Slasher (saison 5) : Ripper

Slasher: Ripper

Slasher (saison 5) : Ripper | Slasher: Ripper | 2023

Nous sommes à Toronto à la fin du XIXe siècle, où un tueur arpente les rues, la nuit, mais au lieu de cibler les pauvres et les opprimés comme le londonien Jack l'Éventreur, « The Widow » (c’est son nom et cela signifie « La veuve » dans la langue de Shakespeare) décime les riches et les puissants. La seule personne qui s'oppose à cet assassin est le détective nouvellement promu, Kenneth Rijkers, dont le sens de la justice pourrait bien vaciller devant la violence des meurtres et la corruption régnant en ville...

L'AVIS :

On doit avant toute chose reconnaître que dans cette série, on dispose quasiment à tous les coups, d’une galerie de personnages avilis et détestables à souhait que l’on a quasiment envie de voir tous périr dans d’atroces souffrances ! Et c’est encore le cas ici ! Entre les odieuses sœurs Botticelli qui veulent prostituer leur petite sœur innocente Verdi et la vendre au plus offrant, le riche magnat des affaires Basil Garvey qui tient toute la ville sous sa coupe, notamment son homme de main Eddie ainsi qu’Isaac Kashtinsky, le chef de la police drogué et corrompu jusqu’à la moelle, la journaliste Enid Jenkins déterminée à capitaliser sur les meurtres en vendant son quotidien quoi qu’il en coûte, l’énigmatique magicien Georges Rondeau prétendant communiquer avec les morts ou encore Salomé, le prostitué transsexuel loin d’être une blanche colombe, on a de quoi faire ! Autant de victimes potentielles avec leur lot de culpabilité(s) parmi lesquelles est peut-être tapi un meurtrier ! A moins que le tueur ne se cache sous les traits de personnes plus innocentes en apparence comme Regina Simcoe, l'épouse de la première victime, ou encore ceux du pasteur Andrew May Jr., ou bien alors de la mystérieuse docteure Israël ayant fait remarquer que l’assassin s’y connaissait en anatomie, qui sait ? Force est donc de constater que « The Widow » a de quoi se régaler et nous, pauvres spectateurs, de quoi nous triturer les méninges quant à l’identité du tueur ! En ce qui concerne ce dernier et contrairement à la saison précédente, on aura une petite idée de sa personne seulement à partir du sixième épisode, de quoi donc nous occuper jusque-là !

Toutefois, le gros problème avec cette saison 5, c’est qu’il n’y a pas de quoi se divertir des masses entre deux meurtres ! Pourtant, le créateur Aaron Martin et le showrunner Ian Carpenter se sont inspirés des infâmes meurtres de Jack l’Eventreur pour concevoir quelque chose qui leur est propre en mettant en plus en vedette quelques-uns de nos visages préférés du casting ! Et on peut dire que ça commençait pas mal avec, au bout de cinq minutes environ, un meurtre perpétré dans une ruelle sombre par « The Widow » sorte de silhouette imposante voilée de noir dans le Toronto du dix-neuvième siècle ! De plus, les spectateurs apprenaient rapidement que la corruption était généralisée dans cette ville qui se développe à grandes enjambées mais qui est dirigée en sous-main par un riche propriétaire, le puissant Basil Garvey. Il devient très vite une cible potentielle pour « The Widow » une fois que l’on apprend que le tueur vise des citoyens spécifiques, ceux-là même qui pourraient être liés à une affaire vieille d'il y a plus de dix ans et s'étant terminée par une injustice. La seule personne qui pourrait protéger ces individus est le jeune détective, Kenneth Rijkers. Mais l'horloge tourne et les victimes commencent à s'accumuler dangereusement alors que la veuve se rapproche de plus en plus de son principal objectif.

