ce versant-là, le film d’Hugo König s’affranchira dès le début car le métrage est tourné dans l’ancien sanatorium d'Aincourt situé dans le Val d’Oise, un véritable lieu d’urbex très prisé dans le milieu, à l’abandon depuis des années et réputé comme hanté ! C’est là, qu’une youtubeuse et son cadreur pénétreront, dans le but d’explorer les lieux pour obtenir le plus de likes possible.

Ainsi, le duo va entrer facilement dans le bâtiment délabré pour commencer son incursion. La blogueuse Nathalie explique alors l'histoire de cet ancien centre de cure, son architecture, mais aussi le mythe d'un médecin fou meurtrier passionné par les femmes enceintes. Cette légende urbaine n'est pas surprenante dans le contexte d'une vidéo YouTube d'urbex et c’est même assez fréquent, le but étant tout de même d’être vu au maximum sur le Net ou les réseaux sociaux !

Lentement mais progressivement, des éléments étranges vont intégrer le film. Une paroi qui tombe toute seule, des meubles qui semblent avoir bougé, des portent qui claquent, des bruits dans les couloirs interminables, mais surtout des ombres qui semblent suivre, au loin, nos deux protagonistes. Et tous ces bruits ou éléments du décor vont concourir à provoquer un sentiment d’angoisse, tout comme ils vont nous faire sursauter au moindre son et vont nous faire scruter le moindre recoin de l’écran en prévision d’une potentielle menace ! Vous l’aurez donc compris, mais Night Shot fait véritablement peur et se révèle sacrément efficace en la matière sans pourtant sortir le grand jeu des jump-scares à foison ou autres effusions de sang et de fantômes en CGI mal venus ! Non, il s’agit de détails certes, mais disséminés intelligemment afin de nous foutre la trouille, la vraie, celle qui prend aux tripes !

Tout cela ne serait cependant pas rendu possible sans l’actrice principale Nathalie Couturier qui, petit exploit tout de même, à cause du format choisi par le réalisateur, n’a jamais eu de pause pour revoir son texte ou reprendre ses esprits entre deux prises lors d’un tournage de nuit ! Notons qu’elle avait fait quelques longs-métrages d’horreur peu connus, ce qui était toutefois largement suffisant pour bien maîtriser son sujet. On sent ainsi qu’elle est bien meilleure que la majorité des actrices que l’on peut voir dans ce genre de productions et cela fait toute la différence. Le duo qu’elle forme avec Hugo le caméraman, fait très naturel ajoutant au réalisme du film. On émettra néanmoins quelques réserves du côté du jeu du cameraman, bien souvent trop calme par rapport aux événements et au ton trop monocorde au vu des situations vécues, mais ce serait-là faire un peu trop la fine bouche !

Ajoutons également que les protagonistes évitent de faire des choix complètement idiots et même si ces derniers ne sont pas toujours les bons, ils s’expliqueront par la panique ambiante guidant leurs décisions devant être rapides ! Si on pensera évidemment au classique "Le projet Blair Witch", mais surtout à "Grave Encounters" au vu du scénario, le film d'Hugo König est tout de même d'une efficacité redoutable et il arrive même à offrir quelques originalités (notamment au niveau du son) çà et là avec une grande simplicité pour rendre le voyage le plus immersif possible !

Pour conclure, si pour certains Night Shot sera perçu comme un peu lent au démarrage, ce found footage tourné en mode urbex, idée encore assez fraîche finalement peu utilisée dans les films d’horreur, il sera pour d’autres comme votre dévoué, un film de très bonne facture. Doté d'une réalisation impeccable, d’un rythme parfaitement tenu et d’une actrice hyper convaincante, Night Shot évite les écueils de trop nombreux autres longs-métrages de ce genre. Cela est grandement dû à son tournage en un seul plan-séquence, véritable prouesse technique superbement exécutée ici, contribuant à faire de ce film, une excellente surprise encore trop méconnue !