Creepshow III

Creepshow 3

Fermez les portes, baissez les rideaux, éteignez toutes les lumières et savourez une nouvelle succession de sketches macabres et comiques, dans la pure tradition des Comics horrifiques des 50's. Au programme : réalités alternatives, femme serial-killer, vampires affamés, transistor très (trop) loquace, anatomie d'une femme parfaite (ou presque) et hot-dogs pas très catholiques, rien que ça !

Creepshow III | Creepshow 3 | 2006

L'AVIS :

Sorti en 1982, "Creepshow", écrit par Stephen King, réalisé par George A. Romero et avec Tom Savini aux effets spéciaux (on pouvait tout de même faire difficilement mieux à l’époque !), faisait référence aux EC Comics, les BD horrifiques datant des années 50 contenant souvent de l'humour noir et surtout, des fins moralisatrices fort appréciables. "Creepshow 2" suivait son aîné cinq ans plus tard. Il était un peu plus faible certes, sans être pourtant trop mauvais, mais on y retrouvait au moins l'esprit des EC Comics d’antan. Qu’en est-il toutefois du troisième opus de la franchise plutôt méconnu par les uns, voire complétement ignoré par les autres dont il n’existe même pas de DVD trouvable dans le commerce en Europe ? Est-ce bon signe ?

Ainsi, Creepshow III débute par une introduction façon bande dessinée très laide et ne rendant pas du tout honneur aux comics d’origine. Et le film de continuer ainsi avec cinq histoires ordinaires et reliées toutes entre elles par des lieux ainsi que par certains protagonistes.

On commence alors cette anthologie avec « Alice », récit dans lequel on fait la connaissance d’Alice (comme c’est original !), une adolescente de banlieue chic agaçante n'aimant pas le quartier où elle habite. Lorsque son père utilise une télécommande universelle développée par un certain Professeur Dayton, elle se déplace vers d'autres dimensions avec d'autres familles et à son retour, son corps subit à chaque fois des transformations physiques. Seront-elles irréversibles ?

Dans ce segment introductif, si l’idée de voir une adolescente désagréable et pendue à son téléphone se dégottant une télécommande qui fera changer d'apparence sa famille et impactera son évolution était sympa sur le papier, son traitement à l’écran l’est beaucoup moins ! C’est finalement banal, le score est bruyant et inaudible, les effets spéciaux ne sont pas géniaux et surtout, certains acteurs cabotinent outrancièrement, ce qui fait qu’un film omnibus a rarement aussi mal débuté, même s’il est rattrapé par sa fin, certes attendue, mais relativement originale. Allez courage, il reste quatre segments !

On visionnera ensuite « The radio » (« La radio »), dans lequel Jerry, un agent de sécurité, achète une radio fabriquée par le Professeur Dayton (encore lui !) à un vendeur à la sauvette sévissant dans la rue. Le transistor parle avec une voix féminine langoureuse et lui donne des instructions pour devenir plus riche. Toutefois, cela devra forcément passer par de petits sacrifices…

Ce second sketch est plus réussi, enfin pour être tout à fait honnête, il est juste moyen avec cette histoire d'un type un peu loser sur les bords dont la radio jalouse et possessive a pris le pouvoir sur lui en le persuadant de commettre des crimes. Les personnages évoluent dans un quartier mal famé, véritable ghetto avec son proxénète et ses prostituées, mais pas de quoi y voir là une fine critique de l'Amérique, de ses bas-fonds et autres secteurs délaissés, n’exagérons pas !

Suivra « Call girl » avec Rachel, une prostituée de luxe et accessoirement tueuse en série. Lorsqu'elle est embauchée par l'étrange Victor, elle le tue en faisant l'amour, mais plus tard, découvrira la vérité sur ce bien curieux adolescent…

Même s’il n’était pas sensuel pour deux sous malgré son contexte, ce sketch est le meilleur de Creepshow III avec une fin des plus sympathiques mettant en scène l’expression de « l’arroseur arrosé » et des maquillages grandguignolesques rappelant les plus belles heures de "Vampire vous avez dit vampire ?", mais on attend tout de même plus !

C’est ensuite à « The professor’s wife » (« La femme du professeur ») de prendre place, segment narrant les déboires de deux étudiants (rencontrés dans le voisinage où a exercé la call-girl du précédent sketch) qui suspectent que la femme de leur professeur (le fameux Dayton !) habituellement adepte de grosses farces, est un robot. Les deux ingénieurs vont donc essayer de démonter la fiancée supposée factice de leur ancien professeur farfelu dans l’espoir d’y déceler un mécanisme.

Voilà l’exemple typique du court-métrage qui n’apporte rien à un film d’horreur omnibus si ce n’est de le saborder ! Le pire est qu’il se veut humoristique et tente même de nous décrocher un sourire mais il est plus ridicule que drôle ! Bref, à oublier d’urgence !

On conclura cette anthologie avec « Haunted dog » (« Chien hanté » ou parfois traduit par « Le fantôme du hot dog » !) pour y voir le Dr Farwell, un médecin assez cruel et infect condamné à des consultations d’intérêt général, qui travaille dans une clinique gratuite d’un quartier pauvre. Lorsqu'il fait tomber accidentellement un hot-dog sur le trottoir, il donne le sandwich sale à un mendiant sans-abri qui meurt immédiatement. Notre courageux médecin prendra donc la fuite sans demander son reste et continuera à se gaver de cachetons volés à la clinique tout en rédigeant des ordonnances à foison et à participer à des soirées (dont une que l’on a déjà vue semble-t-il dans un précédent segment…). Il est d’ailleurs très connu dans ces fêtes puisqu’il y distribue des pilules à gogo. Mais un beau jour, le SDF revient le hanter…

Même si ce cinquième et dernier segment exploite enfin un potentiel script d'EC Comics et utilise la fameuse formule de vengeance inchangée depuis les années 50, le scénario est trop bancal et les incrustations du fantôme, ainsi que la fin sont tellement pathétiques, qu’on aura tôt de fait de tout oublier et de retourner visionner des valeurs sûres comme "Amusement" ou encore "Trick r treat" !

Nanti d’effets spéciaux semblant antédiluviens, d’une bande-son inepte pas mémorable pour deux sous, d’interprètes peu charismatiques ou cabotinant trop et surtout, de scripts pâlichons, ce troisième opus de la franchise assez méconnu ne risque pas, pour toutes les raisons susnommées, de devenir culte un jour et c’est bien mieux ainsi ! Car même l’idée d’éviter les transitions entre les sketches en revenant sous un autre angle à une scène antérieure par le biais des personnages est mal traitée tellement il est pénible de revoir certains acteurs au jeu calamiteux (cf. celui interprétant le Professeur Dayton) ! De plus, une fin ridicule et l’absence grandement dommageable du « Gardien de la crypte » aka « The Creeper » faisant tout le sel de la saga inspirée des EC Comics, finissent d’achever une entreprise qui aurait mieux fait de ne pas voir le jour car même la série Creepshow pourtant bien inégale s'en sort beaucoup mieux, c’est dire !

Creepshow III | Creepshow 3 | 2006
Creepshow III | Creepshow 3 | 2006
Creepshow III | Creepshow 3 | 2006
Bande-annonce
Note
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Vincent Duménil