Néanmoins, après cette introduction alléchante, Slasher (saison 5) : Ripper s'éloigne parfois trop de son intrigue d'horreur, essayant de capturer la vie de l'époque d'une manière qui ressemble presque plus à une pièce de théâtre dramatique de cette période, dit autrement, elle souffre d’un problème de rythme ! De plus, alors que les costumes semblent appropriés et que les intérieurs ont l'air raisonnablement bien conçus, on ne sera pas du même avis en ce qui concerne les extérieurs ! En effet, c’est visuellement un peu trop aseptisé pour l’époque et surtout, on a l’impression que ça se passe toujours dans la même rue paraissant nettement à une échelle plus petite ! On s’attendait à un spectacle avec un décorum plus sombre, plus sale et plus dangereux ! Rappelons tout de même que la fin du XIXe siècle a été une période très longue, avec : des populations explosant rapidement par leur nombre, d’abondants progrès technologiques mettant des gens sur la paille et la montée de l’immigration et donc l’accroissement de la pauvreté ! Les choses se sont alors souillées assez rapidement. Cela ne veut pas dire forcément que les gens et leurs vêtements n'étaient pas propres, mais quand on pense à quel point les rues devaient être sales et infestées de vermines, on ne peut qu’être un poil déçu par cette saison 5 de la série canadienne dont l'ambition s'est peut-être opposée aux limites de son budget !

Si on ajoute à cela que les meurtres se font plus rares et ne paraissent plus aussi trash que les saisons précédentes ou plutôt que certains ont été tournés en hors-champ, on ne peut qu’être encore une fois chagriné par Slasher (saison 5) : Ripper qui nous donne la légère impression d’avoir plus misé sur les costumes et les décors que sur le reste ! Alors certes, une victime sera traînée à mort derrière un cheval, une autre assistera impuissante au découpage de ses quatre membres, une autre encore se verra asséner des coups de masse dont un ressemblant à celui devenu légendaire du film "Misery", tandis que l’on en apercevra d’autres subir mutilations et éviscérations diverses, mais on restera tout de même sur notre faim, si on compare avec ce que l’on a eu lors des quatre saisons précédentes !

Côté distribution, on aura plaisir à retrouver des acteurs étant déjà apparus dans la franchise, comme : Paula Brancati, Sabrina Grdevich (toutes deux géniales dans le rôle des sœurs Botticelli), Jefferson Brown, Patrice Goodman, Salvatore Antonio (méconnaissable en Salomé), Steve Byers, Joanne Vanicola, Gabriel Darku (peut-être le seul interprète peu crédible quant au look qu’il arbore et par rapport à son jeu d’acteur limité) et Christopher Jacot, ainsi que les nouveaux venus Eric McCormack (superbe en Basil Garvey et vu dans…« Will and Grace » !), Thom Allison (l’énigmatique Georges Rondeau), Clare McConnell ou encore Sadie Laflamme-Snow, tous très performants, il faut le dire. Mais « avoir trop de personnages tue le personnage » et on commence à se lasser de ces meurtres perpétrés sur une galerie de protagonistes quasiment tous haïssables, ce que Slasher propose à tous les coups en plus d’une sempiternelle sous-intrigue entre deux personnages gays n'apportant rien de bien consistant au récit !

Vous l’aurez compris à la lecture de cette chronique : la série Slasher est à son meilleur quand le rythme est rapide, et malgré l’intention louable mais ambitieuse d’avoir voulu rendre hommage à une époque inspirée de celle de Jack l'Éventreur, cette cinquième saison est par trop inégale côté rythme car après une introduction avec un meurtre brutal et la présentation d’une litanie de personnages aux multiples vices, elle se perd dans des scènes inutiles, répétitives avec des assassinats moins graphiques qu’à l’accoutumée et des décors finalement limités, un peu comme la série en général qui commence à trop tirer sur la corde en se reposant sur ses acquis et qui perd donc en qualité !

Slasher (saison 5) : Ripper | Slasher: Ripper | 2023
Slasher (saison 5) : Ripper | Slasher: Ripper | 2023
Slasher (saison 5) : Ripper | Slasher: Ripper | 2023
Bande-annonce
Note
2
Average: 2 (1 vote)
Vincent Duménil